Chapitre quatorze - Οὐροϐόρος

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Chapitre du point de vu de Kokonoi

Quelques temps c’était passé depuis que Inupi m’avait contacté pour renouer notre amitié. « Amitié », un mot qui me laisse bien un mauvais arrière goût dans ma bouche mais je ne peux m’en plaindre. On avance dans un sens qui est positif mais relativement doux. Je me rappelle encore de la première fois où nous nous sommes revus. On avait rendez-vous au restaurant le plus côté de cette ville, lui promettant que je lui payais sa commande. Je ne souhaitais pas l'inviter dans un vieil endroit miteux. Au début, personne n’osait parler. Je trouvais que je m’étais assez avancé pour faire ce premier pas et que c’était désormais à son tour de tendre la main vers moi. Alors, avec cette mentalité, c’était évident qu’on a peut-être mis une bonne vingtaine de minutes avant de prononcer le moindre mot et une dizaine avant de confronter nos regards. Puis, la conversation est allée facilement, racontant tout type d'anecdotes, faisant abstraction de ce qu’il s’est passé pour nous deux de notre côté pendant tout ce temps. Ce temps était réconfortant : cela avait rapidement soigné et balayé toute chose non-voulue de ma vie. Mon sourire était pour une fois tellement sincère que mon rire en sortait si facilement. Je pense avoir eu à contrecoups de grandes courbatures. À la fin, je n’ai pu résister à lui demander un autre rendez-vous. Encore et encore. Il ne semble pas en être mécontent tout de même. À croire qu’on avait bien besoin de ça tous les deux.
Ce soir, nous avons à nouveau rendez-vous, cette fois-ci posés entre le fleuve passant non loin et les rochers menant à la ville. J’avais pris la liberté de préparer un coin rien que pour nous, composé de coussins et de draps recouvrant le sol. Plaçant également une enceinte avec une playlist planifiée en amont. En même temps, je veux tout faire à des buts de le reconquérir. Je veux qu'il soit à nouveau le lover dans mes bras avec toute tendresse que possible dans ce monde.
Je le vois, cette silhouette que je pourrais reconnaître entre mille. Je souris à son arrivée, voir sa simple bouille m’a fait figurer ce sourire manquant de mon visage. Le voir est comme une bouffée d’air frais, cela ne peut vous faire que du bien.

« Salut
– Salut… »

Inui est vêtu d'une sommaire chemise blanche, rentrée dans son pantalon noir foncé. Avec cette tenue, il avait un certain charme qui me fait tomber, encore plus, sous son charme. Je ne peux le nier, sans lui dans ma vie je n'en serais qu'à un point bien bas de mon existence, là, à divaguer sans grand but.
Il prends place sur un coussin positionné en face de moi, une simple table basse d'appoint nous séparant.

« Tu veux boire quelque chose ?
– N'importe quoi à base de fruit si tu as, me répond-t-il doucement, mouvant sa tête en rythme avec la musique jouée. »

Le début de cette soirée se passa alors dans le calme, nous suffisant amplement. Les mots ne sont pas des nécessités quand les gestes et regards en viennent à compenser. Nous avons dansé, un peu. Mais nous nous sommes rapidement ravisés quand nous sommes, tous deux, tombés dans une position plus que ambiguë. Avec du retard, peut-être aurais-je dû tenter quelque chose à ce moment-là, au lieu de me défiler, comme toujours.
À présent, nous marchons tous les deux sur les flancs de cet immense fleuve, nous reliant avec la nature, qu'on vient à presque oublié dans ce monde si différent qu'est la ville. J'hésite, ai-je le droit de venir prendre sa main dans la mienne ? Il ne me regarde presque pas, obnubilé par la douceur de ce paysage. Et puis, qu'est-ce que j'ai à perdre ? Suis-je jaloux d'un simple fleuve ? Qui sait.
J'attrape délicatement sa main, lui laissant tout le temps nécessaire s'il souhaite se dégager de mon emprise. Sa main est incroyablement douce, j'en avais presque oublié cette sensation. Quand nous étions encore ensemble, je me rappelle de tous les produits qu'il venait à appliquer sur son corps pour avoir une peau aussi douce. Cela me faisait doucement marrer à l'époque, ne comprenant pas pourquoi dépenser autant d'argent dans des produits divers. À présent je comprends, si c'est pour que sa peau en devient presque addictive au toucher, c'est avec plaisir qu'il peut dépenser un demi-SMIC dedans. Cette pensée me fait doucement sourire, ce qui me vaut une réflexion de la part de mon compagnon de route.

« Qu'est-ce qui te fait rire comme ça ?
— Toi, t'es parfait, t'as bien le droit de me faire sourire par ta présence non ?
— Mmh, on va dire que je te crois. Et si c'était une technique de drague, laisse mon gentiment te dire qu'elle était à chier mon cher, rigole-t-il
— Tu ne connais rien en drague mon pauvre
— C'est vrai, à tel point que tu n'es jamais tombé sous mon charme légendaire, celui du grand Inui Seishu !
— Je vois que tu as gagné en assurance mon cher
— En même temps, je ne me laisse pas vaincre par le premier problème arrivant. »

Aïe. Ça, c'est une pique pour moi. Je sais que je lui ai fais mal et que, même s'il a réussi à faire semblant d'oublier, au fond, la blessure est toujours présente. Cela revient à réparer une vitre avec un pansement, on ne peut pas. On change de vitre. Si je suis la vitre dans cette comparaison, je ne comprends pas ce qui l'amène à être encore là avec moi. Je ne peux nier qu'il mérite mieux, je me le répète assez comme ça tous les jours. Mais, c'est ses décisions, s'il veut rester avec moi, je ne vais pas contester ses décisions. Ce n'est pas à moi que revient le choix de décider pour autrui.

« Koko ? Tu sais que ce n'était qu'une blague, ne t'en veux plus, c'est bon »

Ses propos hélas me fendent le cœur, c'est loin d'être à lui de s'excuser dans l'histoire. Mais bon, encore une fois, j'ai fauté, plus d'une fois, c'est vrai. Je ne peux plus rien y faire sauf de m'excuser et de veiller à ce que cela ne recommence jamais. Alors, je continue tant bien que mal à rester dans une position neutre et change de sujet.

Les minutes passent délicatement, à marcher ainsi, sans but. Ayant laissé tout ce que j'avais préparé comme si nous ne sommes partis. Les pas sont nombreux mais nos pieds ne ressentent rien, certains sont chanceux. Au bout d'un certain moment, Inupi s'arrête sans crier gare. Il me regarde, avec cette étincelle dans son regard. Celle à qui je ne peux rien refuser, celle qui me fait avec des centaines de papillons dans mon ventre. Je m'arrête donc à mon tour, la distance ne nous séparant que de très peu. On se jauge du regard, terrifié du prochain mouvement qui pourra être décisif. C'est lui qui vient à le faire. Il pose délicatement une main derrière ma tête, rapprochant sa tête très proche de la mienne. Nos souffles se mélangent, se valent avec celui de l'autre. Je n'ose parler, je ferme les yeux afin de profiter de cette proximité qui m'avait tant manqué. Pris d'un élan de courage, je viens à rapprocher encore plus la distance qui séparait nos lèvres jusqu'à ce qu'elle devienne moindre. Ce contact faut frissonner tout mon corps. Il m'avait manqué. De son côté, Inui appui le baiser, me rendant réellement aux anges. Hélas, nous nous séparons bien vite.

« Inupi, t'es sûr de toi ?
— Oui. Merde Koko, je t'aime.
— Je… Tu serais donc prêt à me laisser une nouvelle chance auprès de toi ?
— Oui, il ne coûte rien d'essayer… »

×

Désolé pour le retard de ce petit chapitre. C'est donc l'avant dernier, le prochain clôtura cette saga. Je n'ai pas commencé à l'écrire alors je n'ai qu'espoir qu'il arrive bientôt.
Sur ce, bon courage et à plus
En espérant que vous avez tout de même apprécié.

Sans toi - KokonuiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant