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La lumière passant à travers les fins rideaux blancs de la chambre éclairait mon visage. Peu à peu, j'ouvris les paupières encore alourdies par mon sommeil précédent. Je m'étirai doucement encore emmitouflée dans les draps qui dégageaient une douce odeur florale. Cette odeur était apaisante pour moi dans cet endroit qui n'avait rien de familier et que je découvrais à peine.
Un petit cognement se fit entendre sur le battant de la porte.

- Entrez, dis-je en calant quelques mèches de mes cheveux derrière mes oreilles.

- Bonjour mademoiselle, votre mari vous attend pour le petit déjeuner, m'informa Maya, l'employé de maison.

Elle ouvrit les rideaux en grand et laissa la lumière du soleil inonder la pièce.
Mon mari... il avait beau l'être sur le papier, dans mon cœur il n'en était rien. Je le détestais de m'avoir enlevé à ma vie. Je me rappelais de ces instants lors de la cérémonie, où signant les papiers, j'avais ressenti que pour lui tout ça n'était qu'une simple formalité et que depuis longtemps, le sort de ma propre vie ne m'appartenait plus.

Maya s'affaira à ouvrir les trois grandes baies vitrées de la chambre afin d'aérer la pièce tandis que je me dirigeais vers la salle de bain attenante pour me rafraîchir. Je pris une douche rapide et m'habillais d'un chemisier et d'un pantalon fluide. Dans cette maison, une tenue correcte était exigée pour chaque repas. Je terminais d'attacher mes sandales à talons autour de ma cheville lorsque quelques coups se firent entendre à la porte.

- Entrez, lançai-je.

Des claquements de talons sur le carrelage m'indiquèrent que ma belle-mère, Clara, pénétrait dans la chambre et s'avançait jusqu'à ma salle de bain.

- Alessia, ma chérie, tu as bien dormi ? Demanda-t'elle en poussant le battant de la porte de ses doigts parfaitement manucurés.
- Oui, merci. J'arrive dans une petite minute, lui répondis-je en me redressant.

Clara était avenante et au petit soin. Elle adorait son fils et portait une attention particulière à ce que je lui plaise. Elle était le miroir de toute une doctrine. Tout pour Esteban. Et moi, je devais obéir, être belle, l'accompagner, porter l'honneur des Rivera alors même que je ne me considérais pas comme telle. Mon père m'avait abandonné entre leurs mains. Il avait beau me dire que non, la réalité n'en différait pas pour autant. J'éprouvais une colère à son égard depuis ce jour où il m'avait annoncé mon propre mariage.

- Il faut que je vienne te chercher la prochaine fois ? Me demanda Esteban de sa voix dure tandis que je m'asseyais à côté de lui.

Je lui lançais un regard et croisais ses yeux noisettes. Il portait une chemise blanche qui laissait deviner la force de ses muscles et un pantalon sombre. Ses cheveux bruns étaient courts et une barbe de trois jours recouvrait sa mâchoire carrée. C'était un bel homme, je ne pouvais le nier mais il n'en était pas moins détestable.

- Ça ira, lui répondis-je sèchement avant de détourner les yeux.

Je pouvais sentir la force de son regard sur moi alors que je croquais dans une viennoiserie encore chaude. Il versa un jus d'orange tout juste pressé dans mon verre.
Autour de la table se trouvait Clara, le père d'Esteban qui prénommait Juan, Victor le meilleur ami et homme de main d'Esteban, son cousin Sebastian et l'un de ses frères, Eduardo.
Tous prenaient leurs petits déjeuners dans une bonne humeur qui auraient pu m'être contagieuse si le contexte s'y prêtait.

- Tu as fait ce que je t'ai demandé ? Demanda Esteban à son bras droit au détour d'une conversation.
- Oui, j'ai contacté de nouveaux transitaires, répondît Victor en essuyant ses doigts à l'aide d'une serviette.
Il était l'un des seuls qui me paraissait à peu près sympathique autour de cette table, outre Clara.
- Je veux tout ce qui concernent leur identité avant demain.
- Pas de problème. Tu pourras certainement débuter les négociations avant mercredi.
- C'est très bien.
- Où sont-ils basés ? Demanda Juan en levant les yeux de son journal en papier.
- Ils ont plusieurs ports aux États-Unis.

Cette discussion aurait pu paraître des plus inoffensives vu de l'extérieur mais ils parlaient plus précisément du passage de plusieurs milliers de tonnes de cocaïnes disséminées dans plusieurs ports d'Amérique.

- Et la DEA ? Demandai-je, prise de curiosité.
- Eduardo a de bon contact. Si tout se passe bien, nous n'avons pas à nous faire de soucis de ce côté là, me répondit Victor.

Le soleil brillait et passait à travers les grandes fenêtres de la salle à manger. Les oiseaux chantaient dans le jardin et tout paraissait si ordinaire de l'extérieur mais j'étais bel et bien entrain d'assister à une discussion de narcotrafiquant à la table de ma belle-famille.

Rivera : L'épouse d'un chef de Cartel - 1er jetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant