Chapitre 1

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— Sofia —


Mes réflexions m'ont conduite ici, dans les toilettes privées de la plus grande salle de réception de la ville. Ce soir a lieu le gala annuel pour fêter le nouveau millénaire et, pour ma plus grande satisfaction, le thème de cette année est le bal masqué.

Quoi de mieux pour entretenir le mystère d'une fausse identité ?

Autre avantage de cette cérémonie : les milliardaires les plus puissants de cette sphère élitiste sont présents. Mais qui dit rassemblement des plus influents, dit également invitation nominative...

Alors comment y suis-je entrée ?

Rien de plus simple : ne pensez pas « invités », mais « personnel de service ».

J'ai postulé pour être serveuse il y a un mois, ma candidature a été retenue. Avoir une intendante pour mère a plus d'avantages qu'on ne le pense. Nous avons aussi notre réseau de contacts, que croyez-vous ?

Je suis donc officiellement un des innombrables employés de cette cérémonie qui vient de disparaître sans que personne ne le remarque. C'est à peine si la gérante connaît nos noms.

Mes yeux s'arrêtent une dernière fois dans le miroir.

Vous ai-je précisé que ma passion était le stylisme ?

C'est incroyable ce que l'on peut faire avec une robe de seconde main, de la dentelle et quelques perles.

Je me présente donc à nouveau : Sofia, riche héritière récemment arrivée d'Angleterre pour achever ses études dans l'une des meilleures écoles de mode.

Le stylisme étant mon domaine de prédilection, cela rendra la chose plus crédible, et je connais aussi bien la carte de Londres qu'un film d'Audrey Hepburn. Quant au prénom, il me sera plus simple de garder le même. Après tout, personne ne connaît la petite Sofia, fille de l'intendante. Et il viendra un moment où je devrais annoncer ma véritable identité, celui-là même où mon riche compagnon se proposera de me sauver à la Pretty Woman, donc mieux vaux minimiser les mensonges.

Ma tenue est prête, il ne me reste plus qu'à nouer le masque sous les mèches ondulées de mon chignon. Je pose une main sur la poignée et sens la musique ronronner à travers la porte.

Le bal n'attend plus que sa cendrillon.

La loge donne sur un vestibule orné de moulures. Je monte les marches avant de me dévoiler à la salle entière. Quelques regards interrogateurs se tournent vers moi mais tout le monde semble simplement apprécier la soirée. Loin de l'entrée en scène éblouissante d'un conte de fées...

Je vous avais prévenus : pas de poudre aux yeux.

J'en profite pour balayer la salle du regard en essayant de repérer des visages familiers. C'est plus compliqué que je ne pensais avec les masques.

Un serveur passe près de moi et je lui arrache une coupe de champagne. Les bulles d'alcool chatouillent ma gorge en me procurant le courage nécessaire pour continuer d'avancer.

Mon homme idéal est un milliardaire, dans la tranche dix-neuf/trente-cinq ans – j'en ai vingt-cinq –, célibataire.

Une épouse, c'est tellement dérangeant. J'aurai droit à quelques présents mais je mérite mieux qu'être une simple maîtresse qui n'a pas son mot à dire. Je vous l'ai dit, je recherche une véritable relation.

Milliardaire est un palier. Le mieux est qu'il le soit mais l'essentiel est de choisir un propriétaire. Un simple employé n'a aucune garantie de garder son argent et son prestige.

Monsieur Millionnaire [ÉDITÉ CHEZ BMR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant