- Tu me dois le respect, Lyan ! Ton père m'a fait promettre de t'élever et t'aimer comme ma propre fille. Je tiens ma promesse depuis... Depuis qu'il nous a quittés et je compte bien continuer comme ainsi, gronda Dahar.
Un silence gênant s'installa entre les deux personnes.
- Je..., commença Lyan.
- Ne me coupe pas ! Reprit-il en haussant le ton. J'ai été patient parce que je pensais que tu allais mal et que tu devais te retrouver. J'ai essayé de te comprendre et donc de ne pas te brutaliser, mais là, c'est trop ! Ce que tu as fait est inacceptable. Je suis déçu, et ton père serait aussi déçu face à ton comportement...
Le regard de la jeune fille se vida. Elle resta tétanisée face à ses derniers mots. Ils lui avaient transpercé le cœur.
- Tu n'as pas le droit... bégaya-t-elle d'une voix presque inaudible en secouant le tête.
Les larmes commençaient à perler aux coins de ses yeux. J'ai essayé de te comprendre et donc de ne pas te brutaliser, mais là, c'est trop ! Toute parole l'avait quitté, elle ne savait que dire.
- Lyan, je suis désolé, ce n'est pas ce que je voulais dire, s'excusa Dahar en s'approchant d'elle pour la prendre dans ses bras.
- Ne me touche pas ! Cria l'adolescente.
Ce que lui avait dit Dahar l'avait affreusement blessée. Elle recula brusquement et s'enfuit en courant, faisant claquer la porte derrière elle.
Les larmes brouillaient sa vision, la faisant accélérer dans le couloir pour que personne ne la voit comme ça. Elle paraissait si vulnérable, et elle détestait ça. Elle avait toujours voulu être forte, et pouvoir être capable de tout encaisser.
Elle avait enfin atteint la sortie et se dirigeait comme une furie vers la forêt. C'était son endroit à elle, où elle pouvait être tranquille, sans que personne ne vienne la déranger. Elle avait pour habitude d'y courir pour garder sa forme physique.
Elle courait sans s'arrêter. Ses poumons la brûlaient et le souffle commençait à lui manquer. Sa vision se troublait, mais elle ne ralentit pas. Ses muscles s'endolorissaient, et commençaient à ne plus répondre, mais elle persistait. Elle voulait oublier les dernières paroles que lui avait dit Dahar, elle voulait ne l'avoir qu'imaginé. Mais au fond d'elle, elle savait qu'il avait raison. Et c'était ce qui la terrifiait le plus.
Elle ne voyait désormais plus rien, sa gorge la brûlait. Elle savait qu'elle n'allait plus droit, et qu'elle était sûrement perdue, mais elle courrait encore aussi vite qu'elle pouvait. Une branche barra son chemin, et elle s'effondra sur le sol boueux tapissé de ces quelques feuilles mortes qui étaient tombées en ce début d'automne.
*****
Marchant d'un pas vif et sans hésitations, Lira coupait à travers bois sans se soucier des sentiers forestiers. Elle connaissait si parfaitement cette partie de la forêt qu'elle aurait pu s'y repérer les yeux fermés. Aussi, actuellement, elle ne prêtait aucune attention au lieu où ses pas l'amenaient.
La tête dans les nuages, elle pensait à Xanaël. L'ange était le neveu de Mivan, son lieutenant et aussi l'homme qui avait été comme un père pour elle depuis sa naissance. D'aussi loin qu'elle se souvienne, elle connaissait Xanaël depuis toujours, mais depuis quelque temps, depuis en fait qu'il était revenu de son long entraînement dans l'est du royaume, il lui parlait beaucoup plus qu'auparavant. Il venait la saluer alors qu'ils se contentaient avant d'un vague signe de la main, et si son esprit ne lui jouait pas de tours, il faisait son possible pour que leurs conversations durent le plus longtemps possible.
Et c'était d'ailleurs pour y échapper qu'elle avait fini par filer dans la forêt, pour lui échapper. Par ce qu'elle n'avait strictement rien à lui dire, et si elle n'avait rien contre lui, elle avait d'autres occupations beaucoup plus importantes.
Elle en était là dans ses réflexions quand elle aperçut du coin de l'œil une forme inhabituelle, qui la fit s'arrêter et se retourner. Elle écarquilla les yeux et étouffa un cri en se rendant compte qu'il s'agissait d'un corps, et se précipita vers la jeune fille - car c'était une jeune fille - avant de la retourner pour dégager son visage de la boue dans laquelle elle s'était effondrée.
- Hé ! Vous allez bien ?
Lira essuya du bout de la manche son visage et s'aperçut qu'elle s'était évanouie. S'asseyant sur ses talons, elle posa la tête de l'inconnue sur ses genoux en arrangeant ses longs cheveux noirs autour d'elle pour éviter qu'elle ne s'étouffe. Heureusement, son souffle lent était régulier.
Lira soupira de soulagement et tapota les joues de l'inconnue, attendant patiemment qu'elle se réveille. Elle finit par ouvrir un œil, qu'elle cligna plusieurs fois avant de commencer à lever la tête. Lira la soutint en passant un bras autour de ses épaules, et l'aida à se redresser.
- Tout va bien ? S'enquit-elle doucement, que c'est-il passé ?
- Je... Rien rien, je vais bien, balbutia-t-elle en clignant des yeux d'un air dépaysé. Que ce passe-t-il ?
Lira haussa un sourcil, plongeant son regard dans les yeux bleus-noirs de la jeune fille.
- Je n'en sais rien. Je me baladais par là, quand je t'ai vue allongée par terre, et je suis venue t'aider, tu t'étais évanouie. Comment es-tu arrivée là ? Je ne t'avais jamais vu, comment t'appelles-tu ?
- Je... Mais qui es-tu au juste ? Se reprit-elle. Moi non plus je ne t'ai jamais vue, pourtant, je viens ici tous les jours.
- Je m'appelle Lira, fit-elle patiemment, je vis à la lisière ouest de la forêt, et j'y viens tous les jours depuis que je suis petite. Je t'aurais forcément croisée si tu étais d'ici.
- Quoi ? Nous sommes à côté de la lisière ouest ? S'exclama-t-elle d'un air horrifié. Ce n'est pas possible ! J'habite à l'opposé ! Je n'ai pas pu parcourir tout ce chemin !
Lira écarquilla les yeux alors que l'autre se levait d'un bond. Elle commença à tourner les talons, tournés vers l'est, avant que Lira ne lui attrape la manche.
- Doucement ! Si tu as vraiment traversé toute la forêt, tu ne pourras jamais rentrer chez toi avant qu'il ne fasse nuit. Le soleil est déjà près de se coucher. C'est dangereux de nuit, si tu es seule.
- Je ne peux pas rester ici, on m'attend, je dois rentrer chez moi. Je n'ai pas peur.
Lira se retint de lever les yeux au ciel et lui sourit. Elle était vaguement agacée, mais voir l'air perdu de l'adolescente la retint de se laisser emporter.
- Tu viens de t'évanouir après avoir fait ce long trajet. Je te conseille juste de te calmer et de te reposer, avant de repartir. Je ne pense pas que tu rassures qui que ce soit en rentrant au milieu de la nuit, si seulement tu arrives à traverser la forêt avant demain matin, ce qui est tout sauf certain.
- Ne me dis pas ce que je dois faire, gronda-t-elle, si je te dis que je dois rentrer, je dois rentrer. Tu ne me connais pas et tu ne connais pas mes obligations, si tu ne veux pas m'aider alors ne m'aide pas, mais laisse moi tranquille.
Lira inspira profondément pour se calmer, et la lâcha.
- J'ai compris. Vas-y alors. Mais dis-moi au moins ton nom, je t'ai donné le mien, c'est la moindre des politesses, il me semble.
- Tu n'as pas besoin de connaître le nom d'une morte, comme tu as l'air d'être persuadée que je vais mourir. Mais puisque tu insistes, moi, c'est Lyan, lâcha-t-elle avant de partir en courant.
Restant figé sur place, Lira sentit le rouge lui monter aux joues, l'indignation la parcourant en un frisson. Pimbêche, pensa-t-elle avec aigreur, avant de tourner les talons pour renter chez elle. Cette fille était une imbécile. Lira ne s'était pas vraiment attendu à être remerciée, mais un minimum de politesse aurait été appréciable. Elle avait seulement voulu aider l'adolescente, et voilà que celle-ci lui crachait au visage ! Elle était plus qu'énervée.
Et pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour Lyan. Le trajet était bien long de la frontière ouest à la frontière est. Lira poussa un soupir avant d'enfoncer ses mains dans ses poches. Il ne lui coûterait rien d'aller vérifier qu'elle allait bien, juste au cas où.
VOUS LISEZ
Yamaja
FantasiLes Karteides sont un groupe de guerriers indépendants, connus et respectés à travers la planète. Mais les deux dirigeants, Fiada et Lusaël Karteides, se séparent après une violente dispute, et le groupe est divisé en deux. Ils séparent ainsi leurs...