Ils parlent, ils parlent,
Ils crient, ils gueulent.
Ils parlent à leur place,
Prennent tout l'espace.
Ils parlent, hurlent à pleins poumons,
Allument les braises ardentes,
Ils jugent, s'exclament, expriment toute leur haine,
Oublient qu'elles sont aussi humaines.
Ils parlent, pensent tout haut,
Les laissent dans le noir,
La bouche close.
Ils parlent, insultent sans cesse,
Celles qu'on a un jour appelées « princesse »,
Ils crient, oublient celles qui sont.
Les mots cruels, brisant ce qu'elles ont de plus cher,
Brûlants, durs, destructeurs,
Les laissent dans le malheur.
Ils parlent, ils parlent,
Ils crient, ils gueulent.
Ils offensent, ils écrivent,
Commentaire sur commentaire,
Les faisant tomber plus bas que terre.
Ils rient, se moquent,
Continuent encore.
Sale pute, salope, conasse,
Vas te faire foutre en enfer.
Elles pleurent, accusent le coup,
Elles se taisent surtout.
Comme gravés dans leur chair,
Les mots, plus forts que les gestes,
Les marquent au plus profond de leur être.
Ils détruisent tout sur leur passage,
La confiance ébranlée par la suffisance.
Alors elles restent dans leur coin,
Dans le noir,
Entre elles.
Et elles font ce qu'on leur a appris à faire.
Elles se retournent les uns contre les autres,
Plutôt que contre ceux qui sont réellement responsables.
Elles se battent, s'insultent, accusent.
Que peuvent-elles faire d'autre ?
Mais au fond, tout au fond de cette fosse de destruction,
Elles espèrent encore.
Elles espèrent une meilleure fin,
Pour les sœurs, leurs mères, leurs amies, leurs petites-amies,
Elles espèrent que l'une d'entre elles se lèvera,
Contre cette dictature du patriarcat.
Mais elles n'osent pas être celle-là,
Elles ont peur des conséquences,
De ce qui pourrait leur arriver.
Alors, elles restent dans les ténèbres,
Et elles espèrent.
Ils parlent, ils parlent,
Ils crient, ils gueulent.
Ils les réduisent au silence,
Font ce qu'on leur a appris.
Personne ici n'est libre,
Ni elles ni eux,
Ils ne font qu'obéir à des règles,
Depuis longtemps établies.
Et ne cherchent pas à les renverser.
Car ils et elles ne connaissent rien d'autre.
Ils et elles ne peuvent pas imaginer un autre monde.
Un monde d'équité,
De paix.
De réelle liberté.
De sororité et de fraternité.
C'est trop dur de voir si loin,
De crier ce qu'elles pensent,
Ou ce qu'elles ne pensent pas,
Car personne ne les laissent faire.
Alors elles restent à leur place, dans le noir.
Alors ils restent à leur place, dans la lumière aveuglante,
Qui eux aussi les empêche d'être.
Être.
Vivre.
Pleinement, librement, entièrement.
Être.
Soi et non ce que les autres veulent voir.
Vivre.
Pour être heureu-se-x et non pour les rendre heureu-se-x.
Être.
Libre.
•••
N.d.a :
Je sais que ce n'est pas toujours facile d'être. Surtout dans un monde comme le nôtre, qui nous crée de nouvelles épreuves chaque jour, nous enferme continuellement dans des cases, nous façonne d'une seule manière, nous empêche d'être libres.
Je sais que c'est dur de se lever, de prendre la parole et de se battre, je sais que tout le monde n'en est pas capable. Je sais que je ne suis pas parfaite, et que je ne nous représente pas tou•te•s mais tout ce que je souhaite c'est que chacun•e en ce monde puisse se sentir libre, et accepté•e tel qu'iel est, aimé•e, compris•e.
Je sais qu'être est un acte de courage, et que ce n'est pas la solution de la facilité, mais c'est le seul chemin qui peut nous mener vers un semblant de liberté, d'équité, de sororité et de fraternité.
Je sais que les promesses qu'on nous fait s'envolent dans l'air un instant après avoir été prononcées, je sais que le monde n'est pas aussi rose qu'on veut nous le montrer, mais pour une fois j'ai envie de croire qu'il reste un espoir. En nous tou•te•s. Comme une braise ardente, alimentant des flammes brûlantes qui jamais ne s'éteindront.
J'ai envie de croire que nous avons un avenir en ce monde en ruines. J'ai envie de croire qu'il nous reste une chance. Mais cette chance, elle n'existe que parce que des gens en cette terre sont audacieu•ses•x, intelligent•e•s, rebelles, indigné•es, engagé•e•s. Qu'on ne peut pas les mettre dans des cases car iels sont humains, iels sont.
Tout ce que je souhaite maintenant c'est que nous soyons. Ensemble. Que nous nous tenions la main, et que d'un souffle commun, nous embrassions le monde et nous soyons.
Que nous nous battions pour nos droits, pour la planète et pour l'avenir, que nous faisions entendre nos voix, enragées peut-être mais n'en formant qu'une, que nous nous levions, nous lisions, nous écrivions pour que nos efforts ne soient pas vains.
Je sais que nos actions sont parfois petites, minuscules, et que nous avons l'impression qu'elles n'ont pas d'impact, mais, j'en suis convaincue, c'est l'ensemble de ces petites actions qui forme une grande action et enfin une révolution.Elle n'attend plus que vous, alors soyez.
Pleinement, complètement, intégralement, soyez vous.
Tachée d'encre
VOUS LISEZ
Recueil de poèmes et de textes [En cours d'écriture]
PuisiUn recueil de petits poèmes sortis tout droit des tréfonds de mon imagination, et de textes venus du plus profond de mon coeur... Parfois sentimentaux, parfois engagés, des poèmes et des textes très divers, faisant de ce recueil une sorte de journal...