Chapitre neuf - Abîme toxique

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Chapitre du point de vue de Kokonoi


Je ne peux que m'y prendre à ma propre personne de la situation dans laquelle je suis. Enfermé. Dans une réalité où tu n'es pas là, une réalité sordide et amère. Cet univers où j'ai dû te lâcher, bien à contre-coeur. Je me sens attaché, des chaînes lourdes qui m'entravent, m'empêchant de te retourner. Malheureusement, ces chaînes ont un nom, une présence ainsi qu'une âme humaine. Quatres lettres guident l'enfer qu'est devenu ma vie. Ces chaînes m'en coupent les pieds, je ne peux plus avancer. Yüna ne le voit peut-être pas, ce qu'elle me fait subir est-il si peu perceptible ? Elle me parle sans cesse de cet avenir joyeux à ses côtés, de cette famille si parfaite qu'on pourrait créer. Un avenir mariés tous les deux, où je me lèverais avec ton visage à mes côtés. Où je ferais à manger, quand tu regarderas la télévision sur ton émission préférée. Où on ira chercher notre enfant, aux portes de la garderie, nous deux main dans la main. Où nous partiront en vacances, vivant follement notre amour comme si c'était le premier jour. Mais le problème c'est que ces pensées je ne les ai pour toi Yüna, mais bien pour mon amour le plus récent. Ces moments ont l'air si idéalistes et rêveurs, tu les rêves avec moi tandis que moi, j'y songe avec Inui. Bien que je l'ai peut-être perdu, définitivement, mais je ne cesse d'y penser, comment ne plus y penser ? On donne tant pour se mettre avec quelqu'un et on regrette si vite pourtant les mots qu'on a dit qui l'ont fait fuir. Y songer, nous hanter, figurer et faire semblant pendant des mois jusqu'à réussir à avoir. Tout ça pour balayer du dos d'une main. Une histoire de confiance brisée en est bien souvent la cause. Mais n'est-ce pas au final le minimum requis dans une relation ? Comment bâtissons-nous la confiance dans une relation ? Est-ce avec le temps ? Mais si le temps n'a pas l'occasion de s'y installer et que les premiers doutes arrivent dès les premiers jours, comment sommes-nous censés aller de l'avant dans une relation ? Une embrouille, puis une autre et encore une, est-ce cela qu'on appelle une relation toxique ? Quelles en sont les frontières d'une relation. Je m'entraîne au tréfond de mes pensées, hélas est-ce ma santé mentale basse qui me guide vers ces amères réflexions ?

Tout le monde me met pression pour reconquérir cette vie qui m'attends avec Yüna, ils me disent de faire semblant si mes sentiments sont partis. Je ne sais pas s'ils sont partis, c'est ainsi le problème. Il n'est pas impossible d'aimer plusieurs personnes à la fois mais je suis sûr que les sentiments que j'ai pour mon cher Inupi sont bien plus forts et réels. Ceux que j'ai avec Yüna eux n'ont pas changé, ils ont simplement stagné. Mais était-ce de l'amour ou bien juste un sentiment semblable, comme vouloir remercier cette personne de m'avoir aidé dans les situations qui m'étaient difficiles. Il est sûr que l'amour peut souvent être confondu avec tout autre type de sentiments et c'est pourquoi je n'ai envie de rester plus longtemps avec elle, elle qui m'aime réellement, je n'ai pas envie de lui fournir de faux espoirs. Je n'ai pas envie qu'elle base sa vie autour du faux qu'on m'impose. Elle est libre de sa propre vie. Je ne veux bien évidemment pas fuir mes responsabilités, c'est bien moi qui l'ai engrossé. C'est une vie qui sort de mon être qui va voir le bout du jour. Je suis accablé de ce poids, je ne sais comment me relever ou bien positionner un pied devant l'autre. Ces gestes pourtant intuitifs ne me sont plus possibles à l'heure actuelle.

D'un autre côté, je vois ou bien j'espère voir cet homme que j'ai quitté, le sourire au lèvres, à refaire sa vie comme il le mérite, avec quelqu'un de bien meilleur qui saura l'écouter sans lui mentir. J'espère qu'il n'a pas trop mal prit la réaction de cette nouvelle, pour lui faramineuse. Le connaissant, fort comme il est, il a dû m'oublier, penser à autre chose. Qui sait, peut-être qu'avec ces quelques mois d'absences il s'est remarié ? Espérer pour lui le meilleur me fait mal, penser au fait que quelqu'un d'autre puisse le toucher, cette trouvaille que j'ai eu, je le refuse au plus profond de soit. Mais, vu comment j'ai agi, disons honnêtement, comme un gros con, il mérite de penser à autre chose, il mérite de retrouver une routine quotidienne où je n'y suis plus.

Ne pas revoir sa tête est un supplice mais craquer serait encore pire. Après je retomberais encore bien plus bas, s'il est heureux, je me dirais que je n'aurais jamais dû entrer dans sa vie et qu'il est bien mieux sans moi et s'il est triste je me dirais que c'est ma faute. Dans tous les cas, je regretterais pour lui le fait que je sois entré dans sa vie. Je suis anéanti, aucune chance de remonter cette lourde pente. Alors, puis-je faire des actes qui me feront aller pire ? Je ne pense pas.

J'ouvre donc Instagram, sous un faux compte, l'ayant de toute façon bloqué pour qu'il ne puisse faire de même. En scrollant dans ses publications, je ne vois que des paysages de soirées, cadavre de bouteilles, mégots environ partout, la silhouette de ses amis, rien de bien trop alarmant. En y regardant de plus prêt, sur la même publication, étaient disposées sept photos consécutives, toutes dans le même style. Cependant, quelque chose me faisait tiquer, ces photos n'avaient pas été prises le même jour ou bien à la même soirée. Peut-être que mon avis se faisait notamment aux lumières de couleurs différentes sur les photos mais également aux paysages divers. Certaines étaient chez moi, d'autres chez Draken mais le pire d'entre-elles était quand elles étaient chez Sanzu. Pourquoi diable était-il retourné chez lui ? Ma curiosité malsaine me forçait à en vouloir plus. Ma seule théorie était que pour lui, désormais les soirées étaient devenues routinières, sûrement pour se morfondre ou bien pour oublier, et la personne qui l'enfonçait au plus bas dans toute cette affaire avait un nom, Sanzu. Est-ce que son post était un appel à l'aide ? Ou bien était-il juste présent car il savait que j'allais le voir ? Voulait-il que je m'enfonce encore plus loin dans cette tristesse qui hante mes nuits. Je suis en colère, colère contre moi, contre mon entourage me forçant à avoir cet enfant, ma femme me faisant un poids constant sur les épaules, elle qui est de base sensé m'épauler et m'aider, réussissant étragelent à faire tout le contraire, contre Inui qui cherchait comme un con à me rendre jaloux, contre ce futur enfant que je ne désire pas, que je serais plus heureux s'il venait à brûler dans les flammes, contre ses pseudos-amis qui n'en sont pas des vrais, vu comment ils poussent Inui à faire des soirées, à se torcher la gueule et aussi de se défoncer, certainement à coucher avec la première personne qui vient. Mais je suis surtout en colère contre Sanzu. Cette colère me pousse à cliquer sur son profil, regardant ce qu'il faisait pendant ces soirées. Espoir et cœur s'étaient brisés, tout ça pour faire place à la rancœur. Une storie, voilà ce qui me pousse dans mes derniers retranchements, Sanzu en train de dévorer la cavité buccale de mon ex. Accompagné de ça, les mains baladeuses d'Inui, l'attrapant férocement par ses fesses, laissant nul doute à leur relation. J'ai certainement besoin de faire pareil, de me relever, de profiter de ma vie sans rêver d'autre. Mais je ne peux pas, mettre fin à cette magie me tord, je sais que cela est au-dessus de mes forces. Et puis, il est jeune et à l'âge de profiter. Soyons réalistes, la moitié de mes camarades datant de l'époque du lycée sont désormais mariés, avec enfants. Sont-ils heureux ? Ça ne dépends en soit que d'eux-mêmes et je ne peux pas savoir mais suis-je le seul dans mon cas ? Restreint à devoir me marier et fonder une famille car j'ai engrossé quelqu'un ? Les comptes de fées sont bien beaux mais la réalité nous rattrape bien vite. Petit j'avais imaginé cette vie, une vie où je viverais avec une femme que je couvrirais d'amour, où ensemble nous irions à la bibliothèque chaque week-end, où nous aurions eu 5 enfants, tous âgés d'à peine un an de différence, qu'ils puissent devenir meilleurs amis entre-eux. Que j'ai le métier de mes rêves, sans devoir me soucier d'argent, une maison très grande, avec piscine et dépendance. Même peut-être une écurie ou bien un terrain de golf, une maison où je rendrais tous mes amis jaloux et qu'ils voudront bien souvent venir. Tout cela n'était que des rêves de gosses, désormais plus j'avance plus je fonce dans le mur. J'avais pourtant essayé de suivre ce projet de vie mais les mauvaises notes, les écoles m'ayant refusés, le manque de courage sur des occasions qui auraient pu me faire rêver. Voilà où je me trouve à présent, un pauvre banquier, n'ayant même plus le contrôle de sa vie en main. À partir de quand tout à changé ? Dis-moi Inui, à quel moment tout à foiré ? Est-il trop tard pour te récupérer ? Pouvoir me loger une dernière fois dans tes bras ? Puis-je au moins me racheter ? Est-il trop tard pour prendre ma vie en main ou dois-je tout recommencer dans une prochaine vie ? Dis-moi. J'ai besoin de réponses. 

Sans toi - KokonuiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant