Chapitre 10

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Le lundi de la seconde semaine de vacances, l'enseignante se préparait pour aller au parc lorsqu'on sonna à sa porte. Elle n'attendait pas de visite et fut déçue de devoir retarder son départ. Elle ouvrit et découvrit Anna sur le seuil.

— Salut, ma belle ! Comment vas-tu ? Rentre, je t'en prie.

— Salut. Ça va bien et toi ?

— Très bien, merci.

Son amie entra et Clémence l'invita à s'asseoir dans le canapé.

— Tu veux boire quelque chose ?

— Un verre d'eau, s'il te plait.

Clémence alla dans sa cuisine remplir un verre d'eau. Elle savait pertinemment la raison de la visite d'Anna et cela l'angoissa. Elle lui donna son verre puis s'assit à côté d'elle. La jeune femme à lunettes but une gorgée.

— Je suppose que tu sais pourquoi je suis là ?

— Evidemment. Mais je pensais plutôt que tu me téléphonerais.

— J'y ai pensé mais tu ne pourras pas te défiler si on se parle en face à face. Bon, tu m'expliques ou je dois deviner ?

Anna s'exprimait toujours avec franchise mais la professeure la connaissait suffisamment pour savoir que c'était sa façon à elle d'être bienveillante.

— Par quoi commencer...

— C'est si compliqué ?

— Oui et non...

Les mains de l'enseignante tremblaient. Son amie sembla le remarquer et sa voix s'adoucit.

— Il y a trois ans, un de tes élèves était amoureux de toi et t'avait offert des dessins. Ce sont des choses qui peuvent arriver. Tu avais même l'air d'être passée au-dessus de toute cette histoire. Ce que j'aimerais comprendre, c'est la raison pour laquelle tu as ressorti ces dessins.

— Il est dans une de mes classes, cette année.

— Et il a recommencé ?

— Non, pas du tout. Bien au contraire, il fait comme s'il ne s'était jamais rien passé. Il n'en a jamais parlé donc personne à l'école n'est au courant. Ses sentiments pour moi semblent avoir disparus.

— Je sens un "mais" quelque part...

Clémence se leva et tourna le dos à son amie.

— Mais, aujourd'hui, c'est moi qui ai des sentiments pour lui.

— Quoi ?!

Anna bondit du canapé et força la jeune femme à la regarder. Elle la tenait pas les épaules, face à elle.

— C'est pas vrai, Clémence ! Tu es sérieuse ?

— Je crois que je ne l'ai jamais autant été.

Elle commença à sangloter alors Anna la lâcha et s'assit sur la table basse.

— Je te jure, Anna, que j'ai lutté autant que j'ai pu. Je sais que je ne peux pas ressentir ça pour un de mes élèves. Je sais que je risque ma carrière et ma réputation. Je sais que tu me juges car je le ferais aussi à ta place. Je sais surtout que je ne peux rien faire pour ne plus l'aimer et que je souffre chaque seconde loin de lui. C'est pour ça que j'ai exposé ses dessins, pour me sentir proche de lui et je sais que c'est tout ce qu'il me restera de lui après le 30 juin.

Elle pleurait désormais à chaudes larmes. Anna la dévisagea puis vint l'enlacer. Clémence fut surprise mais elle la serra à son tour. Elles restèrent debout au milieu du salon dans les bras l'une de l'autre. Anna brisa le silence.

Les promesses du parcOù les histoires vivent. Découvrez maintenant