Chapitre 3 : L'envie (le besoin) de le sauver de lui-même

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Dimanche 26 Octobre 2014

Charlie n'a jamais aimé prendre le métro. Trop de gens sont collés entre eux à l'heure de pointe, et elle trouve ça désagréable. Puis, elle n'aime pas l'odeur de la transpiration, et le regard persistant des gens : elle se sent épiée, observée. De toute façon, elle déteste tous les transports en commun. Elle préfère se déplacer à l'aide de son skate, de la voiture de Wesley ou de son ancienne moto. Il en avait une il y a quelques années mais il l'a rangée dans le garage : ce n'est pas un grand fan. C'est vachement dommage, parce qu'elle adore l'ivresse de la vitesse. Elle doit prendre le métro jusqu'à la gare et prendre le train jusqu'à Columbus : c'est dimanche soir et elle va retourner en cours.

La seule école d'arts décente près de Lumpkin, en Géorgie se situe à Columbus, soit à quelques heures d'ici en train. C'est sa troisième année à Wicker University ; les week-ends passent tellement vite que c'en est affolant. Elle va retrouver sa routine universitaire, avec les cours normaux, les professeurs, les cours de dessin, sa chambre et Maxine, dite Max, sa colocataire. C'est également sa troisième année et elle l'apprécie. Lors de son tout premier jour, elle était vraiment effrayée à l'idée d'être loin de son frère, de Merry et de découvrir autre chose que le lycée et elle avait été là pour la rassurer, tout comme George. Elle l'avait même présentée à Warren.

Dans son sac de cours, elle n'a que ses affaires du lundi, son matériel pour dessiner et Salem – qu'elle apporte toujours partout où elle va. C'est comme une sorte de besoin : elle doit apporter ce roman partout. C'est son rituel et elle s'est attachée à ces pages et à Edward. Sa planche à roulettes dans une main et son sac dans le dos, elle attend le train, debout sur le quai, avec Wesley à ses côtés qui tient ma valise. Un regard à l'horloge derrière elle lui permet de constater qu'il est quinze heures et vingt trois minutes.

Ils sont désormais à la gare et Wesley ne va pas tarder à partir.

Elle regarde vers la droite un court instant pour constater si le train est loin ou non et tout à coup, un jeune homme saute du quai et regarde autour de lui puis attrape son regard. Elle ne bouge pas. Elle n'ose faire le moindre mouvement tellement elle est effrayée par le fait que le train pourrait surgir d'un moment à l'autre. Lorsque celui-ci pointe le bout de son nez, le jeune homme marche lentement sur les rails pour s'asseoir sur un banc sur le quai d'en face. Il est totalement inconscient.

Une dernière étreinte, une dernière parole et Wesley s'en va, tandis qu'elle passe le portail et se dirige vers les dortoirs. Elle prend une longue inspiration et ouvre la porte en grand, puis fait rouler sa valise jusqu'à son lit ; elle range son skate sous ce dernier et décide de mettre toutes ses affaires dans l'armoire. Elle met le livre sous son oreiller et décide d'envoyer un message à George pour savoir où il se trouve – il répond dans la seconde, lui disant qu'il est dans la salle d'arcade. Elle s'empresse de sortir de la chambre et ferme la porte à clef.

Dans la salle, il y a des jeux de société, des jeux d'arcade – entièrement gratuits –, un poste-radio, des consoles de jeu. Elle sourit timidement aux deux, trois personnes qui ont relevé la tête pour la regarder et se dirige vers George.

― Charlie ! Comment vas-tu ?

― Hey ! Bien, et toi ?

― Bien, aussi, dit-il en la prenant dans ses bras. Je te défie, d'ailleurs !

― À quel jeu ? sourit-elle.

― Au air hockey ? Ça te va ?

George Tyler, 20 ans. Il vit dans un appart universitaire, derrière la fac, tout comme elle, et va chez ses parents durant le week-end et les vacances. Ils ont vécu pas mal de choses, ils se sont connus à l'orphelinat et ils sont même sortis ensemble. Mais ça s'est mal terminé et ils ne se sont pas reparlés pendant plusieurs années : ils se sont mis ensemble au collège et elle croit que ça a duré une année scolaire (toute la cinquième). Ils ont passé de très bons moments, ensemble, mais ils ne sont pas faits pour être en couple. Puis, il a changé de collège.

ADRENALINE | H.S.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant