Vers 18 heures, me voilà de retour à l'hôpital. Et quoi de mieux pour commencer mon service ? Une petite visite à Hermès Gray. Une fois que le policier ait vérifié que tout est en état, je rentre.
- Oh, bonsoir Louve, fait-il.
- Bonsoir Hermès.
- Je me demandais quand est-ce que tu allais revenir, je commençais à m'ennuyer.
- Il faut que je prenne ta température alors s'il te plaît, ne me complique pas la tâche.
- Très bien, tu vas me la faire en frontale ou est-ce que j'ai besoin de me retourner ? demande-t-il avec un sourire joueur sur le visage.
- Je te trouve bien serein pour quelqu'un qui va connaître la peine de mort dans quelques semaines.
Son visage se ferme instantanément. Puis, un sourire cruel nait sur ses lèvres.
- Tu penses vraiment que je ne suis pas assez malin pour pouvoir m'en sortir ?
- Eh bien même avec le meilleur des arguments, ça m'étonnerait qu'ils te laissent t'en sortir.
Un rire lui échappe.
- Ce n'est pas vraiment ça que j'avais en tête.
Je fronce les sourcils, mais il ne s'explique pas, alors je me contente de m'approcher de lui, le thermomètre à la main. Je le pointe vers son front. Mais au moment de prendre la température, mon poignet frôle son bras et je sursaute, puis recule instantanément. Il hausse un sourcil.
- Est-ce que mon contact est si électrisant que ça ?
- Je sais quel genre d'homme tu es.
Un grand sourire prend à nouveau place sur son visage.
- Et alors ? Je te terrorise ? Est-ce que à chaque fois que tu t'apprêtes à entrer dans la pièce les cheveux sur ta nuque se redressent ? Est-ce qu'une marrée de frisson t'envahit corps et âme à chaque fois que l'on prononce mon prénom ?
Perturbée par ses paroles, je me contente de dire ce que je sais.
- Tu es un tueur en série complément cinglé. Et puis tu agresses des femmes sexuellement, alors c'est normal que j'ai peur de toi.
- Concernant les meurtres, je plaide coupable. Par contre, je n'ai jamais eu besoin d'abuser de qui que ce soit, ma gueule, mon corps et ma queue suffisent à toutes les faire tomber, et comme des mouches.
- Bien sûr, je te crois, je réponds, ironique.
Le sourire qui n'avait à présent pas quitté ses lèvres s'abaisse quelque peu.
- J'ai plaidé coupable auprès de toi pour les meurtres. Alors si tu ne veux pas finir avec ton auriculaire coupé je te conseille de me croire.
Je fronce les sourcils. Il m'a l'air bipolaire par moment.
- Et comment comptes-tu t'y prendre avec les menottes autour des poignets ?
Un rire cynique lui échappe.
- Tu crois vraiment que ça peut m'empêcher de faire quoique ce soit ?
Je penche la tête sur le côté.
- Au faite, très sympa le décolleté.
Ne comprenant pas, je descends le regard vers ma poitrine et remarque que les boutons du haut de ma blouse sont ouverts. Je relève immédiatement la tête en les reboutonnant. C'est lui qui a fait ça pendant que je prenais sa température ?? Je tourne les talons et quitte précipitamment la chambre, sous le regard du policier qui attend devant.
Je marche jusqu'à la machine à café la plus proche et m'en sers un long et bien noir. C'est brûlant, et pourtant j'en avale plusieurs gorgées d'un coup.
- Ça va ? fait Blade en s'appuyant contre le mur juste à côté de moi.
Je hoche la tête et reprends une gorgée.
- Ça n'a pas l'air.
Je soupire.
- C'est mon nouveau patient, Hermès Gray...
- Il a eu des gestes déplacés ??
- Non, non... mais je crois que même avec trois cicatrices de balles, les mains et les pieds attachés et à deux doigts de se faire tuer sur décision du gouvernent américain, il a un pouvoir immense. Je suis persuadée que s'il voulait faire assassiner qui que ce soit ici, il n'aurait qu'à claquer des doigts pour que ça s'exécute.
- Tu penses ? Il faudrait peut-être en parler.
- Oui, enfin non, c'est compliqué. Il m'a bien fait comprendre que même dans un lit d'hôpital il a du pouvoir, alors je n'ai pas envie de risquer ni ta vie ni la mienne.
Il semble réfléchir.
- Ouais, t'as pas tort. Tu sais qu'étant donné qu'il est condamné à mort, il va avoir le droit à accéder au jardin de repos ?
- Pardon ??
- Et puisque tu es son infirmière référente, j'imagine que ça sera à toi de rester avec lui, même si vous serez évidement entourés de policiers.
Il lui suffit d'une seconde pour me briser la nuque. Qu'il y ait des policiers ou non ça ne change rien, mais je me garde bien de le dire. En tant qu'infirmière, mon avis n'a pas vraiment tendance à être jugé "important".
Vers 22 heures, juste avant la fin de mon service, je passe voir Elena. C'est une jeune femme qui a fait une fausse couche, et comme son enfoiré de mec l'a quitté en apprenant qu'elle était enceinte, j'aime bien lui apporter un peu de soutien, surtout le soir, c'est en général à cette période qu'on se sent le plus seul. Je toque à sa porte et elle m'indique d'entrer.
- Bonsoir Elena, comment allez-vous ?
- Ça va un peu mieux, et vous ? Vous me semblez un peu tendue.
Depuis que j'ai appris que j'allais devoir surveiller Hermès a l'extérieur, je suis pétrifiée.
- Oui, quelques problèmes de boulots, mais ne vous en faites pas...
- Sinon... devinez qui vient de me recontacter.
- Noah ? je demande.
C'est son ex qui l'a quitté en apprenant qu'elle était enceinte.
- Bingo. Il a osé me dire qu'il "avait besoin de temps". Quel abruti, s'il croit une seconde que je vais accepter de lui reparler !
Je ris devant son assurance. Nous parlons de tout et de rien et la conversation va bon train. Je ressors de sa chambre une vingtaine de minute plus-tard, et pars dans les vestiaires me changer. Je détache mes cheveux et m'habille d'une petite robe légère car il fait chaud le soir. Je m'apprête à verrouiller mon casier quand on me bipe au troisième étage... à la chambre d'Hermès.
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as dark as my soul
RomanceMiami, Hôpital Jackson Mémorial, un mystérieux patient dénommé Hermès Gray se fait interner. Un patient comme un autre, se dit Louve, qui vient de sortir de l'école d'infirmière pour commencer à travailler dans un hôpital. Jusqu'à ce qu'on lui annon...