Chapitre 6

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— Sofia —


En arrivant au manoir des Harris, je tombe sur ma mère, une liste à la main. Elle est en plein inventaire face à l'argenterie de la salle à manger. Nous échangeons un sourire.

— Un coup de main ?

Elle fouille parmi les feuilles et en retire une qu'elle me tend.

— C'est la liste que le cuisinier a laissée pour cette semaine, tu pourrais vérifier que tout est présent ?

— Je m'en occupe !

— Merci, tu es adorable.

Je saisis le papier et marche en direction de la cuisine. Mon attention est rivée sur la liste lorsque je heurte quelque chose. Ou quelqu'un, je connais suffisamment le manoir pour savoir qu'il n'y a pas de meubles ici.

Je lève la tête et aperçois Dan, son téléphone encore allumé à la main. Ses yeux me détaillent en m'arrachant un rougissement.

— Te voir est toujours un plaisir, Sofia.

— E-excuse-moi, je ne regardais pas où j'allais.

Il se penche vers moi avec un sourire espiègle. Son parfum perturbe mes sens, il faut que j'arrête cette analogie stupide avec M. M.

— Si tu voulais m'approcher, il y aurait des moyens plus simples d'y parvenir.

— Qu'est-ce qui te laisse croire que je voudrais t'approcher ? répliqué-je en le foudroyant du regard.

— Toi, seule, chez moi.

— Je ne suis pas seule, ma mère est au bout du couloir.

— Est-ce que ça va vraiment nous empêcher de nous amuser ? chuchote-t-il à mon oreille.

Sa voix résonne dans tout mon être. Mon cœur fait un bond. Je le repousse avec force et constate son sourire idiot.

— T'es vraiment con !

— Et toi aussi rouge que les murs du bureau de mon père, rit-il.

Quand je vous disais qu'il était juste INSUPPORTABLE. Toutes ces années n'ont eu aucun effet sur lui, il n'a absolument pas changé !

Je le contourne pour tracer ma route. Une fois éloignée, je jette un œil dans sa direction et le vois à nouveau rivé sur son écran. Il est passé à autre chose aussi vite qu'il m'a bousculée.

Et puis d'ailleurs, pourquoi suis-je la seule à m'être excusée ?!

La notification d'un message retentit dans ma poche en attirant l'attention de Dan. Je m'évade avant qu'il ne me surprenne en train de l'observer. J'attends de rejoindre la cuisine pour m'autoriser à respirer.

Après avoir déposé la liste sur le plan de travail, je sors mon téléphone pour lire le message.

C'est M. M. :

> Voici l'adresse, princesse.

Demain sera l'occasion idéale pour découvrir son identité. En dehors d'un bal masqué, je vois mal comment il pourrait parvenir à cacher son visage.

Je sens mes joues chauffer à l'idée de le voir enfin, oscillant entre hâte et appréhension. De toute manière, à en croire Dan, je rougis facilement...

Une boule de nerfs me monte à la gorge.

Argh ! Il m'énerve.

Je saisis la liste avec fureur et commence l'inventaire de la cuisine.

Il va tout de même falloir que je reste sur mes gardes concernant Tiffany. La manipulation est pour elle ce que le katana est à un samouraï.

Comme moi diriez-vous ?

Mes intentions sont sincères, je cherche une véritable relation. J'ai simplement renoncé à l'amour, à la réplique du « je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme toi avant ». C'est là le plus parfait des mensonges.

Comment croire que nous nous distinguons et surpassons toutes les femmes qu'un homme ait rencontrées et qu'il rencontrera à l'avenir ? Qu'aucune n'est plus belle, plus intelligente ou plus drôle ?

L'amour n'est qu'hypocrisie. Il ne vaut pas le sacrifice, bien qu'il en donne l'impression.

Au fond, le véritable but de toute chose est l'argent. Des guerres à la paix, de la science au travail...

N'est-il pas déjà le but de notre vie sans que l'on ne s'en rende compte ?

Très chers amis, nous passons à la seconde phase de mon plan : séduire.

Monsieur Millionnaire [ÉDITÉ CHEZ BMR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant