Les combattants de pierres

Chapitre 5

― Très bien. Comme je vous l'ai dit, votre mère était lieutenante de l'armée ennemie, jusqu'au jour où elle se retrouva à combattre votre père. À cause d'un traître caché dans nos rang, un sortilège clandestin fut lancé et les gardes arrivèrent trio tard pour le stopper. Vos parents se retrouvèrent tous les deux dans une forêt loin de nos troupes où ils continuèrent à combattre. Après plusieurs heures d'affrontement, votre mère l'avait fait prisonnier. Mais au moment de l'achever, elle reçut un message de son Roi, lui demandant de lui livrer le prisionnier vivant. Il voulait laisser à ses bourreaux le soin de lui extorquer des informations avant de se débarasser de lui. Tout ce qui lui restait à faire, c'était d'attendre qu'un nouveau sort de téléportation.

― Au loin, les échos de la bataille leur parvenaient. Ce ne fut qu'au crépuscule que votre père brisa le silence. A la faveur de l'obscurité et après plusieures tentatives infractueuses pour le faire taire, Kiora, votre mère, s'était résignée à échanger avec son prisonnier. Ils ont donc commencé à faire connaissance, et de fil en aiguille, ils en arrivèrent à parler de leurs idéaux, et les raisons qui les avaient poussés à s'engager. Il apparut finalement qu'ils se battaient pour la même cause ; la liberté de leur peuple et pour la paix. Ce n'était peut-être pas la vision de leur dirigeants, mais eux se battaient pour ça. Et pourtant, ils avaient tué des pères, des frères, des fils. Chaque soldat porte en lui le poids de la victoire, qui se compte en morts. Alors à quoi bon continuer ce massacre, si c'était pour détruire ce que leurs ancêtres avaient eu tant de mal à construire ?

Nuri, accablé par ces paroles, était avachi sur une chaise. Ses jambes ne le portaient plus. Un chaos régnait dans sa tête.

― Comment connaissez-vous ces détails ? demanda-t-il difficilement.

― Votre père les a écrits dans des carnets qu'il nous confia par la suite, avant de quitter l'armée.

Le colonel s'arrêta pour boire une gorgée. Nuri était sûr qu'il avait eu une hésitation infime, avant de répondre. L'homme ne semblait pas à l'aise. Il reprit rapidement son récit, en évitant de croiser le regard du jeune homme.

― Au petit matin, tout avait changé. Krai, votre père, avait fini par réussir à convaincre votre mère de changer de camps. Notre ennemis avait commis plus d'atrocité que nous. Dans le plus grand des secrets elle avait décidé de revenir dans les rangs de son ancien maître, mais cette fois en temps qu'espionne. Ils avaient convenu que, lorsque le sort de retour sera lancé, seule votre mèresera pris dans son champ d'action, Krai serait alors assez loin. Kiora revint donc à son Roi, disant que son prisonnier s'était échappé. Elle était prête à subir le courroux de son maître pour garder sa confiance, et jouer son rôle d'espion. Krai servait de messsager. Lorsqu'elle lui faisait parvenir des informations sur les mouvements prévus des troupes, et des stratégies militaires de nos ennemis, il les faisait passer à nos chefs. Malheureusement, après seulement un mois à notre service, elle se fit surprendre par un soldat alors qu'elle rentrait de nuit par un passage secret de son château. Personne ne savait pourquoi elle était sortie...

Nuri leva la lain pour l'interrompre. Trop d'informations tournaient dans sa tête. Il se releva et commença à faire les cent pas. Il choisit d'attendre la fin du récit pour remettre de l'ordre dans ses pensées. Une question surgit dans son esprit et il la posa aussitôt.

― Elle se fit arrêter ? Mais... elle ne pouvait pas prétendre une balade nocturne ?

― Malheureusement, les temps étaient compliqués, et plus d'un avait été déclaré coupable seulement, pour avoir parlé une fois à la mauvaise personne. Alors pensez-vous, une haute gradée surprise au beau milieu de la nuit, il y a des quoi se poser des questions. Les puissants crièrent à la trahison. Même sans preuve, ils la condamnèrent à mort, sans savoir qu'ils avaient raison, pour une fois. Heureusement, nous avons eu vent de la nouvelle et, la nuit précédant son exécution, nous avons pu la faire échapper en toute discrétion. Malgé les supplications de votre père, après vous avoir mis au monde elle décida de retourner dans le camp ennemi, cette fois en se cachant de tous. Elle ne pouvait plus avoir confiance en personne là-bas. Elle a continué à nous faire parvenir des information, grâce à la magie. Nous ne la revîmes plus jamais. Nous entendions seulement sa voix. Personne ne savait où elle était vraiment. Jusqu'au moment où plus aucune nouvelle n'est apparût. Votre père était effondré, mais il devait s'occuper de vous. Alors il fit ce qu'il avait fait toute sa vie : il fit face avec honneur et courage, sans jamais baisser les bras.