Nemuri, ma Nemuri (Midnight X Oc)

9

Le lendemain, elle entreprit de soigner un peu plus son apparence. Elle coiffa proprement ses cheveux, se maquilla légèrement, et mangea le matin pour la première fois depuis un moment. Elle avait envie d'être présentable. Elle rougit un peu en se regardant dans le miroir. Est-ce qu'elle n'en faisait pas trop ?
Elle ne réfléchit pas trop, sinon elle sentait qu'elle allait changer d'avis. Elle passa dans son salon sans rien dire à ses parents, elle ne voulait aucune remarque. Elle mit ses écouteurs dans ses oreilles et lança sa playlist avant de commencer à marcher, un peu plus rapidement que ce qu'elle faisait le plus souvent.

Highway to hell

Le trajet lui sembla bien plus court que d'habitude, peut-être était-ce parce qu'elle marchait plus vite... Elle pensait à Hayame. À ses yeux, à son parfum et à son sourire. Elle sentait des petits papillons voleter dans son ventre. Son cœur se mit à battre plus vite et plus fort. Est-ce qu'elle ressentait la même chose ? Elle l'espérait. Elle était tellement heureuse d'avoir enfin quelqu'un sur qui compter. Elle en était persuadée maintenant, elle allait l'aider. Elle avait confiance.

Elle entra dans la classe en avance. Hayame était déjà là et discutait avec Mayla et Natsu. Visiblement, c'était un peu tendu. Elle fit profil bas et alla s'installer à sa table sans un bruit, espérant que personne ne l'aurait remarquée. C'était sans compter sur Kaido, un garçon de la classe, qui rit en la voyant arriver en avance.

- Regardez ! Nemuri-chan arrive en avance pour la première fois de sa vie ! Vous pensez qu'on doit l'aplaudir ? Oh, et puis elle s'est faite belle. C'est à qui que tu veux plaire ? À moi ? Je te préfère sans artifices, tu sais... sans aucun artifice.

Nemuri se ratatina sur sa chaise, espérant disparaître. Finalement, elle détestait cette journée...

- C'est quoi ton problème ?

C'était la voix d'Hayame.

- Quoi ? Demanda Kaido
- OK, sois t'es sourd soit t'es débile. Je vais répéter avec des mots plus simples. Pourquoi t'en prends-tu à Nemuri-chan ?
- Comment... comment tu me parles, toi ?
- Je te parle de la même façon que tu parles à Nemuri-chan.

Mayla leva les yeux aux ciel et s'approcha d'Hayame.

- Tu prends sa défense ? Tu sais même pas ce qu'elle a fait...
- Personne ne mérite ça. Même pas vous.
- Nous on est de bonnes personnes.
- Oui, sans doutes, des futurs héros qui harcèlent un de leurs camarades, mais quel acte chevaleresque ! Ça témoigne d'une si grande bonté de cœur, d'une si grande force ! Se dresser ainsi du côté de l'opprimé, c'est une des valeurs fondamentales du héros, quel plaisir de voir que c'est respecté ici !
- Et toi, tu te prends pour une héroïne ? Juste parce que tu la défends ? Tu fais ça juste pour te donner bonne conscience, ou pour montrer que tu es la gentille.

Nemuri baissa les yeux en entendant ces mots. Et si ? Et si Mayla avait raison ? Et si Hayame ne faisait ça que pour avoir bonne conscience ? Peut-être qu'elle s'était fait des films... Peut-être que sa camarade ne l'aidait que par pitié... Elle serra les points et sortit de la classe. Elle n'aurait pas dû venir si tôt. Elle aurait dû faire comme d'habitude...

Les couloirs étaient bondés. Elle voulait retenir ses larmes, pour que personne ne la voit. Mais elle n'y parvint pas et éclata en sanglots au milieu de la foule. Elle se mit à courir pour qu'on ne la voit pas et alla se réfugier aux toilettes. Là, elle s'enferma et s'assit contre le mur. Elle ne retint plus ses larmes. Elle voulait disparaître. Elle voulait annuler sa vie. Ctrl+z. Elle aurait tellement aimé ne jamais naître. Le monde aurait sans doute été tout aussi bien, voire peut-être mieux.

Toc toc

Elle se tut en entendant une personne toquer à la porte des toilettes. Elle ne répondit rien, elle ne voulait voir personne.

- Nemuri-chan ?

C'était la voix d'Hayame. Nemuri réprima un sanglot et se leva. Elle déverouilla la porte et l'ouvrit lentement. Elle devait certainement faire pitié. Son maquillage avait coulé sur ses joues, elle le savait. Sa camarade lui sourit  doucement et la prit dans ses bras, la serrant contre elle, caressant son dos. La brune sentait son parfum, la tête blottie dans son cou. C'était doux, c'était amer aussi.

- Ne pleure plus... tu es trop bien pour eux.
- Je... je veux pas de ta pitié, Hayame-chan.
- De quoi parles tu ?
- Tu m'aides parce que tu as pitié de moi...

Elle rit un peu. Ce n'était pas un rire moqueur, c'était un rire léger. Un rire qui faisait sourire.

- je ne t'aide pas par pitié. Je t'ai d'abord aidé parce que personne ne mérite ça. Parce que laisser quelqu'un dans cette situation serait horrible.
- C'est ce que j'appelle de la pitié...
- Alors pour quelles raisons aurais-tu voulu que je t'aide ?
- J'aurais voulu que tu m'aides parce que tu m'aimais bien...
- Mais... Nemuri-chan, avant de bien t'aimer, je dois te connaître un peu... et pour te connaître je dois te parler. Et en te parlant j'ai vu que tu n'allais pas bien. Et en t'aidant, j'ai appris à te connaître. Enfin, le peu que tu m'as montré, parce que tu ne montre pas grand chose. Et alors, oui, on peut dire que je t'aime bien.

D'une main, elle essuya les larmes de la brune et puis elle lui sourit doucement.

- C'est dommage, il t'allait bien ce maquillage. Tu referas le même demain ?
- Je sais pas... je veux pas qu'on se moque de moi...
- Personne ne se moquera de toi impunément.

Elle embrassa sa joue et prit sa main dans la sienne. Nemuri serra sa main et sentit son cœur battre un peu plus vite, encore une fois. Hayame lui faisait vraiment quelque chose. C'était agréable et étrange...

- Tu veux y retourner ?
- Je sais pas... j'ai peur.
- C'est normal. Mais je suis là cette fois. Et ils n'ont pas intérêt à dire quoi que ce soit.
- D'accord.
- Il faudra en parler à un adulte, de tout ça, tu sais ?
- J'ai pas envie
- Je sais. Mais c'est nécessaire pour que tout s'arrête. Quel est le professeur en lequel tu as le plus confiance ?
- Madame Anguro, je pense...
- Bien, alors on ira la voir après les cours ? Je reste avec toi si tu veux.
- Je veux bien.

Elles retournèrent dans la classe, main dans la main