Nous étions dehors, je n'arrivais pas à y croire, mais je n'avais aussi pas le choix.
"Entre", me dit-elle avec son grand sourire habituel, tout en m'ouvrant la porte.
Rentré, je pû constater multiples choses. Premièrement, toutes les tables étaient rangés, toutes, à part une, comptant trois chaises.
Il y avait aussi une bannière accrochée de bout en bout de la salle, que je n'avais jamais remarqué auparavant. Une bannière d'un vert foncé, qui ressortait bien avec la déco verte du bar, et le bois dont il était principalement fait.
Mais il y avait aussi, une personne de dos : le patron du bar.
J'étais là à l'entrée, Sann s'était placé de façon perpendiculaire, comme si elle était le médiateur de cette rencontre.
Le patron, toujours de dos, était en train d'essuyer un verre, leva la tête vers le haut, avant de le reposer.
Il se tourna lentement vers moi, et me porta un regard, mais un regard, que je ne pouvais déchiffrer.
Il ne semblait, ni avoir un regard furieux, ni un regard de joie : aucune émotions ne se laissaient transparaître.
Il commença à s'avancer lentement vers moi, tout en maintenant un pas lourd, à chacun de ses pas.
L'ambiance était pesante, tandis que le patron se rapprochait de plus en plus de moi, j'étais confus dans ma tête. Je ne savais si je devais avoir peur, ou être serein, mais une chose était sûr : je n'étais pas bien.
Bien que je n'étais pas petit, il était grand, avec au moins plus d'une tête de plus que moi. Il était en pantalon, avec un tee-shirt, et son tablier vert. Il avait des cheveux bruns, ni trop long, ni trop court, une belle moustache bien poilue, pas de barbe, et, des sourcils si gros, qu'on pouvait difficilement distinguer ses yeux aplatis.
Il avait aussi ce regard lourd, chaque secondes qui passaient, paraissaient êtres des heures, remplis sous la pression.
Une fois arrivé devant moi, il y avait à peu près 1 mètre d'écart, entre lui et moi. Sann était sur le côté, entre nous deux.
Je la regarda un instant, et elle me fît un léger sourire forcé.
Mais tout d'un coup, le patron posa sa grosse main poilue sur mon épaule.
J'eu mal à cet instant. Il était imposant, trop imposant, j'étais terrifié, mais je faisais tout ce qui était possible pour ne rien en laisser paraître. Pourtant, je n'osais pas le regarder droit dans les yeux.
J'entendis un bruit semblant sortir de la bouche du patron. Nerveux, je leva lentement la tête pour le regarder. Le bruit s'intensifia, ses lèvres bougeaient, ce bruit, devenant de plus en plus distinct, se transforma... en rire.
Le patron éclata de rire, si bien que j'eu encore plus peur qu'auparavant.
Toujours la main sur l'épaule, il ria si fort qu'il commençait à tomber en arrière, il rit, il rit, et encore rit.
Je me tourna vers Sann :
-"Tu l'excuseras, il adore faire ça aux gens" me dit-elle gênée, mais toujours partiellement souriante.
J'eu un instant de soulagement. Le patron riait toujours, d'un rire lourd et grave, tellement que cela devenait gênant, gênant pour lui. Il riait à sa propre blague, mais si fort, que cela devenait amusant.
"Amusant", cela faisait longtemps que je n'avais jamais ressentit cette émotion. Cette émotion me permettait de me ressentir apaisé, soulagé. J'apprécia ce bref instant, où tout ce qui était dans ma tête, s'envolait.
Le patron se repris :
-"Bon... Moi c'est Thibault, et toi t'es qui du coup ?"
-"Paul" répondit-je légèrement nerveux.
Il me regarda un instant, puis m'invita :
-"Allons nous asseoir là-bas."
Je m'assis, Sann fît de même, le patron fît un petit détour pour nous ramener à boire, puis s'assît.
...Il y eu un gros blanc.
Je regarda Sann, qui buvait son verre, ne semblant prêter attention à la situation, et le patron, qui avait lui aussi son verre dans la main, mais ne faisais que le regarder.
Je n'osais toucher au mien, la situation devenait de plus en plus pesante, j'étais une nouvelle fois, nerveux.
Le temps passa, pendant bien 5 minutes, où il n'y avait pas eu un bruit, pas un mot. Je ne savais ce qu'il se passait.
Au bout de ce que je dirais 8 minutes. Je me lança :
"Merci pour le verre !"...
... De nouveau un gros blanc.
Je me sentais tellement honteux, j'avais lancé ça sans aucuns contexte, je ne l'avais même pas touché.
Ils me regardaient. Je pouvais le voir clairement leurs expressions, ils étaient perplexe, choqués, confus... et dépassés... oui c'était le cas de le dire. Tellement dépassés qu'on pourrait voir la goutte de sueur sur le côté, ils me prenaient clairement pour une cause perdue...
Gêné, je savais qu'ils avaient raisons de penser ainsi de moi, je n'en revenais moi-même pas de ce que j'avais dit.
-"Bon...." commença le patron.
"C'est clairement pas ce à quoi je m'attendais, mais tu as passé le test au moins..."
-"Le test ?" Dis-je surpris
-"Oui, le test qu'on fait à toutes les personnes voulant travailler ici".
"Tu es le premier à le passer, il y avait des autres prétendants... mais soit ils se ont décampés à la première minute, soit au bout d'une heure. On a imposé une limite d'une demie-heure après ça devenait gênant pour eux et pour nous" dit-il d'une voix comique.
-"Le premier test étant de ne pas tomber dans les pommes lorsque Thibault mettait sa main sur vôtre épaule" continua Sann, gênée, tout en gardant un sourire forcé.
-"Oui", repris le patron
"Tu ne peux pas travailler dans un bar, si tu ne peux engager une conversation avec tes clients. Bon, tu t'es vraiment foiré mais au moins tu as parlé."
Le patron m'invita à me lever et à le suivre. Une fois devant la porte, on se rendit dehors.
-"À partir de demain, de 7h à 9h, et de 18h à 22h" me dit-il tout en refermant la porte.
Essayant de capter son attention je lui dit :
-"Mais demain matin, je ne peux pas !"
-"Débrouilles-toi" me dit-il tout en partant de dos, avec son gros rire bien à lui.
Je soupira un instant.
Demain, allait être pour moi, une grosse journée.
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La fin d'une autre vie
AdventurePaul, un jeune homme de 20 ans, a une vie malheureuse et silencieuse, jusqu'à ce qu'il fasse la rencontre de Sann, il se lance ensuite à la découverte de son passé, qu'il pensait juste "tragique"...