Chapitre 11

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Lorsque mai pointa le bout de son nez, les blessures de Jordan étaient complètement guéries. Clémence était soulagée qu'il ne garde aucune marque de cette altercation. Par téléphone, elle avait raconté à Anna sa rencontre avec Samuel et l'intervention de Jordan. Son amie lui avait fait remarquer que cet événement ressemblait à une scène de film mais aussi que peu d'élèves auraient pris un coup pour un professeur.

— Je pense que c'est quelqu'un de bien, avait-elle conclu.

Clémence estima qu'elle avait raison. Jordan était une bonne personne. Il était mature, gentil, posé, généreux et surtout courageux. Il avait fait une grave dépression et avait ensuite repris sa vie en main.

Il faisait beau en ce premier dimanche de mai. Depuis le début du printemps, il n'y avait eu que quelques jours de grisaille. Clémence n'ayant pas de projet pour la journée, elle décida donc qu'une balade au parc s'imposait. Elle y arriva rapidement et déambula sur les sentiers qui le zébraient. Les promeneurs étaient nombreux aujourd'hui. Elle finit par trouver un banc libre et s'y posa pour lire. Elle n'avait plus rencontré son élève dans cet endroit depuis qu'il avait été blessé. Elle en était triste mais elle se consolait la semaine quand elle donnait cours dans sa classe. Cela ne valait pas leurs conversations d'ici mais elle pouvait quand même le voir et lui parler. Il ne lui restait que deux mois avant la fin de l'année scolaire et plus l'échéance approchait, plus Clémence angoissait. Elle avait pris la décision de ne pas parler de ses sentiments à Jordan, même après le 30 juin. Elle ne voulait pas revivre la discussion d'il y a trois ans bien que c'était elle, cette fois-ci, qui était amoureuse. Elle devait s'habituer à son absence pour éviter de se sentir plus vide qu'elle ne l'était à chaque fois qu'elle ne le voyait pas. C'était exactement ce qu'il lui avait décrit : le frisson qui parcourt le corps en présence de l'ếtre aimé, le vide qui s'installe en son absence, le visage et la voix qui ne cessent de hanter les pensées. Cet amour paradoxal qui rend heureux et malheureux en même temps. Il avait tout compris à 15 ans et elle l'avait rejeté comme si elle en savait plus que lui. Elle avait mis 11 ans de plus que lui pour cerner parfaitement l'amour.

Un nuage cacha le soleil. Clémence interrompit sa lecture le temps qu'il passe pour retrouver la lumière. Elle leva les yeux au ciel et constata que ce nuage était assez grand alors elle ferma son livre. Elle resta sur le banc, ses yeux parcourant distraitement les alentours. Elle pensa à Jordan et sa voix résonna dans sa tête. Elle l'entendit rire et la saluer avec son "Bonjour, Madame Leduc". Un écho à son imagination la surprit derrière elle.

— Bonjour, Madame Leduc.

Il était là, avec un timing étonnant. Elle sourit et se retourna pour le voir.

— Bonjour, Jordan.

Elle le suivit du regard jusqu'à ce qu'il s'asseye à côté d'elle.

— Vous aviez l'air bien pensive.

— C'était le cas. Je pensais à ce qu'il s'était passé avec Samuel, mentit-elle. Ton œil a l'air bien remis.

— Oui, j'ai eu de la chance. Lorsque je suis rentré chez moi ce samedi-là, ma mère m'a emmené de force chez le médecin. Il m'a donné une pommade pour atténuer le bleu plus rapidement.

— Tes parents ont-ils cru à l'histoire du ballon ?

— Oui, heureusement. Pour le pansement, je leur ai dit que j'avais été demander de l'aide dans une pharmacie. Cependant, mon frère n'est pas convaincu par mon histoire. Il est venu chez nous le lendemain de l'accident. Ma mère lui a expliqué puis il s'est approché de moi en me demandant avec qui je m'étais battu... Quand je lui ai répété que c'était à cause d'un ballon, il m'a regardé avec un air dubitatif.

Les promesses du parcOù les histoires vivent. Découvrez maintenant