CHAPITRE 2 - disputa

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DISPUTA

(dispute)

Ydir sait que les secrets jonchent sa famiglia

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Ydir sait que les secrets jonchent sa famiglia. Il en apprend chaque jour, il n'est plus touché par la surprise. Voilà pourquoi il ne réagit pas en apprenant que son père a des demi-sœurs.

Ydir voit son père s'allumer une énième cigarette dans son bureau à la lumière tamisée. Ydir y venait souvent quand il était petit, il observait Giovanni signer des papiers, maintenant il observe son père se tuer à petit feu avec des cigarettes à l'odeur immonde.

L'étudiant sait qu'Anir avait d'autres addictions par le passé, son père  répète souvent qu'il ne doit pas consommer de drogues et de ne surtout pas mélanger ces dernières avec l'alcool, au risque de former un cocktail explosif parfaitement addictif.

Il observe.

Anir se lève, sans attendre son poing s'écrase avec rage dans le mur de son bureau. Aucun cri de douleur ne s'échappe de sa bouche, il se contente de secouer sa main endolorie.

- C'était quand ? Réponds Alma.

- Il y a quatre jours dans Manhattan, dit-elle.

- Alejandro !

Il hurle désormais à s'en déchirer les cordes vocales. Le meilleur ami de son père fait irruption dans la pièce suivie de près par Rosalinda et Juliano. Tous les trois jettent un coup d'œil à la libyenne se tenant dans la pièce, ils ne relèvent rien. Ydir sent le regard de sa mère sur lui, elle sonde son visage à la recherche d'informations sur la situation.

- Sarah est décédée, crache Anir à l'attention des arrivants. Ils ont tué ma sœur dans leur putain de fusillade à New-York !

Ydir comprend enfin, des hommes de la Cupola ont évoqué le dérapage. Un règlement de compte à Manhattan a provoqué trois victimes par des balles perdues. Personne n'avait relevé et maintenant, cela prend une tournure différente.

- C'était vous ? s'exclame Alma.

- Je n'étais pas au courant, murmure Anir, sa voix se brise.

Ses pupilles se voilent d'un filet d'eau qui disparaît aussitôt dès le premier battement de paupière. Un signe infime montrant la première défaillance que voit Ydir.

- Dario devait savoir, c'était ses hommes, souffle l'adolescent.

Les regards convergent vers lui, il devient moins à l'aise et quand le visage de son père change de nouveau, Ydir comprend l'absence de Dario à la réunion de ce matin. Il sait. Il a du s'informer sur les victimes collatérales et faire le lien de parenté entre l'une d'elle et son père.

- On y va, crache le parrain. Maintenant. Ydir, tu prends le volant.

Ydir réceptionne les clés que lui lance son père. Sans attendre plus, son oncle et Alejandro sont déjà sortis du bureau pour rejoindre la voiture, Ydir s'apprête à faire de même quand sa mère le retient par le poignée et dit :

- Tu restes là.

Il secoue la tête et se débarrasse de la poigne de Rosalinda d'un coup sec. L'italien soutient son regard, il va y aller qu'elle le veuille ou non.

- Anir ! s'exclame-t-elle sidérée. Il reste ici !

Son père ne répond rien et sort du bureau, son beretta chargé à la main. Il est prêt à en découdre et Ydir le suit jusque dans la cour en graviers. C'était sans compter les menaces hurlantes de sa mère perçant à travers le vent :

- Si tu fais monter mon fils dans cette voiture, ne reviens jamais.

- Il est assez grand pour décider par lui-même, crache Anir.

Ydir observe ses parents se disputer depuis son enfance. Leurs éclats de voix traversaient les murs en parpaings de sa chambre durant leurs disputes. Il ne les compte même plus sur les doigts d'une main, ça en devient récurrent.

Ça durait jusqu'à ce que nonna intervienne. Sa grand mère est aussi forte que Rosalinda, elle a toujours trouvé le courage de les séparer alors qu'Ydir était souvent recroquevillé dans son lit.

Ydir aurait préféré qu'ils se séparent pour ne plus entendre leurs cris déchirants. La séparation ne s'est jamais faite, elle n'a même jamais était évoquée. Les liens ne tiennent qu'à un fil solide malgré sa santé fragile, Ydir permet à ses parents de tenir.

Paradoxalement, il est le sujet de toutes ces disputes. La pire de toutes est survenue le jour de ses quinze ans, il devait prêté serment. Un seul mort d'ordre pour devenir un mafioso.

Tuer.

Sa mère s'y est opposée fermement, elle a fait irruption lors de la réunion de la Cupola sous les yeux de tous. Une arme à la main, elle hurlait à la mort, refusant le crime qui allait survenir. Rien n'y faisait alors elle a tué elle-même l'homme qu'Ydir devait abattre. Une autre preuve de l'amour inconditionnel qu'elle montre pour lui. Ydir le sait, il le voit chaque jour dans ses yeux.

Cependant, il aimerait voir cette même lueur dans les yeux du libyen. Ydir aimerait être la fierté et la gloire de son père, il aimerait être le fils que l'on présente avec fierté devant les autres.

- C'est mon choix, mamma.

Ses yeux polaires se plantent dans ceux de sa mère. Il ne voit rien de beau seulement l'impuissance qui déchire un peu plus son cœur meurtri par Cosa Nostra.

Ce contact déstabilisant lui fait tourner la tête, ça le brûle de l'intérieur. Sans un mot, il monte dans la voiture pour prendre le volant. Il relève la tête et croise le regard bleu de son père dans le rétroviseur, ce regard qu'il aimerait tant voir briller de fierté et d'amour.

Un regard de braise, mais éteint.

Un regard de braise, mais éteint

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YDIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant