in metaphor, solace.
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Le feu consume Maki comme la colère l'a longtemps réduite à l'état d'esclave, enchaînée à sa propre haine et sa propre amertume; avec passion, en souffrance et sans jamais s'arrêter.
Shibuya lui a semblé froid dès l'instant où elle y est entrée, quelques heures plus tôt. Au fur et à mesure des combats, son corps s'est réchauffé, mais le gris des murs et le goût de mort ont été trop imposants pour lui permettre de n'être rien d'autre que gelée.
Pourtant, allongée sur le carrelage dur de cette gare théâtre d'atrocités innommables, elle brûle. Et bien qu'elle aimerait que ce soit une macabre métaphore, bien qu'elle n'a pas complètement conscience de ce qui est en train de lui arriver, elle sait qu'elle n'a plus froid.
Elle a mené tellement de batailles en l'espace d'une simple soirée qu'elle n'ose même pas s'imaginer ce que bouger lui coûterait tant ses muscles sont affaiblis, réduits à l'état de simples épaves qui la maintiennent clouée au sol. Tout ce qui lui reste sont ses pensées, mais elle ne veut pas de cette rétrospective clichée de sa vie qu'elle voit se jouer sous ses yeux dans ses derniers instants. Ce qu'elle désire par-dessus tout, c'est un peu de paix. Le droit de ne pas être courageuse rien qu'un temps, de se laisser s'éteindre sans être blâmée pour sa lâcheté ni sa faiblesse.
Ces deux termes, ils sont pourtant la raison même pour laquelle elle est dans cette situation cauchemardesque, qui lui donne le sentiment d'être un oiseau dont le nid est fait d'aiguilles et non de paille. Ils sont le parfait résumé de comment elle a été perçue à une époque mais aussi de ce qu'elle a désiré fuir à tout prix; même si cela signifie saigner, même si cela signifie mourir.
En cet instant, elle n'est plus la jeune femme forte parvenue à s'émanciper et à inspirer d'autres à en faire autant. Elle est à nouveau la petite fille destinée à, plus tard, se marier à un homme qui marchera toujours trois pas devant elle. Apeurée, impuissante et dans l'attente d'une libération qui ne viendra peut-être jamais, elle n'est en la compagnie que de ce dans quoi elle est née et ce qu'elle aurait voulu abandonner pour de bon avant de disparaître.
Pourtant, ce statut de femme promise à un avenir déplorable est la source même de qui elle est, aussi se laisse-t-elle aller à cette peine qu'elle a longtemps étouffée dans l'espoir qu'elle périsse, en vain.
Elle se remémore les longs couloirs austères de la demeure qu'elle a habitée toute son enfance durant, et se souvient les avoir arpentés plus de fois qu'elle ne pourrait le compter. D'abord d'un pas léger, puis venue l'heure de la puberté, en bombant le torse pour mettre en valeur ce que les adultes de sa famille nommaient des atouts, des armes. Un critère non négligeable pour elle, simple future épouse aux yeux de ceux qui ont contribué à pervertir le monde de l'exorcisme pourtant déjà source d'immondices, cet univers où la douleur des uns cause celle des autres en engendrant des monstres dénués de conscience.
Elle se remémore Mai et sa main qu'elle a si souvent tenue dans la sienne, morceau de chair tiède dont elle se languit tant dans les moments où elle se sent seule, perdue dans le tourment de sa jeunesse.
Mais par-dessus tout, elle se souvient de la force qu'elles ont toutes deux eue quand l'heure du départ a sonné. Elle n'oubliera jamais cette bravoure par laquelle elles ont été revigorées, avant d'être affublées du statut d'incompétentes dans leur domaine de prédilection. Et bien que ce soit ensemble qu'elles sont censées fonctionner, en dépit de l'amour qu'elles se portent depuis le ventre de leur mère, les hommes et la hiérarchie qu'ils ont instaurée les ont séparées parce qu'elles n'ont pas été capable d'être de simples souffre-douleurs à qui toute puissance avait été arrachée.
Maki cesse de penser le temps d'une seconde. La douleur qui rampe sur sa peau déjà métamorphosée par endroits est la seule chose sur laquelle elle parvient se concentrer, dévorée vivante par cette souffrance physique qui pallie à l'affliction qu'elle abrite en son sein. Elle sait qu'en ce bas-monde, il y a les forts et il y a les faibles, et le comble pour une fille comme elle est de ne pas savoir où est-ce qu'elle se situe en dépit de tous les efforts qu'elle a fournis jusqu'à ce jour.
Être exorciste est suffisant pour certains, mais de sa part à elle, honte de l'un des clans les plus influents de ce monde qui la fait se sentir vivante autant qu'il la tue à petit feu, toujours plus est demandé. Remplir les mêmes attentes qu'un exorciste classique alors que la moitié de son pouvoir lui a été retiré à la naissance, conserver sa beauté si primordiale et indispensable aux yeux des hommes, ne jamais se plaindre de tout cela. Il lui faut être tout et rien à la fois; briller comme si elle était promise à un avenir des plus gratifiants mais récolter autant de reconnaissance que si elle n'était personne.
Pourtant, elle sait que la plus profonde source de laquelle s'écoule sa valeur vient d'un puits qui porte le nom du courage. Si elle est si fière et droite, si elle a le cœur de continuer à exister en dépit de l'inexorable conviction qu'elle était vouée à l'errance ainsi qu'à la solitude pour toujours et qui l'a habitée pendant trop longtemps, c'est parce qu'elle s'est affirmée en un jour si banal pour d'autres mais qui a marqué un tournant dans sa vie à elle. Si Maki est Maki, c'est grâce à cette force gonflée de vigueur et de ténacité dont elle peut se vanter sans pudeur.
Quoique ça ne l'a pas menée à la gloire qu'elle s'était imaginée avec tant d'ardeur, tandis que sa fin lui semble trop violente et prématurée, elle sait qu'avoir eu l'occasion de dire sa vérité justifie tous les sacrifices qu'elle a pu faire jusqu'à ce jour.
Et tout bien considéré, elle ne troquerait contre rien au monde la haine qu'elle imagine avoir envahi les plus influents de son clan quand sa fuite si symbolique leur a été annoncée.
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cette première partie est assez courte et je pense que les autres suivront le même schéma, parce que y'a pas de plot à instaurer ou même de personnage à introduire mais ça me plaît de travailler sur un nouveau format !! je veux vraiment (attention ça va sonner bizarre) entrer dans les profondeurs du personnage de maki, parce que je pense qu'elle a le potentiel d'être un modèle pour beaucoup de personnes qui ont du mal avec leur identité et la place qu'ils occupent dans ce monde
la morale de cette partie peut paraître toute bête, mais affirmer qui vous êtes vaudra toujours plus le coup que de suivre les standards instaurés par d'autres. demandez-vous pourquoi vous voulez être ce que vous voulez être, suivez le chemin qui vous ressemble le plus et n'en retirez aucune honte
j'espère que ce début vous a plu !! on se retrouve plus tard pour la suite, je vous souhaite de passer une bonne semaine et de bien prendre soin de vous !! à plus dans le bus,
Mauranne
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𝐋𝐄𝐒 𝐐𝐔𝐀𝐓𝐑𝐄 𝐋𝐈𝐁𝐄𝐑𝐓𝐄𝐒. | maki zenin
FanfictionMaki ne s'est jamais vraiment intéressée à l'art, trop occupée à bâtir son corps et fortifier ses valeurs pour accorder du temps à ce monde parfois aussi concret que superficiel. Pourtant, le jour où elle se sent presque partir, elle n'est qu'en la...