2 - Evie

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Angela relie son téléphone à l'enceinte portable du studio, un fond de musique actuel emplit à présent la pièce. J'aide ma colocataire à mettre en place deux paravents devant le coin nuit, sans broncher, sans comprendre cette action. Elle me lorgne et finit par esquisser un sourire.

- Je déteste qu'on voit mon intimité. Tiens, tu peux attraper des bols et des verres et les disposer sur la table basse. Ils ne vont plus tarder, Il est presque vingt-deux heures.

D'un mouvement de tête j'acquiesce et me dirige vers la petite cuisine. Sur la pointe des pieds, j'essaie en vain de venir à bout de la distance qui sépare mes doigts de la vaisselle.

- Je crois que je vais devoir acheter un marchepied.

Un rire nerveux m'échappe. Pourquoi les personnes qui aménage les logements ne peuvent pas s'imaginer que tous les étudiants ne mesure pas forcément un mètre soixante-dix ? Dans la logique, il est plus facile de se faire petit plutôt que de se grandir, il serait donc plus intelligent de les installer moins haut. Ma petite taille a toujours été un réel problème, non seulement pour atteindre les objets rangés en hauteur, mais aussi pour ma garde robe, tout est toujours trop grand. Il y a aussi cette phrase que tout le monde se sent obligé de prononcer quand je mentionne ce défaut ; Tout ce qui est petit est mignon. Je ne suis pas mignonne, et ce n'est pas grâce à mon mètre cinquante trois que je vais le devenir.

- Désolé mais tu peux m'aider s'il te plaît, je suis vraiment trop petite.

Elle me rejoint, moqueuse, et pourvu d'au moins dix centimètres de plus que moi, chope sans mal le nécessaire.

Alors que nous nous appliquons à tout positionner sur la table basse, le bruit de la sonnette nous fait sursauter.
Ses amis appuient dessus sans lever le doigt et tambourinent sur la porte en même temps. Ça m'annonce déjà quel genre de personne elle fréquente, des personnes qui ont le sens de l'humour. Ou pas. Un âge mental peu élevé peut-être ? J'aurais dû la questionner sur leurs habitudes et personnalités dans la voiture, au lieu de me renfermer dans mes pensées suite à un nouveau message toujours émis par le même expéditeur.

- Les voilà ! Il n'y a qu'eux pour arriver et faire un boucan pareil. Ne t'en fais pas, ce sont des enfants taquins mais il ne sont pas méchants.

Je pouffe de rire devant son enthousiasme et me rends soudainement compte que je ne suis ni maquillée, ni habillée, ni coiffée. Je n'ignore pas le fait que la première image que l'on renvoie détermine les avis que les gens auront de nous et m'empresse donc de rejoindre la salle de bain en chopant au passage un vêtement présentable. Devant le miroir, j'attache mes cheveux en chignon et laisse quelques mèches ondulées retomber de part et d'autre de mon visage. J'étale ma crème teintée, un peu de mascara et j'enfile mon pull bordeau qui m'arrive à mi-cuisses. Je me regarde quelques secondes avant de descendre un peu la fermeture éclair de mon décolleté, et de la remonter.

Reste toi-même. Pas besoin de changer tes habitudes. Tu ne sais pas à qui tu as à faire.

J'inspire profondément avant de sortir de ma cachette.
Le studio est plus peuplé que ce à quoi je m'attendais. J'avance timidement, avec l'impression de ne pas être à ma place. Eux se connaissent tous, et ma présence est égale à celle d'un esprit vagabondant à cet instant. Angie affiche un énorme sourire en m'apercevant puis fait passer sa voix à travers le brouhaha.

- Ah t'es là ! Je ne t'ai même pas vu partir... Tu es superbe !

De façon à ce qu'elle ai l'attention de tout le monde, elle s'adresse à ses amis plus fort.

- Les gars, je vous présente ma nouvelle coloc' ! C'est ... Tiens, d'ailleurs comment tu t'appelles ?

- Evie. Je m'appelle Evie.

Éclat des Cœurs - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant