Elles

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La première fois, j'ai cru voir quelque chose au fond de tes yeux. Tu m'as regardé longtemps et j'ai eu le temps de suivre chaque contours de ton visage, de suivre des yeux la carte que dessinait tes tâches de rousseurs, j'ai eu le temps d'entrapercevoir le trésor au quel elles menaient avant que tu ne fermes tes yeux.

Tes yeux si bleus que j'aurais pu m'y noyer, si bleus que j'aurais aimé ne jamais les quitter et à jamais y rester.

Souvent je me suis demandée si un jour j'aurais la clé pour ouvrir le trésor que tu cachais, et si un jour je pourrais voguer avec toi sur la mer de tes iris, sans jamais songer à la plage où je reviendrais après avoir découvert les horizons de ton cœur et avoir suivis toutes les cartes qu'il existait sur ton corps.

Et pourtant, c'était juste quelques secondes.

La deuxième fois, j'étais fatiguée et tu m'as dis que j'avais trop rêvée. J'avais tant rêvé que j'aurais aimé ne jamais me réveiller, et j'avais cru voir milles fois l'océan et les coquillages qu'elle cachait avant de les rejeter sur le sable d'une plage si lointaine à l'horizon. Et alors que je croyais rester à jamais dans ce rêve, j'avais ouvert les yeux et je n'avais plus réussi à me rendormir parce que c'était un rêve trop faux, irréel, jamais je ne pourrais voguer sur cette océan que je convoitais, et pourtant j'y croyais.

Toute la journée, j'ai vu les peintures bleues et rouges qui parsemaient ton corps, et je n'arrivais pas à m'en détacher, c'était une tâche sur la carte, un obstacle, je voyais bien que tu avais du mal, que ça te faisais mal, et que tu voudrais à jamais effacer ces peintures d'un coup de pinceau.

Et pourtant je n'en avait aucun, même si j'aurais tant voulu te promettre qu'un jour je balayerais toutes tes douleurs avec que le feu si ardent qui me consumait à chaque fois que les rivages de ton océan m'engloutissait.

La troisième fois, et pourtant c'était la première fois, la première fois que je pouvais te parler sans être enfermée dans une salle exigu avec pour seul passe temps l'écoute de la craie qui crissait sur le tableau à chaque fois qu'une idée pertinente fusait. J'avais peur, si peur que j'ai fui l'océan et me suis laissée avaler par l'incendie que je voulais t'offrir.

Les couleurs tournaient autour de moi, tout était trop colorés, le carrousel où des chevaux montaient et descendaient était si flous que j'ai crus qu'il n'existait plus. J'avais froid, trop froid, et même la chaleurs des brochettes enfumées qu'ont avaient avalées semblaient complètement absurde face au froid qui éteignait le feu que j'avais conservé et que je souhaitais t'offrir.

J'avais peur, peur de ne plus pouvoir trouver le trésor que tu cachais et de ne jamais trouver un cœur semblable au mien du coté de ton océan, qui, j'en avait peur, ne brûlerait sans doute jamais.

La quatrième fois, c'était juste la deuxième pourtant, la deuxième fois que je te voyais hors des jours sombres et ternes régis par un emplois du temps qui ne faisait que se succéder. Je sentais une flamme s'éteindre, arrêter de briller, et ne laisser derrière elle qu'un tas de cendre.

Je croyais que plus jamais je ne brillerais du feu que tu avais réussis à allumer à l'intérieur de cet organe qui battait la chamade à chaque fois que je te voyais.

J'avais les yeux brouillés, je voulais hurler, crier et me taire, ne plus réfléchir à toutes les contradictions qui me traversaient l'esprit, et chasser définitivement ce tas de cendre qui vivait toujours au fond de moi alors que les flammèches subsistaient toujours. Et je n'ai pas vu que tu avais peur, que tu tremblais, que tu voulais crier, hurler, te taire, et que pourtant tu me parlais sans t'interrompre, que les mots de ton esprit dévalaient les cascade de tes paroles.

J'ai sentis le tas de cendre se relever alors que tu y lâchais des allumettes incandescentes, alors que tu tremblais en espérant que ces allumettes permettraient d'allumer ne serais-ce que les 3 flammèches espérées. Mais tu sais, je n'avais pas besoin de fins bouts de bois pour t'aimer, parce que je le savais, je connaissais le phénix qui renaissait au fond de moi, et je venais de connaître le tien.

Et je t'aimais, je t'aimais à en mourir, à en crever, pour consumer les peintures qui te couvraient, pour trouver la clé du trésor et t'emmener avec moi dans la grotte qui l'abritait, pour qu'ici naisse un amour rouge, un amour bleu, une mer de feu que je voulais préserver.

Et tu m'aimais, tu m'aimais jusqu'à en vivre, jusqu'à ne plus vouloir mourir, tu m'aimais et je ne l'avais pas vu, quand tu parcourais la jungle dans mes yeux et quand tu avais peur de ne pas réussir à la regarder, parce que tu m'aimais à en pleurer un océan où tu te noyais là où je ne voyais que mon reflet alors que c'était tout simplement tout corps, et pas le mien, qui s'était perdu dans l'immensité de cette mer existentielle que le feu avait ravagé sauvagement.

Et pourtant, je savais que maintenant je pouvais dire « nous », tu pouvais dire « nous », et que plus jamais ce feu ne consumera nos deux cœurs, puisqu'il consumera le monde entier.

Les recueils d'une vieille chouetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant