Folly Island

CHAPITRE 14

-       Ton frère est malade. Finit-elle par répondre.

-       Malade ? C'est-à-dire ? demande-je sans vraiment comprendre.

-       Ta sœur m'avait déjà fait part de ses inquiétudes concernant Warren. Il agissait violement avec elle et en est déjà arrivé aux mains. Je ne sais pas si tu te souviens, c'était avant l'été où Jenna est décédée, Warren était parti pendant un mois. Nous t'avons dit qu'il était allé faire un stage pour ses cours mais nous l'avions fait hospitaliser... Dit ma mère avant de boire une gorgée de son thé glacé.

Effectivement, je m'en souviens très bien, c'était au mois de mai. Je ne me doutais absolument pas qu'il était à l'hôpital.

-       Il s'en est pris à ton père. C'était un soir, tu étais chez une amie du lycée pour un devoir. Ils se disputaient à propos de l'entreprise et Warren s'est emporté. Il a frappé ton père. J'ai essayé de le retenir mais il m'a poussé contre le mur. Jenna a appelé la police. Lorsque l'équipe est arrivée sur les lieux, elle a aussitôt dirigé Warren vers les urgences psychiatriques car il était incontrôlable. Après plusieurs examens, il en est ressorti que ton frère avait des troubles du comportement. Continue ma mère.

Je n'interromps pas ma mère et la laisse continuer son récit. Plus elle avance, plus je crains de découvrir la réalité.

-       Warren est atteint de trouble compulsif intermittent. Généralement, ça se manifeste par des crises de colère excessive où il peut en venir à être agressif physiquement. Même s'il semblait toujours à cran, Warren prenait son traitement mais je sens que depuis que nous sommes arrivés à Folly Island, que quelque chose ne va pas. Je pense qu'il a arrêté de prendre son traitement. Dit-elle laissant échapper une larme.

Je me penche sur la table pour attraper ses mains et lui montrer que je suis là. Cela ne me surprend pas... Je sentais que quelque chose n'allait pas avec Warren et je me doutais qu'il ne s'agissait pas que de colère naturelle.

-       C'est pour cela que nous laissons tout passer. Son comportement, l'alcool, la drogue et je pense que j'en n'oublis. Le psychiatre nous a conseillé de ne pas entrer en conflit avec lui car son trouble est très prononcé et qu'il pourrait vite dégénérer. Je te demande pardon pour la dernière fois. Jamais je n'aurais dû le laisser-faire, mais je ne sais pas...

-       Tu as eu peur de lui. Réponde-je à sa place.

Tout s'explique maintenant. Comment ai-je fait pour ne rien voir ?! à vrai dire, je ne sais pas si ce que vient de m'apprendre ma mère me rassure ou me prouve qu'il faut que je reste encore plus sur mes gardes...

-       Ne t'excuse pas maman. Je comprends mieux maintenant. Dis-je pour la rassurer.

-       De t'entendre me dire que tu crains ton père me brise le cœur car il essaye de faire tout son possible pour que tu sois en sécurité dans ta maison. J'aurais dû t'en parler plus tôt. Dit-elle en me serrant la main.

-       J'irais parler à papa. Je ne lui en veux pas et je comprends beaucoup plus de choses maintenant. Dis-je en lui faisant un sourire.

Alors pour une révélation, je ne m'attendais absolument pas à ça. Comment fait ma mère pour ne rien montrer et laisser paraître que tout va bien ?

-       Ne dit pas à ton père que je t'ai mis en courant. Personne ne le sait à part lui, moi et maintenant toi. Me prévient-elle.

-       Je n'en parlerais pas. Je te remercie de me l'avoir dit. Dis-je.

Ma mère sourit et reprend son verre. Je finis par changer de sujet pour détendre un peu l'atmosphère. Ce petit moment mère/fille me fait vraiment du bien. J'en avais besoin et je pense que ma mère aussi. Pris dans un fou rire à propos d'une anecdote, j'entends quelqu'un m'appeler au loin. Je me tourne et aperçois Scott qui se dirige vers moi.