La soirée d'hier était géniale, je me suis défoulée pendant plusieurs heures sur ces sacs qui n'avaient strictement rien demandé et c'était magique. J'ai demandé à Jacob si on pourrait y retourner et il m'a promis que oui. J'ai déjà hâte.
Je pensais que ma joie ne pourrait être interrompue par aucune chose aujourd'hui mais lorsque j'arrive à l'école, j'ai une impression étrange. Un silence pesant règne autour de moi. Je m'approche du panneau d'informations et m'aperçois que c'est aujourd'hui qu'aura lieu la cérémonie en l'honneur de Cam'. Ma joie disparaît très vite et mon sourire s'efface. Je rabats ma capuche sur ma tête et avance, les yeux rivés vers le sol. Je n'ai pas envie que l'on vienne encore me poser des questions ou je ne sais quoi d'autre.
Je ne sais même pas pourquoi ils s'obstinent à vouloir faire toute une cérémonie alors que pratiquement personne ne la connaissait.
Je me dirige vers mon premier cours et tout de suite, notre professeur nous invite à le suivre en dehors de la classe. Ça va commencer. Nous arrivons très vite dans la cour et certains élèves bronchent à cause du froid matinal. Ces gens n'ont donc aucun respect.
En face de nous se trouve une petite scène sur laquelle monte le directeur suivi par quelques professeurs.
Et c'est à ce moment que la fameuse "cérémonie" démarre.
- Chers élèves, commence le directeur de son sérieux habituel, très récemment, nous avons, à notre plus grand regret appris le décès d'une de nos élèves. En effet, Camille Fezio s'en est allée rejoindre l'au-delà. Cette jeune femme au tempérament de feu nous manque à tous. Certains ne la connaissaient pas, d'autres voyaient qui elle était, pour d'autres encore elle était une connaissances et enfin pour les plus chanceux, elle était une véritable amie, je pense notamment à Jim et Ethan mais surtout à Mademoiselle Délia pour qui cette nouvelle a dû être très difficile à avaler. Le sentiment de perdre un être cher ne peut être comparé à rien d'autre et je pense que tout le monde ici a été un jour où l'autre confronté à cela. C'est pourquoi j'aimerai qu'aujourd'hui, notre école soit plus solidaire que jamais. Peut-être que pour vous qui ne la connaissiez pas, vous vous ennuyez d'être ici dans le froid ou que sais-je mais s'il-vous-plait, pour une fois dans votre vie arrêtez d'être égoïstes et pensez un peu aux autres.
Le silence le plus total règne dans la cour. Et tandis que mes amis me rejoignent, le directeur reprend :
- Madame Pénélope, dont je ne divulguerai pas le nom de famille, nous fait l'honneur d'être également présente en ce jour particulier, et avec l'ensemble des professeurs de cet établissement, nous avons décidé de rendre hommage comme il se doit à cette chère Camille.
Je lève les yeux et aperçois effectivement Pénélope, elle me voit aussi et me sourit faiblement, je lui souris en retour et décide de me rendre à ses côtés.
Discrètement, je la rejoins, les jambes tremblantes et mes larmes menaçant de couler à n'importe quel moment. Je sers les paupières le plus fort que je peux pour éviter à tout prix qu'elles ne s'échappent de leur prison.
Le vent souffle dans les arbres faisant virevolter quelques feuilles mortes et laissant les autres s'échapper de leur branches, le ciel se couvre de nuages, seul un infime endroit de cet infini est dépourvu de nuage, laissant passer un filet de lumière très léger venant éclairer l'endroit où se trouve la photo de Cam'.
- Elle est avec nous, me dit alors Pénélope ayant suivi mon regard, elle est juste là au-dessus de nous.
Elle émet un léger sanglot.
- Elle nous souffle d'être fortes Délia, je le sens. Tu l'entends ?
J'acquiesce sans rien dire, ses mots ont fait céder les barrières qui retenaient mes larmes et je pleure. Elle me prend dans ses bras et j'y camoufle ma tête, mon corps est secoué par mes sanglots et elle pleure à son tour.
- Pour finir , j'aimerai citer cette phrase de Jean d'Ormesson qui dit : "Il y a qqch de plus fort que la mort, c'est la présence des absents dans la mémoire des vivants."
Cette phrase résonne en moi. C'est tellement vrai...
Le directeur a fini son discours et je vois alors avec étonnement, des centaines de ballons s'élever vers ce ciel blanc, attiré par l'appel de lumière et cette vision me réchauffe autant qu'elle me brise. Cam' est présente ce matin avec nous, j'en suis comblée mais me dire qu'elle est présente là-haut ne me suffit pas, j'ai besoin d'elle à mes côtés, j'ai besoin de la voir, de l'entendre, de rire avec elle, j'ai besoin qu'elle soit là mais c'est impossible...
Mes sanglots redoublent d'intensité et je m'écarte discrètement. Je n'arrive pas à me calmer, le fait qu'elle n'est plus là résonne sans cesse dans ma tête, je me prends les cheveux et m'accroupis à l'abri des regards, ce n'est pas possible. Putain, je ne veux pas y croire, je ne peux pas me dire que c'est vrai, tout le monde ne cesse de me dire que la vie continue et qu'elle est là-haut à mes côtés mais bordel ils ne comprennent pas que ça ne me suffit pas qu'elle soit juste là-haut.
Sasha arrive à mes côtés et se met à ma hauteur pour m'enlacer.
Et d'un murmure tremblant je lui souffle comme un aveu :
- Elle me manque tellement.
Ma voix se casse à la fin de ma phrase et mes sanglots se font de plus en plus rapides, je ne peux pas l'accepter. Je ... Putain...
- Chut, ça va aller, ma chérie, je connais ta douleur, ça va aller...
Non, ça ne va pas aller, ça ne va plus aller puisqu'elle n'est plus là, putain, j'en suis consciente et en même temps, je n'arrive pas à y croire tellement ça me semble improbable et cruel. On m'a enlevé la seule personne qui comptait vraiment dans ma vie. Je ne veux pas lui dire au revoir, je...
Je n'ai plus aucune force, mes larmes me prenant toute mon énergie et mon cerveau étant envahi par des milliers de souvenirs.
Sasha me relève la tête.
- Regarde moi, ma poule, ça va aller d'accord, je te le promets, moi, je serai toujours là, Ethan et Jim aussi, même Noah, tu peux compter sur nous, je sais à quel point c'est dur et surtout combien aucun mot ne peut te réparer mais crois-moi, je ne t'abandonnerai pas.
J'acquiesce légèrement.
- Allez essuie moi ces larmes de crocodiles. M'ordonne-t-elle en m'aidant à me relever.
On s'avance ensemble dans la cour alors que tous les élèves ont les yeux rivés vers les cieux. Les ballons s'envolent toujours sans s'arrêter et c'est magnifique.
J'espère qu'ils ont raison et qu'elle est là pour voir ce spectacle incroyable qui lui est destiné, à elle, et rien qu'à elle.
Je vois certaines personnes pleurer dont quelques professeurs. Jim et Ethan ont les yeux rougis bien qu'ils fassent comme s'ils ne pleuraient pas alors je les rejoins et les câline à mon tour. Nous restons bien dix minutes ainsi, sans bouger, à trois, nous serrant très fort comme pour nous faire la promesse de ne pas nous laisser tomber. Leurs parfums me rappellent toutes ces fois où nous étions à quatre et à nouveau, je ressens ce manque, ce trou qui ne pourra jamais être à nouveau rempli.
Jim ressert son étreinte et Ethan renifle discrètement. Lorsque je relève la tête, cette fois, leurs larmes sont bien présentes. Et je les sèche aussi vite que possible en leur souriant et en me tournant pour observer à nouveau le ciel. Ils se mettent tous les deux à mes côtés en passant leur bras autour de mes épaules.
Et, tout bas, j'ose souffler un inaudible je t'aime à ma Cam'.
VOUS LISEZ
L'écho de mes larmes
Roman d'amourMoi qui croyais que mon cœur ne pouvait pas être encore plus brisé après cela, je m'étais bien trompée car lorsque la vérité finit par éclater ce n'est pas seulement mon cœur qu'elle brisa mais ma vie, ma vie entière... "Je me sentais enfin revivr...