Chapitre 3 : L'Humiliation : Antoine

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Les lois de la jungle détruisent une enfance

T'es comme une bougie qu'on a oublié d'éteindre dans une chambre vide
Tu brilles entouré d'gens sombres voulant t'souffler
Celui qui a l'moins de jouets, l'moins de chouchous, celui qu'on fait chier
Le cœur meurtri, meurtrière est ta jalousie
L'enfant seul se méfie de tout le monde, pas par choix, mais dépit
Pense qu'en guise d'ami son ombre suffit
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Quand ces gosses poussent leur souffrance aussi nous savons tous que
Personne ne guérit de son enfance
Même un torse poilu ne peut oublier sa vie de gosse

3 septembre 1996, quelque part dans les Yvelines

L'heure était venue d'entrer au collège. Même s'il avait peur, il avait prit la décision qu'il fallait qu'il s'affirme un peu plus maintenant qu'il passait à l'étage supérieur de ses études. Il ne voulait plus se laisser marcher dessus. Malheureusement, Antoine avait raté son brevet et devait redoubler sa troisième. Cela signifiait qu'ils allaient se croiser au collège. Et cela ne l'arrangeait pas dans sa quête de création d'une nouvelle identité. Son but était donc de faire comme si de rien n'était et d'éviter au maximum son frère adoptif.

Sa décision avait été mûrement réfléchie durant l'été. Après un mois de juillet tumultueux à subir les attaques verbales de Maxime et Antoine ainsi que de leurs amis qui passaient leur temps chez eux, il se mit en tête de ne plus se laisser marcher dessus. Et quoi de mieux qu'un nouvel établissement scolaire pour tout changer ?

Il ne pouvait pas le faire à la maison. Charles était trop sur son dos pour qu'il puisse faire quoi que ce soit. Et puis ses fils étaient des vicieux. Ils lui aurait très rapidement fait payé ses affronts. Il essaya donc de rester tranquille pendant le moi d'août qui suivit. Cet été là ils avaient choisi la montagne et Ben trouvait ça parfait pour entretenir ses idées d'évasion. Pendant leurs randonnées interminables, il s'était mis à l'arrière, essayant d'en profiter pour s'éloigner d'eux avant d'accélérer le pas quand il se sentait prêt. Ils avaient également passé une nuit dans la forêt à faire du camping et c'était peut être un de ses meilleurs souvenirs avec les Delmayer. Il avait partagé sa tente avec Sonia avec qui ils avaient raconté des histoires d'horreur et mangé des bonbons en de racontant quels étaient leurs rêves pour la suite.

"Tu veux faire quoi plus tard mon petit Ben ? Tu as des idées déjà ?" demanda-t-elle.

"Je veux devenir cuisinier." Annonça le jeune garçon. "Je veux travailler dans un restaurant dont je serais le chef."

"Oh c'est trop bien ça ! J'espère vraiment que tu y arriveras ! "

Il sourit fièrement et Sonia enchaîna.

"Moi je veux faire de l'art. J'aime tellement les musées et tout ce qui est culturel. Et grâce à papa je sais que c'est réalisable parce qu'il me soutiendra quoi qu'il arrive."

Benjamin pensa avec mélancolie que jamais Charles ne voudrait l'aider à atteindre son objectif. L'homme avait d'autres projets pour lui. Après que ses deux fils aient très bien fait comprendre qu'aucun d'eux ne ferait de grandes études, il avait décidé que Ben se devrait d'en faire pour le bien de la famille. Mais il savait que le but était encore une fois de bien le contrôler pour l'empêcher de 'mal tourner' comme il l'avait dit trois ans plus tôt.

C'était une chose dont il avait souvent entendu ses parents adoptifs parler. Du fait qu'il fallait toujours être en mesure de contrôler tout ce qu'il faisait car les enfants traumatisés par la perte de leurs parents ne pouvaient devenir que des délinquants qui finiraient pas se retourner contre ceux qui avaient accepté de tout leur donner. Mais Benjamin n'avais jamais rien eu de leur part. Excepté le temps qu'il passait à apprendre ses leçon avec Charles, les parents l'évitaient le plus possible, le laissant aux griffes de leurs deux fils la plupart du temps. Leur chambre se trouvait à l'étage le plus haut donc ils n'avaient que très peu de contact avec les enfants pendant la journée, les laissant livrés à eux même dans leurs chambres.

Nos blessures : thérapie de la solitudeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant