Chapitre deux - Extérioriser

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Chapitre du point de vue de Kokonoi


Confortablement installé dans un canapé, je regardais mes collègues de travail, qu'on peut nommer "amis" : Ran, Rindo ainsi que Sanzu. Bien qu'on s'entende comme chiens et chats, ces trois-là m'avaient apporté beaucoup de recul dans ma vie. Le problème avec eux, c'est qu'il était ardu de leur parler de quoi que ce soit. Ils ne prennent rien au sérieux. Pour eux, la vie n'était qu'un jeu, la prendre ou la donner se joue sur un lancé de dés. Ils travaillent certes dans mon entreprise mais néanmoins, ce n'est pas, et loin de là, leur activité principale. Leur véritable emploi n'est autre que chasseur de primes. Cela rapportant beaucoup, je ne peux nier l'efficacité de leur travail mais il reste évident que je ne me verrais pas là dedans. Il faudrait les voir pour comprendre, comprendre leur réaction dès qu'un flic débarque : ils s'enfuient tous. Un rythme de vie effréné. De plus, si on mêle ça au travail encore à côté de Sanzu, celui de dealeur, on se demande si parfois il a une seconde pour lui. De véritables dangers publics, mais que voulez-vous, les opposés s'attirent...

« Bon Koko, j'ai pas que ça a foutre, t'as interêt à me dire pourquoi tu nous as convoqué ici, soupire Rindo

— J'avoue, tu m'as stoppé alors que j'allais conclure, t'abuses un peu.. continue Sanzu

— Tout d'abord, je vous ai pas stoppé dans vos affaires... m'exclamais-je

— Mec, tu m'as littéralement envoyé les kidnapper, le coupe Ran, j'ai des preuves si tu veux !

— Nan ça va aller, peu importe le contexte, au moins vous êtes réunis ici. J'ai besoin de conseils, dis-je.

— Quoi, t'arrives encore pas à gérer ta meuf ? ris le rosé

— Nan pas ça, et puis je vois pas de quoi tu parles.. Bref, non, mon soucis actuel c'est Inui.

— C'est qui lui encore, demanda le plus jeune des frères

— T'sais son coloc, répondu l'autre.

— Ah ouais, chaud. Pécho le et c'est réglé, je vois pas ce que t'attends perso. Si j'étais dans ta situation, ça ferait un bail que je lui aurais sauté dessus !

— Mais c'est pas ça le problème. Un peu de sérieux, même si c'est difficile pour vous, j'ai besoin d'aide et de conseils. Je sais plus quoi faire de lui, ouais c'est vrai t'as raison, je le kiffe bien, je sais pas ce que j'attends pour lui sauter dessus sauf peut-être le fait qu'il ne m'aime pas. »

Je pris ma tête dans mes mains en soupirant, sous l'air railleur et moqueur des trois. Bien sûr, le grand Kokonoi, qui a trop d'égaux pour demander à l'aide ou même pour dire pardon, leur suppliait de les aider et montrait des signes de faiblesses devant eux. Aucun n'allait me réconforter, ainsi marchait l'amour vache comme on le dit. Si j'avais demandé des conseils à des inconnus, j'aurais même eu plus de chance qu'actuellement, ça c'est sûr.

« Bon, arrête de chouiner dans ton coin et dis nous pourquoi ce mec t'aimerais pas, essaye de nous expliquer ce qu'il va pas plutôt...

— Tu vois, nöel dernier je lui ai offert un pull. Jusque là tout va bien. Sauf que c'est pas quoi, ça fait des mois qu'il ne le mets pas tous les jours. Pourquoi ? Il ne l'aime pas ? Il ne m'aime pas ?

— Mec, t'es parano je jure, c'est juste que parfois faut le laver hein... Soupire Ran

— Mais c'est pas une excuse valable ! Il n'a qu'à le faire sécher pendant la nuit ! En plus il le mets moins qu'avant, il est descendu à un rythme de 5 fois par semaine, 5 FOIS, tu te rends compte ? C'est trop peu...

— Ah gars, me dis pas t'es sérieux là ? Tu peux pas me faire ça genre ? T'es con ou t'as pris les pilules de l'autre débile ?

— Mais non ! Je constate juste les faits, rien de bien grave à ça.

— Ok, si tu le dis... Mais dis moi, tu veux qu'on fasse quoi de ces infos, car j'en ai pas grand chose à battre je te l'avoue.

— Je sais pas, donnez-moi des conseils pour pouvoir séduire son âme pure et fertile. Je suis à court, j'ai tout donné mais rien ne percute son esprit.

— Bah, pourquoi tu ne le droguerai pas ? Tu sais pas ce qu'on est capable de faire sous la présence de substances... Certains avouent tout, d'autres sont plus silencieux, certains entrepreneurs... Plus qu'à espérer qu'il réagisse bien et hop là, tu le mets dans une camionnette et tu le ramène chez toi et la suite ne se jouera qu'entre vous dans ton grand lit.

— Sanzu... On est pas tous comme toi. Et puis, pourquoi je devrais le kidnapper pour le ramener chez moi étant donné qu'on vit ensemble ? Ta stratégie ne marche aucunement, soupirais-je

— Pfff, d'accord, si monsieur à décidé de se la jouer à la dure j'ai une autre stratégie : tu lui donnes de l'argent afin qu'il accepte d'être le tien, un peu comme une des trente-six prostituées que Ran a chez lui.

— Je t'arrête tout de suite, t'es en train de demander au plus grand rat de tout le pays de passer de l'argent ? Tu te fous de notre gueule c'est pas possible.»

Rindo est lancé dans un fou rire, rejoint par son frère. Je dois bien admettre que donner de l'argent n'a jamais été dans mes cordes mais de là à me rabaisser par cet animal puant et inélégant, je ne l'aurais jamais pensé. Mais en soit cette technique non plus ne me plaît pas, jamais je ne pourrais traiter cet homme de la sorte, je ne veux pas qu'il cède à mes caprices en échange d'argent, jamais. Je le veux lui, tout entier, par choix et non pas par force. Mais ça, je crois que mes trois compères ne l'ont pas encore saisi, déblatérant encore des anneries.

« Au pire, simple et efficace, une arme sur la tempe et on en parle plus. En plus c'est une manière pacifique : personne ne sera blessé, enfin s'il accepte... Mais si tu n'oses pas lui tirer une balle entre les deux yeux, tu sais, je suis toujours disponible, tu connais mon numéro, me fit Ran en me lançant un clin d'œil.

— ...

— Bon, d'accord, je retire mes propos...

— Mec, t'as qu'à lui offrir un bucket de poulet, qui dirait non ? En plus s'il refuse, au bûcher. Je ne peux tolérer dans ma vie les hommes n'aimant pas le poulet. Aimer le poulet c'est signe de paix dans le monde. D'ailleurs, tu savais que pendant la deuxième guerre mondiale les anglais avaient donné du poulet aux allemands pour qu'ils les laissent tranquille ? Je te le dis, c'est la solution à tout, s'exclama Rindo.

— Frérot, t'as eu d'où ça tes informations là ?

— Quelqu'un me l'a dit sur MySpace et personne ne m'a jamais menti dans ma vie alors je le crois. Et puis, qui mentirait sur du poulet ? Honnêtement, personne.

— Alors c'est donc ça le résultat de quitter l'école de manière précoce pour faire de la prison... Je comprends mieux, soufflais-je. Ran, t'as pas de meilleures idées en soit ?

— Tu le demandes en mariage directement, comme ça y'a pas d'attente et directement tu peux le consommer.

— C'est non.

— Bon alors ne lui demande pas son avis, tu le prends comme acquis et tu le présentes à tout le monde comme si c'était ton mec. Si après il te pose des questions, tu lui réponds que t'avais oublié de lui demander et c'est réglé, essaye Rindo

— C'est peut-être pour l'instant la solution la moins conne que vous m'ayez tous donnée, reste à voir comment je fais... »

En soit, je sais ce que j'allais faire, dans quel contexte j'allais le faire. Mais le dire et agir sont deux choses radicalement opposées. Ces choses-là me stressent et je me sens inconfortable à les faire. 

Sans toi - KokonuiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant