CHAPITRE 1 - contrarre

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CONTRARRE

Sortie de la faculté de droit, Ydir n'a pas le temps

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Sortie de la faculté de droit, Ydir n'a pas le temps. Il se presse pour être à l'heure, il s'engouffre dans sa voiture et conduit jusqu'au restaurant où il a rendez-vous. Un lieu réputé où le vin coûte sans aucun doute aussi cher que les boucles d'oreilles de sa mère.
Ydir respire un bon coup en stoppant la voiture devant le restaurant, il tire le frein à main d'un coup sec et quitte l'habitacle en fer sans oublier de verrouiller les portières. Il passe la porte du célèbre restaurant avant d'apercevoir la table.

Ydir n'apercoit pas les cheveux bruns rassemblés en un chignon de sa mère, ces mêmes cheveux donnant un air à la fois doux et sévère à son visage. A la place, il reçoit un regard polaire intimidant, son sourire disparaît aussitôt en constatant que c'est bien la première fois que son père se déplace jusqu'à Palerme pour le voir.

Ce n'est pas un hasard.

Il s'installe sur le fauteuil face à la table nappée de dentelles blanches et dont les couverts sont parfaitement alignés. Ydir compte trois fourchettes et autant de couteaux et de cuillères

- Une clope ?

L'étudiant ne répond rien au parrain se tenant devant lui. Ydir est exaspéré qu'il propose encore des cigarettes sachant pertinemment qu'il ne fume pas. Les souvenirs des poumons enflammés de son grand-père sont encore ancrés dans un coin de sa tête et il n'est pas assez stupide pour suivre la même destinée.

Anir hausse les épaules avant de s'allumer la sienne sans aucun scrupule. La fumée néfaste s'élève de la combustion de cette dernière pour empester dans l'enceinte du restaurant et évidemment, personne ne viendra lui faire le reproche d'une cigarette allumée en intérieur.

- Il y a un homme qui tire les ficelles depuis trop longtemps, murmure finalement Anir.

- Qui ? demande-t-il en se pinçant les lèvres.

- Un directeur pénitencier ne va pas dans notre sens. Il a fermé les yeux durant trop d'années sur ce qu'il se passe dans les bas-fonds de sa prison et d'un homme en particulier qui se croit intouchable là-bas, crache Anir.

Ydir comprend enfin que le parrain s'est déplacé pour régler cette affaire traînant depuis, sans aucun doute, son passage en prison bien avant sa naissance. Pourtant les propos qui s'en suivent sont rapidement d'une toute autre nature :

- Un prisonnier nommé Regazzi fait la misère à un détenu dont je suis redevable. J'ai passé dix mois collé avec lui dans une piaule, j'ai promis que j'enverrai quelqu'un pour régler ça et tuer celui qui se prend pour le pacha.

Ydir se redresse sur sa chaise, il fixe avec intensité le parrain qui ne sourcille pas face à son regard polaire et demande simplement :

- Faut que j'y ailles, hein ?

- Là-bas, tu ne seras plus personne, souffle Anir dans un nuage grisâtre.

- Vas-y toi, si tu veux.

- Ne me fais pas croire que tu as peur, pas après tout ce que tu as fait sans une once d'hésitation, relève le parrain.

Ydir a brûlé le premier corps en jetant un briquet dans le liquide obscur. Ça empestait l'essence et pendant plusieurs jours, le libyen a senti encore cette odeur désagréable emplir ses poumons et imprégner ses vêtements.

Il a noyé un deuxième homme dans l'Oreto, le fleuve traversant Palerme pour se jetter dans la méditerranée. Cet homme l'avait regardé de travers dans un bar quand Ydir a refusé de payer ses consommations.

Le libyen en a tué un troisième devant les mafiosi. C'était un uomini d'onore travaillant pour Alejandro, il a insulté les morts, de ceux qu'on ne peut critiquer. Un mort est un mort. Il faut les laisser en paix, leur conscience passe devant le jugement dernier, elle n'a pas besoin d'être jugée par un autre que Dio. Surtout quand cela touche l'honneur de Giovanni Pellegrini, il ne doit pas être remis en cause par de simples hommes de mains.

Ydir a été agacé par leurs propos sordides, il s'est levé de sa chaise voisine à celle de son père pour s'approcher de l'homme. Son regard était rempli de folie, celle-ci a surgit et a voilé ses iris polaires d'une lueur meurtrière.

Ydir l'a tiré de sa chaise et l'a plaqué contre la table, son stylo s'est planté dans sa carotide. Une menace silencieuse a plané dans la pièce quand Ydir est retourné s'asseoir comme si de rien n'était, comme si un homme ne s'était pas vidé de son sang devant tous.

Il continue de fixer le parrain en se demandant pourquoi ce dernier n'y va pas, il pourrait tout aussi bien faire cette tâche ardue mais Ydir ne demande rien d'autres qu'une photographie de l'homme que le parrain sort aussitôt de sa poche. Ydir dépose un billet sur la table pour payer l'alcool qu'à consommer son paternel en l'attendant.

- Je serais ton unique contact, murmure finalement Anir.

- Il y en aura d'autres après celui-ci ?

- Il n'y a pas si longtemps, tu m'avais demandé des responsabilités. Je te les offrirai toutes sur un plateau, figlio.


Chapitre court mais le voilà !

YDIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant