One Day at a Time / Minsung

Chapitre 12

Un coup retentit contre la porte d'entrée. Jisung attendait sur le palier la tête baissée, le temps que quelqu'un vienne lui ouvrir. Une femme d'âge mûr tomba nez à nez avec lui et ouvrit grand les yeux face à cette visite inattendue. En effet, le noiraud n'avait pas prévenu sa mère qu'il rentrait quelques temps, aussi étonnant que ça pouvait paraître, il n'y avait pas pensé. Elle le prit dans ses bras, évidemment contente de le voir mais elle lui demanda ce qu'il faisait ici, la fraîche nuit tombée. Son fils lui raconta que l'agence lui avait autorisé un peu de vacances, à lui et quelques autres stagiaires pour leurs bons résultats aux évaluations mensuelles. C'était faux bien sûr, du moins à moitié. Quelque part, l'agence lui avait dit de rentrer pour se reprendre, se reposer, il se considérait donc un peu en vacances non ? Même s'il aurait préféré les passer ailleurs mais c'est une autre histoire. Si le jeune homme lui avait dit la vérité, elle se serait inquiétée, aurait posé des questions et il n'avait ni l'envie ni la force d'expliquer quoi que ce soit.

Sa mère se contenta de ses réponses et l'accueillit le sourire aux lèvres. Ça faisait du bien à Jisung de la revoir. Il adorait sa maman. Il ne sut pas pourquoi, mais au moment de passer la porte, un vieux souvenir ressurgit brusquement de sa mémoire.

Il devait avoir 5 ou 6 ans et il était revenu chez lui en pleurs parce qu'il s'était fait mal en jouant dehors. Celle qui veillait sur lui l'avait alors consolé sur ses genoux, caressant doucement son dos entre deux sanglots du plus jeune, alors que son père s'agaçait de le voir si pleurnichard selon lui. Elle avait pour habitude de lui préparer une tasse de lait chaud avec du miel en lui disant que la douceur de ce dernier allait soigner ses blessures et qu'il irait mieux. Pendant longtemps, il avait vraiment cru que c'était le remède à tous ses maux, parce que sa mère le lui avait dit.

Alors à chaque fois que Jisung avait mal quelque part, il avait gardé ce réflexe de se préparer cette petite boisson si réconfortante qui le ramenait en enfance. Ce souvenir le fit sourire doucement tandis qu'il déposait ses affaires dans le salon, respirant l'air du foyer familial.

- Tu veux que je te prépare quelque chose à manger, mon chéri ? demanda sa mère, d'un ton bienveillant.

- Je veux bien une tasse de lait avec du miel s'il te plait.

- C'est pas toi qui m'as dit que t'étais plus un gosse juste avant de partir de la maison ? rit-elle en se dirigeant vers la cuisine

- J'ai tout le temps de grandir finalement, répondit-il d'un sourire gêné.

Le brun était parti prendre une douche et mettre une tenue plus confortable pendant ce temps là. Il était revenu dans sa chambre qui n'avait pas changé. En somme, il n'était pas parti très longtemps en y réfléchissant. Il regardait les objets intacts posés sur son bureau, la carte du ciel qu'il avait fabriquée en primaire, ses figurines de ses dessins animés préférés, quelques bouquins qu'il avait récemment lus. Finalement, il avait 18 ans mais sa chambre ressemblait davantage à celle d'un enfant. Pas forcément en apparence, mais les détails criaient que Jisung n'avait pas terminé de grandir, si on y prêtait attention. Encore un petit garçon, qui changeait trop vite physiquement et qui n'avait pas le temps de s'adapter à tous les bouleversements que ça entraînait. 

Il descendit dans la salle de séjour et vit la tasse fumante sur la table, en face de la personne qu'il aimait le plus au monde. Par le temps froid qui commençait à s'installer, c'était la sensation parfaite dont il avait besoin. Jisung s'assit, prit le récipient entre les manches de son sweat pour ne pas se brûler et le porta à ses lèvres après avoir soufflé. Le goût sucré du miel dans sa gorge l'apaisa instantanément. Son effet marchait toujours, c'était fou. La mère de Jisung profita de ce moment pour s'intéresser au parcours de son fils pendant le début de cette nouvelle année. Celui-ci lui raconta tout ce qu'elle voulait savoir en omettant volontairement les quelques événements compromettants. Il évoqua Minho malgré tout, en disant qu'il était content d'avoir fait sa connaissance et puis, il s'agissait quand même de son colocataire au dortoir. Il raconta aussi sa rencontre avec ses autres nouveaux amis avec qui il avait construit des liens qui lui tenaient à cœur.