Promesses à la Nuit

Chapitre 1 - Bouleversée comme jamais elle ne l'avait été

Bienvenue cher(e) inconnu(e), je suis heureuse que le destin t'ait amené(e) ici. J'espère que tu te plairas dans ce monde mystérieux, impitoyable mais beau. J'espère que tu aimeras voyager avec Leyla et Shams comme j'ai aimé voyagé avec elles à travers ma plume...

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Il était une fois une riche famille habitant dans le désert. Le maître de maison était réputé dans l'oasis pour sa sagesse et sa sagacité, il était ainsi très respecté et on demandait souvent son avis et son jugement dans les affaires de la cité. Cet homme avait transmis ces valeurs à sa famille, tout aussi illustre pour leur admirable comportement au sein de la communauté. Il avait de nombreux enfants et parmi eux, sa fille cadette Leyla.

La jeune fille de 19 ans laissait une impression durable à ceux qui avaient la chance de la croiser de par sa peau diaphane qui semblait briller d'un faible éclat, chose rare dans une région que le soleil aimait tant. Mais surtout, Leyla avait un regard spécial, ses yeux semblaient abriter la lune à son plein : tout aussi trouble, tout aussi brillant, tout aussi aveugle. A vrai dire, de tout son être, elle était lunaire.

Une nuit, le père Khalil recevait en sa somptueuse demeure de hauts dignitaires venant d'oasis voisines. Il s'agissait de discuter de futures alliances commerciales, ainsi le meilleur accueil devait être fait aux éminents invités. Tandis que Khalil méprisait le faste et les fêtes orgiaques et qu'il s'imposait à lui et à sa famille une vie humble, il souhaitait impressionner ses hôtes.

Ils appartenaient à une époque et à un monde gouverné par l'argent et les richesses. Posséder signifiait être, montrer que l'on possédait était exister. S'intégrer dans cette société artificielle, parmi ses gens superficiels, requérait de consciemment tomber dans le piège de l'argent, le désirer ardemment, s'en déposséder immédiatement et le rechercher perpétuellement. Ainsi existait-il une compétition tacite entre tous les membres de la communauté : qui avait la plus belle maison, la plus belle femme, les atours les plus luxueux, les fêtes les plus animées, les chevaux les plus rapides et au sang le plus pur, le commerce le plus prospérant, la nourriture la plus chère ? Tout était faux et superlatif. Les choses n'étaient que pour être comparées. Néanmoins, les relations entre les personnes étaient réelles. La loyauté étant aussi sujette à ce phénomène, les liens une fois nouées étaient respectés et chéris, les amitiés entretenues, les promesses tenues.

La famille de Khalil dérogeait cependant à cette pièce savamment montée. Le fait qu'ils soient malgré tout tenus en haute estime parmi leurs pairs résidait dans leur habileté commerciale et leurs bonnes manières. Comme il leur était impossible de vivre en autarcie, totalement retirés du groupe, ils savaient parfois se mettre en scène et jouer leur part de la comédie. Khalil acheta donc une esclave réputée pour ses talents de danseuse et de conteuse, qui saurait divertir ses invités.

Leyla ne voyait certes pas mais au fil du temps, elle connaissait la maison dans ses moindres recoins et s'y déplaçait avec une parfaite aisance. Bien souvent, elle était capable de retrouver des objets perdus par ses frères. Elle se déplaçait furtivement et ses mouvements étaient toujours animés d'un gracieuse légèreté. Ses sens étaient très affutés et elle percevait bien mieux les choses que simplement à travers le regard.

Le jour de la réception, elle se faufila dans le corridor attenant au patio découvert où se déroulait le dîner, elle s'accroupit au sol et assista à la prestation de la danseuse, s'imaginant précisément les pas à travers les vibrations plus ou moins fortes que ses pieds intimaient au sol, à travers les légères ondulations de l'air causées par les mouvements de ses bras et à travers le sillage de parfum que l'artiste laissait derrière elle. Elle écoutait la musique, percevait la danse à travers tout son corps et ressentait les émotions véhiculées par la danseuse avec une force qui la bouleversa comme jamais elle ne l'avait été.