Chapitre 2 : L'Abandon : Thomas

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Les blessures de l'enfance sont souvent les plus difficiles à oublier.

J'ai passé tout mon temps à fuir, un peu comme mon père l'a fait. Non il m'a jamais vu grandir, je peux pas être son portrait craché.
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Un jour, tu me donnes la vie, puis l'autre, tu m'abandonnes
Si je cherche ton fantôme, comment devenir un homme
J'ai pas besoin de ça, j'ai pas besoin de toi
Mais tes conseils me manquent.

4 avril 1985, maternité de l'Hopital Cochin, Paris

Des cris se firent entendre à travers tout l'étage. Ce jour là, un jeune garçon venait de naître. Bien que ses petits yeux noirs hébène n'étaient pas encore ouverts et que ses cheveux bruns foncés ne garnissaient pas encore toute sa tête, sa voix elle s'élevait déjà assez fort pour rappeler au monde qu'il était désormait un habitant de la Terre.

Après l'accouchement, on déposa l'enfant dans les bras de sa mère et ils furent conduis dans une chambre ou les attendait Thomas, le père. Il observa son fils pendant quelques longues secondes avant que Monica ne lui propose de le prendre dans ses bras. Il s'exécuta sans savoir comment le prendre et elle le conseilla en souriant.

Lui n'arrivait pas à sourire. Il avait peur de ce petit être qu'il avait conçu. Thomas ne s'était jamais sentit prêt à être père. Quand sa femme lui avait présenté son test de grossesse positif, il avait feint la joie, voyant à quel point ça la rendait heureuse. Il savait qu'elle voulait être mère depuis très longtemps. Lorsqu'il s'étaient rencontrés, elle lui avait très vite fait part de son désir de maternité. Il n'avait jamais rien dit et préférait garder ses doutes pour lui.

Pendant la grossesse, il l'avait accompagné comme il avait pu, essayant de cacher son malaise face à la joie comunicative de sa femme. Mais maintenant que l'enfant était né, toutes ses angoisses refaisaient surface, et il avait beaucoup de mal à le cacher.

Il berça quand même son fils sans rien dire, n'arrivant pas à exprimer ses émotions. Sa femme les regarda avec tendresse et s'installa plus au fond de son lit.

"Il s'appellera Benjamin." dit-elle finalement, lui faisant lever la tête vers elle.

"C'est un très beau prénom. Cela me convient parfaitement. Bienvenu parmi nous petit gars."

Qu'importe le prénom qu'elle avait choisi. Il préférait que ce soit elle qui décide de tout. Mais maintenant que l'enfant avait un nom, tout cela devenait trop réel pour lui. Il reposa le garçon dans les bras de sa mère et prétexta un besoin d'aller aux toilettes pour pouvoir sortir prendre l'air. Il avait l'impression d'étouffer dans cette petite chambre.

Une fois dehors, il prit une grande inspiration. Il ne comprenait pas pourquoi il se sentait aussi mal. Thomas n'était pas un homme stressé. Il était même très zen la plupart du temps. Mais quand il s'agissait de devoir s'occuper d'un enfant, il n'était plus le même. Cela faisait des mois qu'il ne dormait plus et qu'il n'avait plus d'appétit. Monica ne semblait pas s'en rendre compte, fatiguée de porter un bébé en elle. Il essayait donc de prendre sur lui, cachant ses angoisses nocturnes et le cauchemar qu'il faisait à propos de l'enfant.

Dans ses rêves, il le voyait grandir et devenir un délinquant, incapable de respecter la loi et faire le bien autour de lui. Il avait la sensation que son fils allait mal tourner. C'était un sentiment étrange mais cette impression ne le quittait pas. Il allait être un mauvais père et serait incapable de l'élever comme il le devrait. Il le savait. Il n'était vraiment pas prêt.

Après une dizaine de minutes, il retourna rejoindre sa femme et son fils en souriant. Elle n'y vit que du feu et lui annonça qu'elle ne rentrerait avec Benjamin que quelques jours plus tard. Il poussa un soupir de soulagement et sourit malgré lui, heureux d'avoir encore quelques jours de répis.

Nos blessures : thérapie de la solitudeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant