CHAPITRE 3 - perdere

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PERDERE

(perdre)

Ydir a perdu beaucoup d'argent au casino

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Ydir a perdu beaucoup d'argent au casino. Il ne compte même plus les sommes qu'il jette par pur plaisir. Il aime voir les piles de jetons sur le tapis, montrant qu'il peut se permette de tout perdre. Il est riche, il peut jeter autant d'argent qu'il ne le souhaite.

Perdre, il y est habitué.

Ydir a perdu son grand père, Giovanni, à l'âge de ses huits ans, il est décédé d'un cancer des poumons à cause d'une consommation excessive de cigares. Il était présent quand sa mère a fait une fausse couche par sa faute.

Il a perdu l'un de ses meilleurs amis, quand sa voiture s'est faite criblée de balles lors d'un violent assaut commis par un fils d'un traditore assassiné par son père, lors de la grande vendetta. Mais Ydir n'a pas autant perdu que son père, c'est une certitude.

Il n'a pas perdu son âme.

Ydir croit fermement que Dio guide ses pas tout comme sa mère. Il a survécu à sa naissance, comme un sursis accordé par Dieu qui peut le rattraper à chaque instant. Pourvu que son cœur tienne encore, préférant mourir criblé de balles sous l'assaut des fusils.

Il veut prouver qu'il n'est plus ce grand prématuré, qu'on a suivi durant toute son enfance, qu'on a transporté dans tout le pays, d'un hôpital à un autre. Il n'est plus ce gamin asthmatique à l'équilibre précaire dont les premiers pitoyables pas ont été fait à l'âge tardif de deux ans.

Il veut faire ses preuves.

C'est pour ça qu'il est venu, c'est ce qui le fait tenir chaque jour. Il veut être la gloire de sa mère et encore plus, l'honneur de son père.

Ydir pile devant la maison de Dario, il y a presque passé toute son enfance à jouer avec les fils de ce dernier. Il n'a même pas tiré le frein à main de les mafeiux ouvrent les portières avec précipitation.

L'étudiant attrape un simple pistolet dans la boîte à gant tandis que son oncle se dirige vers le coffre. Il en sort un pied de biche, le métal brillant luit sous le soleil hivernal. Ydir effectue une moue dubitative quand ils se dirigent vers la porte d'entrée. Un coup de la barre métallique sur la poignée suffit à ouvrir la porte. Ils s'engouffre simultanément à l'intérieur et son père ordonne d'une voix ferme  :

- Passe devant.

Ydir s'exécute et prend le devant de la fille indienne. Il connaît cette maison par cœur, il est presque né dans ce lieu. Rosalinda est la meilleure amie de la femme de Dario, il connaît ses fils depuis son enfance. C'était ses camarades de jeu et quand Ydir braque son pistolet, son cœur s'arrête presque.

- Lâche ton arme ! hurlent-ils simultanément.

Ydir ne se retourne pas mais il entend parfaitement les cliquetis métalliques des armes derrière lui, un coup d'œil à sa gauche assure au libyen que le parrain se tient à ses côtés suivis par ses deux bras droits.

Une porte s'ouvre devant eux, laissant apparaître Dario et son deuxième fils. Il tient une vieille carabine rouillée par temps, sûrement pris au dépourvu par l'arrivée des hommes face à lui.

- Cazzo di merda ! Anir ! hurle-t-il en brandissant sa carabine.

Ydir est sûre, que dans sa casa, qu'aucune arme ne se trouve dans un état si déplorable. C'est la grande différence entre les deux hommes se tenant face à face.

- T'as rien dit, encore hier, tu me serrais la main comme si rien ne s'était passé, crache Anir avec dégoût. Comme si t'avais pas buté ma sœur en sortant de cette putain de banque !

- Personne ne connaissait son existence, dit Dario comme si cela suffisait à justifier son acte.

Anir le fixe avec mépris. Ses prunelles luisent de monstruosité et personne ne bouge dans la pièce. Ydrir continue de braquer son arme sur son ami d'enfance, Juliano et Alejandro faisant de même sur le second fils de Dario.

- C'était un accident, souligne l'un de ses fils.

- Et alors gamin ? raille Anir. Quand tu buteras un homme et que ça sera un accident, tu regarderas sa famiglia et tu diras que c'était une erreur ?

Ydir déglutit difficilement, sachant pertinemment que l'erreur majoritaire de sa famiglia reste le meurtre de son grand-père.

- Je te connais depuis tes quinze ans, souffle Dario. Nos gamins ont grandi ensemble putain !

Seul un haussement d'épaules est donné comme réponse. Ydir observe la main tremblante du fils de Dario d'un regard suspect, heureusement pour sa fierté et celle de sa famiglia, sa main ne tremble pas tandis qu'il continue de braquer son flingue.

- Fallo ora !

La voix de Dario raisonne dans la pièce. Son visage est déformé par la colère alors qu'il effectue un pas en avant, décidément prêt à rentrer dans la provocation.

Tout se passe très vite. Ydir n'entend que les coups de feu qui fusent de toute part. Il n'ose pas bouger et les secondes semblent interminables. Il observe le mur en parpaings criblé de balles derrière ses lunettes dorées  recouvertes de gouttelettes de sang.

Ce n'est pas le sien.

Mais celui du corps venant de chuter devant lui, après qu'une balle vienne de traverser son abdomen, dans une effusion de sang. Les oreilles de l'étudiant bourdonnent, il ne distingue même pas les cris perçants de Juliano. Rien ne passe la barrière épaisse de ses tympans.

De nombreuses fois, Ydir a souhaité qu'un événement se produise pour le sortir de cette torpeur quotidienne. Il avait souhaité cette mort par le passé quand sa mère souffrait trop.

Il fixe le corps inerte de son père avec amertume, en se demandant s'il ne se porterait pas mieux sans lui.

Perdre. Il y est habitué et il aime ça.

 Il y est habitué et il aime ça

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