Chapitre 10 : Le dessin

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 Vendredi 12 Décembre 2014

La toile qu'elle peint depuis le début de l'heure commence à prendre forme et elle est plutôt fière du rendu, mais toute sa fierté s'effondre lorsqu'elle voit la toile de George, d'Harry et de quelques autres étudiants et ça lui tombe dessus quand son professeur de peinture, son prof préféré, se rapproche d'elle et dit :

— Charlie, c'est assez brouillon, tu devrais recommencer. Tu as voulu terminer avant d'avoir commencé et ce n'est pas joli. Prends ton temps, il reste encore une heure et demie. Tu viendras me voir à la fin du cours.

M. Clay est plus exigeant avec elle, parce qu'il trouve qu'elle est douée et qu'elle doit constamment essayer d'être la meilleure. Il croit beaucoup en elle, il veut vraiment qu'elle réussisse ; elle a ce même prof depuis le tout premier jour, à la fac, et il a toujours été là pour elle, pour la soutenir, il a toujours voulu qu'elle fasse de son mieux et qu'elle donne le meilleur d' elle-même.

Elle pose sa toile contre son tabouret et en prend une nouvelle qu'elle place sur son chevalet, décidée à réaliser quelque chose de bien mieux et de plus réfléchi. Elle décide donc de réaliser un portrait. Elle lève les yeux de sa toile et aperçoit Harry qui la regarde, il lui sourit lorsqu'il se rend compte qu'elle le regarde aussi, et elle lui sourit à son tour. Sans qu'elle ne s'en rende compte, elle commence à tracer plusieurs coups de pinceau ; sans qu'elle ne s'en rende compte, elle peint Harry Fawkes. Ses yeux ronds et verts émeraudes, ses cheveux bruns et bouclés, son magnifique sourire.

Le cours se termine, alors elle range ses affaires, met sa toile dans son casier, jette l'autre et va voir M. Clay.

— Alors, Charlie, qu'en est-il de ton projet des Beaux Arts ?

Elle rêve d'intégrer les Beaux Arts de Paris depuis que ses parents ont confié une grande toile à la gérante de l'orphelinat, pour elle. Une grande toile, si grande qu'elle recouvre le mur de sa chambre. Quatre grandes toiles, pour être exacte. Elles commencent à une dizaine de centimètres du plafond et s'arrêtent au niveau du sol ; ils ont dû couper la toile géante en quatre parties, parce que c'était impossible à faire passer par la porte et à ranger. Heureusement, ils se sont appliqués et ont tout découpé proprement. Ces quatre parties sont une seule et même fresque, une seule et même œuvre et c'est son ticket d'entrée aux Beaux Arts de Paris (c'est ce qu'elle va présenter). Pour l'instant, ça ne ressemble pas à grand-chose, même si elle a commencé à la remplir depuis qu'elle sait tenir un pinceau dans sa main, mais elle a presque terminé de la remplir et d'ici la fin de l'année, ça devrait être achevé. La gérante ne lui a jamais dit si cette immense toile est un cadeau de ses parents, elle l'a juste présumé, peut-être qu'elle se trompe, peut-être qu'elle ne vient de personne, peut-être même qu'elle ne lui était pas destinée, mais ça lui a toujours motivée à être la meilleure et à peindre. Tous les matins, elle a un rituel : elle sourit, s'étire et ajoute quelques coups de pinceaux à la grande toile accrochée dans sa chambre. Cette toile est le grand projet de sa vie. La toile était vide lorsqu'elle l'ai eue et elle lui fait penser au vide qu'elle ressent en elle à cause de l'abandon de ses parents et elle fait de son mieux pour la remplir, en remplissant son vide intérieur avec de la peinture, du dessin et son amour pour l'art. Comme elle entame sa dernière année de licence à la fac, elle compte y entrer l'année prochaine, si elle est prise.

— Ça avance bien, merci beaucoup.

— Parfait. N'oublie pas de prendre ton œuvre en photo, une fois achevée, et de me l'envoyer par mail, d'accord ?

— Je n'y manquerai pas, monsieur.

Il fait un signe de tête approbateur en souriant, elle lui rend son sourire, le salue et se dirige vers la sortie.

ADRENALINE | H.S.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant