Stéphanie et la princesse

Chapitre 6

Quand ils arrivèrent au palais, les gardes se frottèrent les yeux pour vérifier s'ils ne rêvaient pas. Rien ne différenciait les deux fillettes blondes qu'ils croisaient si ce n'était leurs vêtements.

Arrivés au bas des grands escaliers, Victor s'arrêta net :

- Je ferais bien de rester ici.

La princesse se retourna et regarda son ami en croisant les bras.

- Quoi ? Si j'entre, je risque de dévoiler votre secret en voyant le regard de la Reine !

La princesse leva les yeux au ciel et s'exclama à l'adresse de Stéphanie :

- Je ne sais pas comment sont les garçons, là d'où tu viens, mais ici, ils ne sont pas très courageux !

- Ben disons que s'adresser à une reine ou à une princesse... Commença Stéphanie.

- T'as pas eu de mal à parler à ma mère, toi !

- C'est pas pareil ! Fallait bien que je lui dise qu'elle se trompait !

- Et voilà ! Tout le monde devrait faire comme toi.

- Au risque de se retrouver au cachot ! Murmura Marie.

- Quoi ? Demanda la princesse.

- Non, rien Altesse.

- Il n'y a que la fille du roi qui peut parler à la reine sans attirer ses foudres. Osa faire remarquer Stéphanie.

- Ah, tu crois ? Si mon père n'était pas là, j'aurais sûrement dormi au cachot plus d'une fois ! S'exclama la princesse.

Sur ces mots, elle éclata de rire. Elle avait le même rire communicatif de Stéphanie, qui se mit à rire elle aussi.

Victor ne put s'empêcher de penser : « Ça fait peur ! même leur rire est le même ! »

Les deux Stéphanie continuèrent à se comparer. Ca les amusait de voir à quel point elles se ressemblaient. Marie en était tout étourdie en les écoutant. Tandis qu'elles devisaient, elles arrivèrent devant la grande porte de la salle du trône. Les deux gardes croisèrent leurs lances pour leur interdire l'accès. Un troisième homme s'approcha et commença à dire :

- Vous ne pouvez pas entr...

Il ne put terminer sa phrase quand il vit la princesse et Stéphanie côte à côte. Il resta bouche bée tant il était surpris par ce qu'il voyait.

- Ferme ta bouche, tu vas avaler une mouche ! Dit la princesse en riant de l'effet que la présence de Stéphanie provoquait.

- Je pensais à la même chose ! Annonça celle-ci.

- Vous ne vous ressemblez pas que physiquement, à ce que je vois. Ne put s'empêcher de remarquer Marie, en souriant.

Le garde fit un geste et les deux lanciers libérèrent le passage. Il ouvrit les deux battants de la grande porte et les fillettes entrèrent, main dans la main, suivies de près par Marie.

- Qui ose ? s'écria la reine.

- On dirait bien que ce n'est pas le roi qui règne ici ! Murmura Stéphanie.

- Chut ! Souffla Marie.

La princesse lui adressa un sourire un peu triste. C'était justement pour ça qu'elle avait fugué, espérant que la reine se remettrait en question et écouterait un peu plus le roi. En grand diplomate, il savait manœuvrer pour lui faire changer d'avis et faire en sorte que ses propres décisions soient approuvées par sa femme, mais ça prenait souvent du temps.