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- Je reviendrais te chercher dans moins d'une dizaine de minute. Okay ?

Je ne répondus rien . Il acquiesça et me tourna le dos. Je restais là, les bras ballants le long de mon corps. L'odeur de l'humidité emplissait mes narines. L'infrastructure semblait s'être vidée tout d'un coup de tous ces travailleurs. Comme s'il ne restait plus que nous et le tireur. Comme s'ils avaient tous fuit. J'observais la silhouette d'Esteban s'enfoncer dans la pénombre, là où les lumières n'éclairaient plus.

Je tournais la tête à ma droite, hésitante. Mais très vite, je refermais la porte et suivis ses pas. Je ne l'entendais plus, mais je m'imaginais le chemin qu'il avait prit. Je tremblais, mes mains étaient moites autour de l'arme que je tenais. Il fallait que je retrouve la lumière. D'une main, je suivais les aspérités du mur à côté de moi pour me guider. Je pris une profonde inspiration, ma poitrine se gonfla.

J'ouvris les portes que je croisais une à une jusqu'à enfin me retrouver aveuglée par la lumière du soleil qui m'inonda toute entière. Mes pieds se retrouvèrent sur une passerelle en métal. Le bruit du vent entre les différents piliers sifflaient. Les mèches de mes cheveux s'agitèrent dans mon dos et contre mes joues. Machinalement, je me forçais à avancer. Je posais un pied devant l'autre, la gorge serrée. Je pouvais encore sentir l'odeur du sang, voir ce corps inerte sur le sol.

Au bout d'un moment qui me parut durer des heures, j'aperçus la silhouette d'Esteban marchant d'un pas déterminé. Plus je m'approchais, plus je discernais ce qu'il se passait.

Il leva le bras et pressa la détente de son pistolet sans s'immobiliser. La balle s'extirpa du canon et alla se loger dans la tête d'un homme habillé tout de noir qui s'effondra sur le sol. Le bruit du fusil qu'il tenait eu un bruit sourd en tombant lorsqu'il percuta le sol en métal. Une vague d'angoisse me submergea.

Autour de moi, le paysage marin céda sa place à un escalier en bois.
Ma vision était trouble et les choses semblaient tourner autour de moi. J'étais dans ma maison d'enfance avec cette sensation étrange de ne pas réellement être chez moi. Comme si l'on avait substitué ma maison à une autre. Un pas après l'autre, je descendais fébrilement les marches.

Des cris de supplications parvinrent à mes oreilles. C'était la voix de ma mère. Je pouvais la reconnaître entre mille. Cette voix qui m'avait bercé, chouchouté, exprimé de l'amour et de la tendresse. Sa voix était brisée, comme à bout de force. Je me demandais d'où venait son épuisement et cette douleur que je distinguais dans son expression.

Je ne le savais pas encore à l'époque, mais c'était la dernière fois que j'entendais l'intonation de sa voix. Arrivée à la dernière marche, le bois craqua et de nouveau ce fut le bruit du métal.

Esteban s'approcha de l'homme qui gisait sur le sol. Quand à moi, j'étais figée. Je voyais son sang, presque noir, s'écouler, s'étendre à une vitesse insoupçonnée. Il le retourna et retira la cagoule qui recouvrait son visage. Un tatouage recouvrait partiellement le cou du tireur, un tatouage aux allures de serpent, c'était uniquement ce que je distinguais de là où je me trouvais.

- Tu le connais ? Parvins-je à lui demander.
- Non pas personnellement, mais je sais d'où il vient.
Il leva les yeux vers moi. Certainement pour vérifier l'état dans lequel j'étais. Je devais être aussi blanche qu'une feuille, pas très beau à voir.
- Par qui a-t'il été envoyé ?
- Zach Forsberg. Si tu entends ce nom, il faudra te méfier. Il ne veut aucun bien à notre famille.

- Vous êtes là ! S'exclama une voix masculine et familière derrière nous.
C'était Victor, le meilleur ami d'Esteban. Il tenait un fusil mitrailleur entre ses mains et regardait avec empressement tout autour de nous avant d'analyser la scène de plus près. Il s'approcha de l'homme étendu sur le sol.
- Putain un gars de Forsberg... vous êtes blessés ?
- Non, ça va.
- Je suis désolée j'ai été ralenti sur le chemin.
- Allez on se casse d'ici. Viens Alessia. Il y avait du monde à l'extérieur ? Demanda-t'il à Victor.
- Ouais, un autre tireur. Je l'ai éliminé.
- Il y en a d'autre.
- Je vous couvre. Passez par l'arrière, j'ai laissé la voiture à 1 km à l'ouest.
- Personne ne t'a vu ? Tu es sûr ?
- Sûr.

Esteban hocha la tête et tendit son bras dans ma direction. Je le suivis dans un mot, avec un arrière goût amer dans la bouche. Je sentais mon cœur comme compressé dans ma poitrine, et mon souffle, profond et lourd, ne m'apportait pas suffisamment d'air pour que mon corps se sentent en sécurité. Je fixais les hauteurs de l'édifice, craintive qu'une pluie de balle ne s'abatte sur nous à nouveau.

- Qui est exactement Zach Forsberg ? Pour quoi en a-t'il après vous ? Demandai-je pour détourner mon attention de l'angoisse terrible qui m'enserrait la gorge.
- C'est une longue histoire. Nos familles nourrissent une rivalité depuis des années. Aujourd'hui, tout comme moi, il a reprit le flambeau. Il ne supporte pas ne pas être seul sur le marché, et de surcroît il n'a pas le monopole alors il veut le récupérer.

Voilà le monde dans lequel j'avais atterri. Des meurtres pour le pouvoir, des morts pour l'argent.

Une terrible envie de vomir remontait doucement le long de mon corps.
Esteban nous dirigea hors de l'infrastructure par la sortie la plus plus retirée. Elle n'était même pas indiqué. Nous arrivâmes sur un chemin de terre recouvert de feuilles mortes et de détritus.
- Fais attention à ne pas te blesser, s'enquit-il en veillant à ce que je ne mette pas les pieds n'importe où.

Très vite, il nous sortit de ce petit sentier et nous retrouvâmes le sol bétonné.
En lui emboîtant le pas, je repensais à ces souvenirs qui revenaient par fragment, ces « visions » comme je les appelais plus jeune.
Très longtemps, j'avais été suivi par une psychologue.

Madame Sagnan, ma psy, me voyait depuis très jeune, depuis la disparition de ma mère à vrai dire. Elle avait tenté de renouer mon lien avec mon père que j'avais longuement détesté. D'après elle, j'avais projeté sur lui toute la douleur que j'avais ressenti et lui avait assigné le rôle de bourreau pour donner un sens à ma souffrance. Elle m'avait aidé à y voir claire dans mes souvenirs, à discerner les divagations de mon esprit à ce qu'il s'était réellement passé.
Je ne l'avais pas revu depuis mon mariage, c'est à dire depuis plusieurs mois maintenant. Il était peut-être temps d'y retourner mais l'idée de franchir le pas de sa porte me paraissait être une montagne à escalader.

Je ne m'en étais pas rendue compte mais instinctivement je m'étais rapprochée d'Esteban. Mon cœur s'apaisa un peu à son contact. À l'instant, il m'apparaissait comme un phare au milieu de la nuit. Et pourtant je venais de le voir tuer un homme, même si c'était pour nous défendre, mon corps jusqu'à mon âme en était retourné.
Une larme perla au coin de mon œil, dévala la peau, longea délicatement mon nez comme une caresse. Parfois quand je réfléchissais, j'avais l'impression d'être en plein brouillard.

Je sentis une main à l'arrière de ma nuque. Un frisson dévala mon échine.

Je relevai le visage vers Esteban. Il m'observait, ou plutôt me sondait.
- Je sais que ce n'est pas facile entre nous mais je suis là pour toi Alessia tu comprends ? Je te protégerais, de Forsberg ou d'un autre.

Et de toi-même Esteban ? Me protégerais-tu de toi-même ?



Hello les filles, j'espère que vous allez bien. De mon côté je me remets doucement à écrire, je ne suis pas hyper productive mais j'essaie de m'y mettre. J'espère que ça vous plaît quand même et que je ne vais pas dans tous les sens.
En tout cas je vous remercie du fond du cœur pour vos commentaires, vos votes, votre lecture tout simplement 🤍
Même celles qui ne votent pas et ne commentent pas, les lectrices de l'ombre (😂) je vous remercie car simplement me lire c'est déjà énorme pour moi.

Je vous souhaite une très bonne journée et une magnifique semaine 🤍 prenez soin de vous et prenez le temps de faire des choses qui vous plaisent !

Rivera : L'épouse d'un chef de Cartel - 1er jetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant