2 - Inscription

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 Elle commanda un verre de vin rouge et s'installa à côté de moi.

— Bonne séance ? me renseignai-je.

— Pas mal. Je l'aime bien ce client, il aime les mêmes choses que moi, alors notre duo fonctionne bien, me confia-t-elle avec un petit sourire. Et toi ? T'as passé un bon moment ?

— Une soirée simple, hein ? la raillai-je.

Elle eut un petit rire de victoire et m'encouragea à continuer.

— Ouais, c'était cool. Différent de l'idée que je me faisais du bondage. C'était beaucoup plus... poétique ?

— Ils forment un beau couple. Ils parviennent à transmettre beaucoup de choses avec seulement un regard ou une attention envers l'autre. Ils ont une véritable présence sur scène. J'avoue être un peu déçue de ne pas avoir pu regarder ça.

Elle avait les yeux pétillants d'une enfant devant son stand de glaces favori. Elle marquait un point. Ce soir, j'avais passé un bon moment dans son club. Je m'y étais un peu senti seul, mais le spectacle m'avait fait découvrir une pratique que j'avais appréciée. Durant l'heure qui suivit, nous discutâmes de bon cœur avec les barmans, jusqu'à ce que l'un d'eux ne prévienne Lola de la venue du « nouveau dom ».

— Enfin ! Il devait venir y'a quinze jours déjà. Tu l'as vu ? dit-elle en se tournant vers moi.

— Oui, il est sexy dans son genre, mais il a pas du tout l'air d'un dominateur.

Ma remarque la fit rire, elle me demanda alors ce à quoi devait ressembler un dom selon moi.

— Euh... Je sais pas... Un gars habillé de cuir, avec un fouet dans la main ? tentais-je en utilisant toutes mes connaissances.

— Ah ouais, la quintessence des clichés, soupira-t-elle alors que les barmans se foutaient de moi sans même essayer de se cacher. Il faut vraiment que je commence à t'instruire, c'est un peu la honte que mon meilleur ami ne connaisse rien de ma profession. Est-ce que tu me vois régulièrement me balader toute en cuir avec un fouet à la main ?

Je secouais la tête tandis qu'elle se moquait en attrapant son portable. Je la vis pianoter quelques secondes dessus et elle releva les yeux, m'invitant à regarder le mien qui venait de vibrer dans ma main. Elle m'avait envoyé le lien du site du club.

— Regarde un peu les pages des doms et des soumis ici, et si jamais l'envie te prend de faire une séance, je pourrais te faire un prix d'ami, plaisanta-t-elle en me faisant un clin d'œil.

Nous sommes restés accoudés au bar jusqu'à la fermeture. De retour dans la ville sombre, nous fîmes un bout de chemin ensemble avant de nous séparer. En rentrant chez moi, j'allais immédiatement me coucher, trop crevé pour faire quoi que ce soit d'autre.

Une semaine plus tard, je faisais des heures supplémentaires au refuge. Candice, ma patronne, m'avait appelé à l'aide. Le matin même, une caisse avait été déposée devant la grille. Elle contenait une portée de sept chatons, ainsi que le cadavre de leur mère. Ce genre d'actes arrivait souvent ; que ce soit dans un carton, une valise, parfois même attachés au portail, nous recevions souvent des chiens et des chats abandonnés par leurs propriétaires. L'été approchait, nous étions donc déjà complets et Candice m'avait appelé pour que j'emmène les chatons dans un établissement d'une ville voisine.

Au volant de ma fabuleuse « Géraldine », une Peugeot 106 d'une couleur jaune discutable, qui datait de 1997, je filais vers le refuge voisin. En me garant dans la cour, j'expirais avec rage en regardant les boites de transport contenant les petits êtres. Je n'avais jamais compris les gens qui abandonnaient leurs animaux de cette façon. L'abandon, je pouvais comprendre en partie ; ne plus pouvoir assumer son animal financièrement, avoir un enfant qui déclare une allergie... Nous avions récupéré beaucoup de malheureux de cette façon, rencontrant les propriétaires dévastés de se séparer de leur animal. Mais les abandons « sauvages » qu'ils soient déposés devant le refuge ou dans n'importe quel endroit, je ne comprenais pas. Pire, ça me débectait.
Une employée vint à ma rencontre et m'aida à transporter les cages à l'intérieur. Je la suivis dans le bâtiment et patientais dans une salle d'attente qui jouxtait le cabinet du vétérinaire. Le temps qu'il examine les petits, je pris mon portable. Voulant envoyer un message à Lola pour lui partager ma haine de l'humain, je retombais sur le lien de son club et cliquais dessus.

Safe World [MxM BDSM] [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant