Chapitre douze - Remords

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Chapitre du point de vue d’Inui

J’avais retrouvé un peu d’espoir en croyant que la situation, telle qu’elle se présentait actuellement, ne pouvait devenir pire. Cela m’avait donné maigre force de me relever. Pourtant, cette nouvelle devait arriver. Pourquoi avait-elle décidé de tomber ? Que s’était-il passé dans sa tête au final, pourquoi avait-il démontré tant de violence à son égard ? Je suis dans une incompréhension des plus totales. Je comprends au final pourquoi il n’avait pas répondu à mon texto : il croyait donc que j’étais au courant, que je savais que c’était lui qui avait frappé Sanzu et que donc j’avais tout mis à son nom. Depuis, les deux frères étaient repartis et m’avaient laissé là, perdu dans mes pensées, songeant à quoi faire désormais. Mais morphé ne m’avait laissé s’y plonger, me laissant à affronter seul mes pensées. Je sais que j’ai besoin au plus vite de voir mon psychologue. Reconnaître cela me fait peut-être un grand mal. Pour moi, cela revient à reconnaître les limites de mon être alors qu’au final, je sais bien que cela est normal, que tout le monde devrait en avoir un. Finalement, je n’ai pas dormi, ne serait-ce qu’une seule minute. Par ma fenêtre, j’observe les premiers rayons apparaître. Le ciel commence à apparaître dans sa couleur bleutée. J’en viens alors à regarder l’heure : sept heures trente. Je le sais, je dois me lever, Draken m'attend. Je ne sais pas comment je vais réussir à tenir le rythme de cette journée. Je sais que mon ami voudrait que je fasse le moins possible, connaissant parfaitement mon état, mais je ne peux plus le laisser faire. Depuis ces derniers mois, je ne fais que me reposer sur lui. Je lui délaisse toutes mes tâches légèrement trop lourdes mentalement pour moi. Mais il est enfin temps que je me reprenne, que j’aille voir moi-même les investisseurs, que je me charge également de la communication autour de notre boutique, que je fasse aussi mon rôle de trésorier. Il est loin d’être aisé d’être à la tête d’une très petite entreprise, de devoir tenir toutes les charges soit même, toujours être dans le règlement et ne cesser d’attirer de nouveaux clients. Imaginez donc, laisser tout ce travail, encore plus longtemps, à mon ami. Il n’a rien fait pour mériter ça. Et, si je marche encore comme je l’ai fait, pendant un certain bout de temps, autant que je prenne ma décision de démission et que, ainsi, Draken puisse embaucher quelqu’un de confiance avec un sérieux professionnel sur ces engins également. Je mange un bref repas, de quoi pouvoir me sustenter jusqu’à l'horaire non défini de la pause de midi, ainsi que des brefs habits. Je dois dire que je ne fais plus trop d’efforts ces derniers temps. Certes, je devrais porter la tenue du garage pour éviter d’abîmer mes autres vêtements, mais, tout simplement, je n’en ai envie aujourd’hui. Alors, parcourant mon dressing, je trouve un simple jean noir ainsi qu’un haut blanc. De toute façon, je doute qu’il y ait à faire des réparations en ce début de semaine. Je ne sais pas, un feeling. Une fois cette routine achevée, je me mets donc en route, mon casque sur mes oreilles, semblant me transporter à des lieues d’ici, bien que le trajet pour rallier la boutique n'est que de cinq petites minutes à pied. Cela me procure bien souvent un brin de joie et de bonheur, une note positive sur laquelle commencer la journée, avant d’être assailli par des clients par forcément tous agréables.
Je pousse la porte de la boutique, entendant la légère sonnerie prévenant que quelqu’un est entré. Aussitôt, Draken relève la tête afin de m'accueillir. Je sens déjà l’odeur de toute cette mécanique sur le pas de la porte. Je prends temps d’observer la boutique, voir si je ne peux pas ranger deux ou trois choses le temps de commencer cette future discussion.

« Alors, tu vas mieux ? T’es sûr que tu te sens d’aplomb à reprendre, tu peux te reposer, tu sais, t’es pas obligé de reprendre de suite et puis…
— Mec, l'interromps-je, arrête de m’assaillir avec toutes ces questions, je vais bien. Enfin, assez pour reprendre quoi, tu ne gères pas cet endroit tout seul, c’est aussi ma responsabilité.
— Tu sais, toute cette période où t’étais pas là, je n’étais pas seul… avoue-t-il d’un air assez gêné
— Aussitôt, tu me remplaces, j’en suis fortement blessé, argh mon cœur souffre, plaisante-je en mettant ma main sur mon cœur, accompagnant ainsi mes dires.
— Tsss, t’es con.
— Non mais au final, je suis content pour toi, tu sais, tu peux l’embaucher à plein temps, ça ne me dérange pas. Et puis ça te fera une excuse pour le voir plus souvent, toi qui veux tout le temps veiller sur lui. Et puis ça a aussi été d’une certaine part un de tes rêves de tenir une échoppe avec Mikey alors, qu’est-ce qui t’en empêche ? »

Sans toi - KokonuiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant