Chapitre 5

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— Sofia —


J'arpente les rues de la ville en admirant les vitrines des boutiques de luxe. Il me faut une tenue à la fois distinguée et séduisante puisqu'elle me servira aussi à charmer mon cher M. M.

Attention, séduction est plus proche de suggestion que de divulgation. Je veux une relation sérieuse alors pas de vêtements qui pourraient dénaturer le message que je souhaite faire passer.

Après réflexion, je me dis que l'élégance aristocratique de Givenchy me servirait plus que le style working girl – parfois dans la discontinuité des genres – de Saint Laurent. Je me dirige donc vers la boutique au coin de la rue.

Cet espace splendide d'une sobriété brisée par l'éclat de provocation dans les sofas disposés entre chaque rayon... Celui-là même dont il suffit de franchir le seuil pour qu'un vendeur se précipite et vous propose un café, attendant de se plier au moindre de vos désirs.

En deux mots : mon rêve.

— Bienvenue dans notre boutique Madame, voudriez-vous boire quelque chose ? s'avance la vendeuse.

— Ça ira, je vous remercie.

Qu'est-ce que je vous disais ?

Et cela avec mes vêtements bon marché et mes cheveux à peine coiffés.

Une consigne très stricte circule au sein des enseignes de luxe : l'absence de jugement. Ils reçoivent le chien le plus errant du quartier et en font un roi dès qu'il passe leur porte.

— Avec votre silhouette, nos collections vous iront à merveille, commente la vendeuse. Je vous recommande particulièrement cette partie-là de la boutique. Il s'agit de pièces uniques que nous venons de mettre en rayon.

La flatterie sonne toujours comme la plus agréable des mélodies, même si c'est pour vendre.

J'effectue un tour rapide et compose ma tenue idéale. Une fois sûre de mon choix, je passe à la caisse. Ma mâchoire se crispe au montant affiché sur l'écran.

C'est une sacrée somme mais on n'a rien sans rien, n'est-ce pas ?

Je prends soin de garder le ticket de caisse. Un sac à main et une paire de Stilettos plus tard, me voilà parée pour mon brunch.

J'arrive au Plaza à 10 h 30. Je m'assois à une table et commande la ligne la moins chère de la carte. Quelques minutes plus tard, je distingue la silhouette de Tiffany qui approche. Elle me jauge de la tête aux escarpins.

— Jolie tenue.

— Je vous retourne le compliment.

— Tu peux me tutoyer, je me sens prendre dix années de plus lorsque l'on me dit « vous ».

Sa remarque m'arrache un rire. Même si elle prenait dix ans, elle ferait en sorte que ça ne voie pas. L'argent peut tout acheter, même la jeunesse. Du moins, en apparence...

La serveuse revient en apercevant une nouvelle venue.

— Souhaiteriez-vous commander ?

— Tu veux quelque chose ? me demande Tiffany en analysant le contenu sur la table.

— J'ai déjà commencé en attendant ton arrivée.

— Juste un café ?

Oui, dix euros pour ce foutu expresso accompagné d'une minuscule part de cake saveur citron. J'admets néanmoins qu'il est succulent.

Monsieur Millionnaire [ÉDITÉ CHEZ BMR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant