– Ça va être à toi, mon grand.
J'ai les yeux rivés sur le même papier froissé, abîmé de toutes ces fois où le texte n'était bon qu'à jeter. Malgré tout, il est encore là, ce soir, entre mes mains qui s'y accrochent comme si j'avais peur qu'il ne s'envole, ma mémoire avec.
Parce que ces paroles je les ai écrites, puisées au plus profond de mon être. Mais j'ai beau les relire... rien n'y fait.
« Je jette l'éponge. »
Pourquoi s'obstiner sur des mots, s'ils ne sont plus que des lettres en train de se vider de leur sens ?
– Je suis prêt.
*
En fait, pas du tout. Je me planque derrière ma guitare ; pas foutu d'entamer la moindre note alors que mon public rêve de cette mélodie. Tout est avec moi sur scène : la batterie, le piano, les musiciens... Tout. Sauf mon cœur.
Le temps se fige ; je plonge dans les vestiges du passé. Je ne comprends pas, j'ai forcément raté un truc... Un seul coup d'œil et je sais où je me trouve : là où mon ange s'est envolée. Là où elle a poirauté, prié, puis désespéré. Là où nos yeux se sont croisés, lorsqu'une ombre l'a fauchée. Là où, impuissant, j'ai vu s'éteindre son sourire. Je croyais n'avoir rien ressenti.
Mon cœur me délivre alors dans une implosion d'émotions. Ma main fend les cordes. Ma voix se libère. Mon sourire renaît. Le temps aussi.
« J'ai compris. »
🎶
In a flash
You are gone
And I realize
You were the one
🎶