Wishful Thinking

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Ils s'étaient préparés à recevoir des quolibets, des moqueries, mais rien de tout cela n'arriva.

A la place, ils reçurent quelque chose de pire, de bien pire.

Le silence.

Le monde continuait de tourner. Seulement, il le faisait sans eux.

Personne ne leur adressait plus la parole ; à leur passage dans les couloir, les gens s'écartaient comme s'ils n'étaient rien d'autre que des pestiférés, cette tâche sur le sol qu'on évite.

La goutte d'eau qui fit déborder le vase arriva durant leur cours de français.

Comme à son habitude, Viola avait levé la main pour poser une question. Seulement voilà... M. Sora l'avait tout bonnement ignorée. Impossible de dire qu'il ne l'avait pas vu, car elle était la seule à avoir la main levée à ce moment-là.

Quelque chose se brisa en Ymir quand il la vit baisser lentement sa main d'abord, puis sa tête.

Ses soupçons furent confirmés lorsqu'une autre élève posa une question quelques secondes plus tard à laquelle leur professeur « préféré » n'hésita pas à répondre.

Des larmes se formèrent bientôt sur le visage angélique de Viola. Quant à Ymir, il bouillonnait.

« C'est injuste... c'est injuste... c'est injuste... » ne cessait-il de se répéter.

Mais s'il était honnête avec lui-même, il devait reconnaître qu'il en avait toujours été ainsi. La vie ne lui avait jamais vraiment souri. Ni à lui, ni à Viola.

                ***

—Crois-tu en Dieu ?

Ils étaient de nouveau sur le toit du lycée. Dès que la sonnerie avait retenti, Ymir s'était précipité vers Viola et l'y avait emmenée, sans même s'arrêter à la cafétéria. Il n'était pas sûr qu'elle avait faim de toute façon.

—Oui, répondit-il après un moment d'hésitation.

—Crois-tu qu'il nous aime, toi et moi ? enchaîna la jeune fille.

A cette question, cependant, Ymir ne sut que dire.

Il but une gorgée de la canette de Coca qu'il avait dans la main, boisson qu'il avait prise dans le frigo chez Viola, juste avant que son chauffeur ne les dépose au lycée.

Il remarqua qu'elle le fixait. Elle attendait une réponse.

—Parfois, je me dis que oui, parfois je me dis que non, finit-il par dire.

Viola hocha la tête, comme pour dire qu'elle comprenait. Elle comprenait toujours.

—Ma mère me le dit tout le temps, que Dieu m'aime, dit Viola de sa petite voix fluette. Elle me dit qu'il a un plan pour moi et qu'il ne se trompe jamais.

Elle fit une pause avant de poursuivre :

—Si c'est vrai, pourquoi est-ce que je me sens si mal dans ma peau... ?

Ymir but une autre gorgée de son Coca. Il attendit patiemment la suite, savant à l'avance ce qu'elle s'apprêtait à dire, le sujet ayant déjà été abordé un nombre incalculable de fois.

—J'aurais aimé être un garçon...

Voilà. Elle l'avait dit. Il savait ce qu'elle attendait de lui, alors il le lui donna :

—Et moi, une fille.

Au-delà du voileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant