L'élu

Prologue : le commencement

L'obscurité reignait en maître dans le vide immense. Ce n'était pas l'obscurité d'une nuit nuageuse sans lune, ni celles des fonds océaniques les plus profondes, ni même l'obscurité totale d'une tombe.

La lumière n'a jamais existé, n'existera jamais, ne pourra jamais exister dans ce vide.

Il existe au-delà du concept de forme, de temps, de masse ou d'énergie. Il lie chaque monde, galaxie, univers et dimension les uns aux autres, mais il les maintient également séparés.

Rien ne peut y exister, car ce n'est pas tant un lieu qu'une idée, un concept métaphysique.

Pourtant, une voix perça l'obscurité dévorante.

-"Tout a été préparé ?"

-"Les clef sont formés ; le receptacle est préparé." Une autre voix sibilante répondu

-"Notre sort est jeté ; l'Elu choisira." Une troisième voix, profonde et résonnante.

Sur ses talons, des dizaines, des centaines, des légions infinies scandérent "Que leurs chemins soient vrais".

Le pouvoir s'accumula dans le vide. Il coula, se torda, et chercha à former une toile à travers un espace sans limites. Des vrilles creusèrent des tunnels à travers les dimensions, violant l'inviolable. Chacune d'elle se tordait, passant sans forme à travers d'innombrables mondes. Un par un, après des minutes, des heures, des années, des siècles, ils trouvérent des candidats adéquat et s'y accrochérent, puis s'enfonçérent à nouveau à travers l'espace et le temps vers leurs points d'ancrage.

Sous le regard d'innombrables entités, les vrilles commencèrent à pulser. D'abord un, puis un autre, puis des dizaines à la fois, transportant leurs élus vers les destins qui les attendaient ailleurs, à un autre monde. Aventure qu'ils cherchaient, et aventure qu'ils trouveront, chacun à sa façon : nouvelle vie, nouveaux amours, ennemis et amis, maisons et foyers. Et, un par un, les vrilles se flétrirent et moururent, coupant la connexion, laissant le Vide intact une fois de plus.