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CHAPITRE 2

L'histoire d'une vengeance d'autrefois.

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Malgré le mensonge, Peter a épargné l'Historien. C'est un vieil homme autant terrifié par le sorcier, que par ses promesses envers l'enfant du Temps ou bien encore sa fidélité tronquée auprès de Thorn Woodard.

Après avoir remonté un long couloir sous une serre, Peter a regagné le hall principal de l'université, puis en est sortit en passant en-dessous d'une porte voutée encadrée de bronze comme en a-t-il partout dans l'architecture de New York. Sous un porche qui longe le bâtiment construit en pierre brune et s'étendant sur deux ailes majeures, il s'allume une cigarette. La Nouvelle Amérique peut se vanter de dépendre de l'unique université d'Histoire au monde, avec ses professeurs les plus prestigieux. Au goût de Peter, ces types sont ennuyeux, parfois se trompent, surtout quand il s'agit des Dieux. Ils inventent pour compenser ce qu'ils ignorent. Ils bricolent pour essayer de ressasser.

En soupirant un nappage de fumée, Peter soulève mollement son regard sur la ville de New York qui se dévoile depuis les hauteurs du parvis de l'université. La ville bâtie à la cime des nuages, comme aiment la nommer les journaux. New York et ses quartiers ont été reconstruits sur des morceaux de terres arrachés à la planète, suspendus entre les nuages. Des rails parcourent toutes la ville et les rivières de brumes claires qui séparent ses quartiers, permettent de faire circuler plusieurs funiculaires qui remplissent le rôle de métro ici. Comme le reste du continent n'est pas ainsi fait, des Zeppelins font le pont entre New York et la terre ferme. C'est une ville tranquille, comme le reste de la Nouvelle Amérique. Une ville qui joui d'une vie coulée dans le bronze, le ferraille et la pierre. Une ville décorée de nuages, perchée à leur hauteur et qui pourtant s'éclaire encore à l'huile. Mais, c'est une ville paisible.

« Tu es nouveau ici ? », une étudiante, sûrement en deuxième année, interpelle Peter et le sort de sa contemplation, braque-t-il les yeux sur elle. Cette dernière a un petit sourire mi-poli mi-gêné et des rougeurs tintent l'arrondi de ses joues. Plus loin, un groupe de trois filles paraissent l'attendre en leur envoyant des oeillades amusées. Peter fait le choix de l'ignorer elle et ses idiotes de copines et descend le perron sur lequel ils se tiennent.

Il se met en route pour rejoindre la prochaine station du funiculaire, en traversant le quartier du Queen's joliment décoré de roses de toutes les couleurs sur ses façades. Peter a l'allure d'une ombre qui se profile entre les vivants, quand il passe proche des terrasses de cafés où les étudiants de l'université profitent de leur fin de journée. La seule chose qui le fait passer pour ce qu'il est, c'est le chapeau pointu qu'il porte sur sa chevelure de jais. Ça lui vaut quelques regards, mais ici, personne n'osera vraiment l'interpeller. Sauf peut-être la police, qu'il contourne.

Quand on est accro à la solitude et qu'on porte soi-disant malheur, c'est plutôt le ticket gagnant, Peter ne va pas s'en plaindre. Toutefois, s'est-il mit en tête de ranger cette solitude au placard en partant à la recherche de l'enfant du Temps. Au-delà de retrouver sa trace, c'est à sa rencontre qu'il est partit, décidé surtout à percer les questions qui l'obsède. Des réponses qu'elle ne lui apportera pas forcément, des réponses qu'ils devront probablement aller chercher.

Courir après une divinité, c'est un sport jamais pratiqué et que Peter commence sincèrement à détester, surtout quand la divinité en question est douée pour se faire discrète. Ça fait plusieurs siècles qu'elle est discrète. Néanmoins, Peter est un sorcier intelligent, malin, avec un esprit de déduction puissant en plus d'une mémoire qui n'oublie jamais rien. En regardant derrière soi, il dirait que cela ne fait pas si longtemps qu'il est sur ses traces, un Homme toutefois dirait probablement l'inverse.

LE DERNIER SORCIER LIVRE 1 [STATUT : PUBLIÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant