Chapitre 2

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Soudain, Stéphanie fut réveillée par un bruit de ferraille et des voix. Elle regarda dans la direction d'où venait ce tintamarre. Comme elle ne voyait rien, elle se leva et s'avança. Elle avança encore et vit alors surgir devant elle un homme en armure, du genre de celle qu'elle avait vu dans un livre d'histoire. Imaginez sa surprise ! Mais elle ne s'attendait pas à ce qu'elle allait vivre.

Le soldat s'écria en la voyant :

- Votre Altesse ! Nous vous cherchons depuis l'aube. Sa Majesté, votre mère est folle d'inquiétude. Attendez-vous à vous faire sérieusement gronder par votre père le Roi.

Stéphanie fut tellement stupéfaite, qu'elle ne put dire un mot. Elle n'avait pas encore réagi qu'une jeune fille habillée d'une robe longue apparut.

- Ah ! Princesse Stéphanie ! Je me faisais un sang d'encre.

Stéphanie se demanda :

« Mais, qu'est-ce qu'ils ont à me prendre pour une princesse ? Et, pourquoi sont-ils habillés comme ça ? »

Tandis que la jeune fille l'entraînait dans la direction d'où elle venait, Stéphanie tenta une question :

- Qui êtes-vous ?

- Comment ?

La jeune fille s'arrêta pour regarder Stéphanie, perplexe.

- Je vous ai demandé qui vous étiez. Répéta la fillette.

La jeune fille garda le silence un moment, puis demanda :

- Votre altesse ne me reconnaît-elle pas ? Je suis Marie, Votre gouvernante !

- Ma... gouvernante ? C'est quoi, une gouvernante ?

- Je m'occupe de vous depuis que vous êtes bébé.

- Vous êtes comme une nounou ?

- Une nounou ? Auriez-vous perdu la mémoire ?

- Mais, non ! Je vais très bien ! Je m'appelle Stéphanie Sarrazin. Et je ne comprends pas pourquoi vous me prenez pour une princesse !

- Mon Dieu ! Qu'est-ce qui lui arrive ? S'exclama Marie en regardant le soldat, tout aussi perplexe qu'elle.

Sans plus attendre, elle prit la main de Stéphanie et l'entraîna dans un chemin. Stéphanie eut beau protester, rien n'y fit. Marie ne l'écoutait plus. La petite fille n'était pas au bout de ses surprises : au détour d'un chemin, elle se trouva devant un immense château, avec de grandes fenêtres ornées de vitraux multicolore, des tours rondes et carrées dont les toits pointus étaient couverts de tuiles aux couleurs vives. Toute à ses pensées, Marie ne remarqua même pas les yeux étonnés de Stéphanie.

La fillette fut entraînée à l'intérieur du palais. Malgré sa grande inquiétude, elle remarqua les tentures tendues ainsi que les immenses miroirs, ainsi que les portraits peints qui ornaient les murs des vastes couloirs et les immenses salles qu'elle traversait. Elle crut même se reconnaître sur l'un d'eux.

On l'introduisit bientôt dans une salle qu'elle reconnut être la salle du trône. Un long tapis rouge la traversait. De chaque côté du tapis, des gentilshommes et des dames en longues robes se tenaient debout. Tous les yeux étaient tournés vers Stéphanie. Au bout du tapis, deux trônes dominaient. Ils étaient richement décorés de velours rouge, d'or, d'argent et de pierres précieuses. Une sorte de tente de velours rouge les surplombait, avec, au sommet, deux lances croisées et un bouclier orné d'armoiries.

Le roi fit signe à Stéphanie de s'avancer jusqu'à lui. La fillette vit alors les courtisans faire une révérence devant son passage. Elle s'arrêta juste devant les trônes, où étaient assis le roi et la reine qui la regardaient sévèrement. Là, elle fut stupéfaite par ce qu'elle vit. Elle crut alors qu'elle devenait folle. En effet, le roi et la reine ressemblaient traits pour traits à son père et à sa mère.

« Je dois faire un cauchemar ! » Pensa-t-elle.

Après un moment de silence qui parut interminable aux yeux de Stéphanie, le roi prit la parole :

- Eh, bien ma fille ? Que vous est-il passé par la tête ? Vous avez failli faire mourir votre mère de chagrin. Et, qui vous a habillé de la sorte ?

- Mais, je ne suis pas votre fille !

- Comment ?

- Oui, Majesté. Je m'appelle Stéphanie Sarrazin et je me promenais dans la forêt avec ma sœur et nos amis. Mais je leur ai faussé compagnie parce qu'ils m'énervaient et je me suis endormie contre un arbre.

La reine intervint :

- Vous divaguez ma fille ! Philippe, faites quelque chose ! Faites appeler les médecins ! vous voyez bien que notre fille est malade !

- Vous avez raison, Adeline. Répondit le roi. Il fit un signe à la jeune gouvernante qui se tenait en retrait et ordonna : Marie ! Emmenez son altesse dans ses appartements. Otez-lui cet accoutrement, donnez-lui un bain bien chaud et couchez-la. Nous allons faire venir les médecins à son chevet.

- Mais puisque je vous dis que je ne suis pas votre fille ! Laissez-moi retrouver ma sœur !

On tira littéralement Stéphanie hors de la salle du trône. Personne ne l'écoutait. Stéphanie se dit alors qu'elle devait vraiment vivre un cauchemar.

Quand la gouvernante l'introduisit dans la chambre de la princesse, Stéphanie fondit en larmes. Elle n'avait vraiment aucun espoir de se sortir de ce guêpier.

Ah, si seulement elle ne s'était pas disputée avec Emilie ! Si seulement elle ne s'était pas cachée pour lui donner une leçon ! Elle vit deux servantes entrer et ouvrir une grande porte. Avant même qu'elle ait pu réagir, elles la déshabillèrent. Stéphanie se retrouva bientôt toute nue dans une grande baignoire de marbre rose, entourées de trois femmes inconnues et savonnée par l'une d'elle et dont elle connaissait le prénom pour l'avoir entendu nommée par le roi : Marie. Elle pleura jusqu'à ce qu'elle fût couchée dans le grand lit de draps de satin, habillée d'une grande chemise de nuit blanche, ornée de broderies dorées.

Epuisée, elle s'endormit.


Stéphanie et la princesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant