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Hayame ouvrit la porte de sa maison. Une porte simple en bois peinte en blanc. Elle pivota sans faire aucun bruit, ni grincement ni frottement. Tout était lisse. Elle retira ses chaussures, des bottes noires, et les déposa contre le mur, alignées à toutes les autres paires de chaussures. Nemuri l'imita sans rien dire.

- Mes parents sont encore là, on va leur dire bonjour et on va dans ma chambre pour travailler ?
- OK
Nemuri hocha la tête doucement. Elle avait un peu le trac. Il fallait dire que le couple Haikan, même s'il n'étaient pas les héros n°1, avaient fait quelques apparitions dans le top 10 des héros les plus populaires. Ils étaient toujours très proches d'y entrer. Une année, ils étaient parvenus en 4ème position. C'était l'année où Yume, la petite sœur d'Hayame, avait disparu. En preuve de solidarité, beaucoup de personnes avaient voté pour eux, les faisant monter de leurs 12-11-10-9 oui 8 ème places habituelles, à la 4ème place. Elle aurait aimé poser des questions sur cet événement. Mais elle se doutait bien que c'était déplacé. C'était sans doute un épisode de leur vie qu'ils préféraient tous oublier.

Elle suivit Hayame pour arriver dans une grande pièce à vivre qui regroupait une sorte de salle à manger et une cuisine ouverte. Mokuhyo Haikan, la mère d'Hayame, était en train de se préparer. Elle collait, ou recollait, ses faux cils grâce au miroir en pied sur le mur de la salle à manger. Elle les vit dans le reflet et se retourna. Nemuri la detailla quelques instants du regard. Elle était magnifique. Ses yeux dorés étaient les mêmes que ceux d'Hayame, à la différence que dans ceux de la première, des lignes plus foncées créaient une sorte de viseur, témoin de son alter, Mezashite, qui lui permettait de viser instantanément le point faible de ses ennemis. Un alter très pratique si les ennemis ne pouvaient pas éviter les balles paralysantes qu'elle utilisait. Ses cheveux étaient noirs, eux. Hayame ne tenait pas ses mèches mauves de sa mère. Sa robe noire, très près du corps, fendue jusqu'à mi-cuisse, lui donnait l'air d'une espionne russe dans les films américains de la guerre froide. Elle sentait coco mademoiselle, de Chanel.

- Bonjour les filles, tu me présentes ta nouvelle amie, Hayame ?
- Oui maman, c'est Nemuri. On a un travail de groupe à faire, je me demandais si elle pouvait rester un peu ce soir.
- Demande à ton père, mais moi ça ne me pose pas de problème tant que vous ne faites pas de bêtises.
- Merci maman !

Justement, Ju Haikan, le père, entra dans la pièce, en même temps qu'un effluve de le mâle de Gautier. Il avait plaqué ses cheveux en arrière avec du gel, avait formé correctement ses moustaches, et portait sa chemise blanche préférée avec son gilet noir rayé de gris. Il était très classe, et s'accordant parfaitement avec son épouse, sur la taille de laquelle il posa ses mains pour la tirer vers lui.

- Prête, ma chérie ?
- Toujours, très cher. Regarde, Hayame a ramené une nouvelle amie. Elles vont travailler ici ce soir.
- Bonjour bonjour, je suis content de voir qu'Hayame se fait des amis. Ça n'a pas toujours été facile pour elle.

Hayame rougit et se renfrogna

- Papa... tais toi
- Bon, on y va, Répondit-il en riant.

Le couple sortit de la maison qui devint subitement bien silencieuse. Nemuri, qui n'avait rien dit, observa l'endroit, intrigué. Tout semblait avoir été figé dans le temps, et chaque pièce donnait l'impression d'être une époque différente. La salle à vivre faisait années cinquante américaines, contrairement à l'entrée qui était dans un style traditionnel japonnais.

- tu veux manger ou boire quelque chose ?

Elle sortit brutalement de sa rêverie en entendant sa camarade lui parler.

- Euh... je veux bien boire quelque chose, je crois.
- mmh... on a des sodas, et des jus de fruits
- Je veux bien un jus de fruit
- Orange ou poire ?
- Poire

Hayame sortit un cola et un jus de poire du frigidaire, qu'elle posa sur le bar qui faisait la jonction entre la salle à manger et la cuisine. Elle sortit un décapsuleur pour ouvrir sa bouteille et sortit deux verres.

- Et tu veux rien manger ?
- Non merci.
- Comme tu veux.

Elle attrapa une pomme dans une corbeille à fruits et croqua dedans en servant les verres. Elle y ajouta des glaçons et une paille et lui posa le verre devant elle

- Pour mademoiselle...
- Merci

Hayame s'assit à côté d'elle et la regarda siroter son jus.

- C'est pas uniquement pour le devoir que je t'ai invitée ici, tu sais ?
- Je sais...
- Tu peux m'en parler, tu sais ? Je veux t'aider avec tout ça.
- Non.
- Pourquoi ?

La jeune fille avait été surprise par le ton si sec de son amie.

- J'ai pas besoin d'aide. Je suis forte. Je peux me débrouiller seule. Arrête de faire ça par pitié. Je n'ai pas besoin de toi. Laisse moi avec mes problèmes.

Hayame rit un peu. Ce qui énerva encore plus Nemuri qui fronça les sourcils.

- pardonne moi, ce que tu me dis m'a surprise, c'est tout. Je sais bien que tu es forte. Je ne remets pas ça en doute. Jamais. Tu es très forte, je le sais. Mais ça ne veut pas dire que tu n'as pas besoin d'aide pour un problème de harcèlement. Un tigre aura beau être le plus puissant qu'il peut, tu ne pourras jamais lui demander de voler. Tu as besoin d'aide, c'est indéniable, mais tout le monde aurait besoin d'aide, à ta place. Et si je t'aide, ce n'est pas parce que j'ai pitié de toi. C'est parce qu'un héros doit toujours aider ceux qui sont en mauvaise posture. Alors je veux t'aider. Je serais un piètre héros si je fermais les yeux sur ça...

Nemuri baissa les yeux vers son verre. Elle ne savait plus trop quoi répondre à ça.

- Je ne veux dépendre de personne.
- Parfois, il faut accepter l'aide quand elle vient à nous... Ça ne veut pas dire que tu dépendras de moi. Ça veut simplement dire que je vais t'aider à te sortir de là. Je peux t'aider à en parler à des adultes compétents, je peux te soutenir, te faire comprendre que tu n'es pas seule, que certaines personnes sont aussi de ton côté.
- Mais... tu risques de te faire harceler, toi aussi...
- À la différence que moi, s'ils m'embêtent trop, je peux dire à mes parents de freiner leur ascension professionnel... Ou seulement les menacer de faire ça.
- tu ne peux pas le faire pour moi ?
- Je préfère utiliser ça en dernier recours. Leur faire arrêter sous la menace ne serait pas une victoire.
- Je comprends...

La brune termina son verre silencieusement.

- Tu veux qu'on fasse nos devoirs avant, où qu'on parle de ça ? Demanda Hayame
- Je préfère qu'on fasse nos devoirs avant et on en reparlera après.
- Comme tu voudras. On va dans ma chambre ?

Nemuri, ma Nemuri (Midnight X Oc)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant