𝙏𝙧𝙤𝙞𝙨 𝙫𝙚𝙧𝙧𝙚𝙨 𝙙𝙖𝙣𝙨 𝙡𝙚 𝙨𝙖𝙣𝙜

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𝟷𝟷 𝔣𝔢́𝔳𝔯𝔦𝔢𝔯 𝟸𝟶𝟸𝟸

- écrit il y a quelques mois





On m'a toujours dit qu'en grandissant, mes peurs s'en iraient. Que je n'avais qu'à faire semblant de ne pas les voir pour qu'elles se dissipent et disparaissent. Cette promesse qu'on m'avait faite me semblait si belle que j'ai eu envie d'y croire. Alors, j'y ai cru.

Et enfouir mes angoisses là où personne ne pourrait jamais les trouver, c'est ce que j'ai fait.

À force de me répéter mentalement que mes peurs étaient insignifiantes, j'ai fini par y croire moi-même. Faire semblant d'avoir confiance en soi, c'est tellement facile lorsqu'on est convaincu que c'est la vérité, que plus rien ne nous effraye.

C'est comme jouer le rôle principal dans une pièce de théâtre, à la différence que tout se passe dans la vrai vie, et que rien n'est aussi rose que dans les livres.

Et puis, je n'étais pas la seule à croire mes mensonges. Eux aussi y ont cru. Tous pensaient que rien ni personne ne pouvait m'atteindre, que ce soit par les mots ou par les gestes. Et moi, j'aimais bien l'image que je renvoyais. Celle qu'ils avaient tous de moi.

Je ne voulais pas être encore prise pour un être fragile, que tous peuvent piétiner à leur guise lorsque cela leur chante. Je l'avais déjà vécu une fois, et c'était déjà la fois de trop.

Je m'étais promis de ne plus jamais me retrouver dans pareille situation. Et mes promesses, je le tiens toujours.

Alors, inconsciemment peut-être, j'ai appris à agir comme la personne qu'à l'effigie de l'idée qu'ils se faisaient de moi. J'ai décidé de ne plus jamais dévoiler ni mes faiblesses, ni la façon de les atteindre, parce qu'il n'y a rien de plus dissuasif qu'une personne que rien n'effraye.

Et puis, il y a eu cette foutue soirée à la con, avec ces putains de verres que je n'ai su refuser. Et laisser mon esprit aux mains de l'alcool, ça m'a fait réaliser d'à quel point tout ça, c'était des putains de conneries.

Bordel.

C'est plutôt ironique de ce dire que c'est ces quelques malheureux verres qui ont réussi à faire voler en éclats plusieurs années de travail sur moi-même.

Qu'en quelques instants, l'éthanol m'a fait perdre ce contrôle absolu que j'avais sur mes émotions, et que toutes les peurs que je refoulais au fond de moi sont brusquement réapparues.

Ce que les gens pensent de moi m'importe bien plus que je ne veux bien l'admettre, et j'ai constamment peur de décevoir les gens qui me sont chers. L'idée d'être un poids dans leur vie me terrifie. Et ce qui me terrifie d'autant plus, c'est de me dire qu'ils souffrent peut-être tout autant que moi, et que moi, je ne peux rien y faire.

J'suis là, complètement bourrée, à remettre ces dernières années de ma vie en question. Je me sens comme un putain d'imposteur, bordel.

Quelle désillusion.

J'tombe de haut, et ça me fait vraiment mal. Bien plus mal que la foutue migraine que va me laisser l'ivresse au petit matin.

Mais, est-ce que demain, je parviendrais à recoller les morceaux de mon masque ? Ou alors est-ce que cette chute l'a trop brisé pour qu'il ne soit réparé ?

Qu'est-ce que je vais faire si je ne retrouve plus jamais l'ancienne moi ? Sans elle, je ne suis rien. L'ancienne moi ne tiendrait pas un jour dans ce corps, dans cette vie.

Et si à cause de trois verres dans le sang, je venais de signer ma fin?

A l'encre de mes larmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant