Deux mois passent...je m'habitue. Je n'ai plus réussis à faire sourire Rick depuis la dernière fois. J'essaye, je lui souris et lui demande de l'aide mais depuis une semaine il est bizarre... Il l'était avant mais là il m'inquiétait, il ne vient plus aider les autres pour amener les soldats blessés, du coup je ne le vois plus. Je ne vais pas me mentir, j'aimerais juste sentir son regard sur moi, cette semaine dans cet enfer m'a paru un mois...
Je laisse Lola s'occupé d'un soldat et je pars me laver les mains pour les prochaines victimes...En ce moment nous n'avons pas beaucoup de blessé juste une dizaine par jour. Puis c'est bientôt noël, dans une semaine c'est la relève et je vais pouvoir voir ma mère... Elle doit être morte de peur a l'idée que je ne revienne pas.
C'est à mon tour d'aller dormir, je marche seule dans la nuit, je marche sur le sentier de terre et de boue gelé. J'ai l'impression que mes doigts et mon nez vont tomber. Plus je m'éloigne des champs de bataille plus le bruit des obus est un lointain souvenir. Après de longue minute de marche j'entrevois une lueur dans la forêt, on aurait dit comme du feu. Je m'éloigne du chemin pour m'avancer vers la lumière. Mes bruits de pas dans la neige et ma respiration saccadé sont les seul bruits que j'entends. Un vent froid vient me caresser les joues tandis que je perçois dans l'air une odeur de brulé, je m'avance encore et un vent glacial vient éteindre ma lanterne et la lueur que je vis quelques minutes auparavant s'éteignit. Je m'arrête et tend l'oreille, j'entends encore quelques obus puis un reniflement et un grognement rauque. Je marche et continue mon exploration grâce à la lumière de la lune à travers les branches d'arbre nu. J'entends quelqu'un lâcher un juron, puis un grognement de douleur. Je m'avance timidement encore sur quelques mètres puis je demande « excusez-moi, vous allez bien, je suis médecin ».
Un nuage passe devant le claire de lune, ce qui me plonge dans le noir complet, je n'entends plus rien, juste le bruit de vent froid dans les fines branches d'arbre. J'entends une respiration saccadé. Je m'approche et arrive enfin à raviver le feu de ma lampe qui c'étais endormis. La lumière de la frêle flamme éclaires la sombre forêt et j'arrive a distingué qui étais devant moi... Lui...
Il est assis, il se tient le bras. Son arme est posée contre le tronc sur lequel il était adossé. La neige est teintée de rouge, il perd du sang. Je lève mes yeux et détaille son visage. Ses larmes ont dessiné comme des chemins sur ses joues. Sa lèvre tremble, surement à cause de la douleur et du froid. Il n'ose pas me regarder dans les yeux. Je pose ma bougie à côtés de lui et m'assois en tailleur pour lui faire face. Je prends sa main et sort du matériels pour le soigner. Il me regarde surpris et se laisse faire. Je m'occupe de le désinfecter pendant qu'il se tord de douleur. Le voir comme ça me fais du mal, ses yeux son rempli de douleur et de peur. Ses mains trembles et son corps est pris de secousse lorsque l'on entend un bruit, que ce soit un animal ou le bruit du vent dans les branches. Il transpire, ses joues son rouge et ses lèvres sont bleus.
Je l'aide à se lever et on rejoint la route. On marche pendant environ une heure puis nous arrivons à un point de repos pour les soldats et pour les médecins. Je rejoins une grange et retrouve d'autre fille comme moi. Je commence à m'endormir mais un soldat m'interrompt, il me tend une enveloppe taché de boue et jaunie par le voyage.
J'ouvre délicatement le papier et commence à lire...
Je dois rentrer à Paris cette nuit...
Je ne rejoindrais plus le front désormais, ils m'ont remplacé par une dizaine de médecin plus expérimenté que moi, je ne recevrais donc plus d'argent pour mon travail. Il vas falloir que je trouve une solution...
Je prends mon sac et rejoins l'infirmerie, je regarde par la fenêtre et vois Rick endormis sur un lit.
J'espère qu'il survivra, puis je partis avec l'idée que je ne le verrais plus jamais...