Chapitre 14

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~Pov 1ere personne~

Après l'événement de la dernière fois, je regardais toujours par la fenêtre de ma salle de classe avant de quitter le bâtiment à tâtons. La dernière fois, nous avions eu beaucoup de chance mais je n'étais pas sûr que ce soit le cas la prochaine fois.

Comme on pouvait déjà s'en douter, j'avais reçu de nombreuses questions et en tout genre de la part de Ran ainsi que de celle de Rindou. Je m'y attendais honnêtement. Qui ne se poserait pas de questions avoir été poursuivi par un type effrayant au hasard ?

Après une longue... très longue explication et réexplication, nous avons tous les trois pris la décision de sécher là où les dernières heures de cours pour l'éviter s'il revenait. C'était ça la raison officielle, la vraie raison était tout autre, nous ne voulions tout simplement plus aller en cours, nous n'aimions pas particulièrement ça et là, nous avions une bonne excuse. J'espérais juste que ma mère ne le découvrirait pas.

Aujourd'hui, je rentrais tranquillement chez moi. J'étais seule après m'être séparée des frères quelques rues plus tôt. Je ne savais plus trop où me situer ces derniers temps, les altercations que j'avais quotidiennement avec ma mère devenaient de plus en plus violentes. Ce n'était plus des coups, pas depuis que j'avais réussi à repousser ma mère mais... Maintenant, je recevais continuellement des insultes, je n'en comprenais même pas la moitié.

Autant que je m'efforçais de ne rien montrer à personne, j'avais beaucoup de mal à tenir. Ça n'en n'avait peut-être pas l'air mais, mon moral en prenait un gros coup. Il m'arrivait souvent de m'endormir en pleurant et en tremblant de peur qu'elle n'entre dans ma chambre en pleine nuit pour me blesser. Vu comme ça, je semblais probablement pathétique, je sais.

J'avais une grande gueule et je l'ouvrais sans problème, je me battais souvent et j'insultais les gens de tous les noms, ceux que j'entendais de ma mère, même mes amis en recevaient sans avoir fait quoi que ce soit. J'étais tout le temps en colère, je bouillonnais continuellement mais dès l'instant où je ne retrouvais seul, bercé par le doux silence de ma chambre, ma colère se fondait en un torrent de tristesse.

Mon estime de soi est extrêmement basse, quasiment nul en fait. Ça allait bientôt faire un an et demi que je subissais ce que je pensais être du harcèlement moral. Mes notes autrefois excellentes avaient elles aussi baissé de façon exponentielle et ma mère ne loupait pas une occasion pour me rabaisser par rapport à ça.

Je ne pense pas que les gens 'normaux ' puissent comprendre. Lorsque les adultes voient un gamin ne pas avoir de bonnes notes ou ne pas vouloir aller en cours, ils le traitent de feignants. Feignant... bon à rien... inutile... ce sont des termes courants.

Personne ne se demande jamais si le problème n'est pas un peu plus profond malgré les signes de détresse émotionnelle plus ou moins visible de l'enfant. On se rend compte des choses qu'une fois qu'il est trop tard, toujours.

Je m'étais récemment rendu compte que je commençais à normaliser la relation conflictuelle que j'entretenais avec ma mère. Bien sûr, j'étais consciente que notre relation ne l'était pas, rien qu'en la comparant à celle des autres, je pouvais voir les différences mais... Dans le fond, n'avions-nous pas tous une relation différente avec nos familles ?

J'avais beau dire de belles choses et essayer de m'en convaincre, je connaissais la vérité, je la niais simplement, je vivais dans le déni. C'était un sacré paradoxe que de vivre consciemment dans le déni. Peut-être n'étais-je qu'une hypocrite.

Be my girl. TrOù les histoires vivent. Découvrez maintenant