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Joyeux anniversaire Benjamin

         Benjamin déambulait seul dans les belles rues de Rome, les yeux dans le vague, les pensées ailleurs. C'était sa journée aujourd'hui, enfin il paraît. C'est lui le roi de la fête aujourd'hui. Sauf que lui, il n'aime pas ça. Être au centre de l'attention de ses proches. Recevoir des messages hypocrites de personnes qu'il ne peut même pas considérer comme des amis. Recevoir des cadeaux alors qu'il ne pense pas les mériter, et devoir faire semblant de les apprécier. Mais il ne se voilait pas la face. Ce n'était pas ça que le poussait de plus en plus à ne pas aimer cette date. Il savait ce qu'il n'aimait pas. Fêter une nouvelle année de sa vie seul, et fêter son âge qui avance et sa vieillesse sans que la personne de sa vie se tienne à ses côtés. Il ne l'avouait à personne, mais c'est cela qui le déprimait le plus le 4 avril de chaque année. Constater qu'il en est encore au même point que l'année précédente. A être éperdument amoureux à quelqu'un qui ne l'aimera jamais en retour. A porter un amour infini voué à être en sens unique. Il se sentait nul à chaque fois, de ne pas progresser, de ne pas oser faire un pas en avant et parler de ses sentiments, ou de ne pas faire un pas en avant et oublier ses sentiments pour passer à autre chose. Cette année il avait pu s'exiler en Italie, espérant qu'être proche de sa famille au lieu de son boulot et de son amour impossible lui permettrait d'avoir un peu plus le moral. Sa famille l'attendait sûrement d'ailleurs. Ses proches le comprenaient, du moins en partie, et avait respecté sa volonté de vouloir un moment seul à se promener dans cette ville qu'il aime tant. Mais Benjamin se doutait bien que ses proches avaient profité de son escapade pour préparer le repas du midi et qu'ils l'attendaient impatiemment pour commencer la fête. La seule chose que Benjamin appréciait de son anniversaire et de sa journée, c'est que cette année la date avait servi efficacement de prétexte pour réunir une partie de sa famille à Rome. Il y avait ses parents bien sûr, mais aussi son frère et sa famille, et ça suffisait à Benjamin qui aimait tant sa famille pour lui donner envie de rentrer et mettre de côté ses pensées négatives. C'est donc d'un bon pas qu'il arriva devant l'appartement qu'ils avaient loué en plein centre de Rome. Il s'arrêta devant la porte, et regarda le ciel un instant se demandant ce que son amour pouvait bien faire à des milliers de kilomètres d'ici, à Paris, un lundi de boulot, qui devait tellement l'occuper qu'il n'avait pas pris le temps d'envoyer un message de fête à Benjamin. Celui-ci soupira, se blâmant intérieurement d'avoir ce genre de pensées alors qu'il était justement ici pour ne pas laisser son esprit le torturer sur ce qu'il ressentait et pour qu'il passe un moment de joie comme ça lui manquait. Il respira un bon coup puis rentra à l'intérieur.

" Joyeux anniversaire !!!! " crièrent toute sa famille qui l'attendait, tous autour de la table déjà dressée et décorée.

         Benjamin ne put s'empêcher d'être ému de les voir tous réunis et heureux, et se permit de laisser son cœur se réchauffer face à cette vision avant de se rapprocher d'eux en souriant. Il fut rapidement coupé dans son élan de discussion par son frère :

" Bon Ben, on a un cadeau un peu spécial, et cette surprise ne peut pas attendre qu'on mange pendant 4h comme d'habitude...."

         Benjamin réfléchissait, surpris, de ce que pouvait avoir prévu sa famille qui avait tous l'air très fier d'eux, même son neveu semblait complice. Son frère lui tendit son téléphone le tournant vers lui. Et Benjamin le vit. Il était là. Dans le téléphone de son frère. Il était beau, même à travers un écran, éblouissant, avec son grand sourire et ses cheveux qui brillaient au soleil, et il lui souhaita le bon anniversaire que Benjamin voulait le plus de la journée.

" Oh merci Pierre ! Mais qu'est ce que tu fous dans le téléphone de mon frère toi ? Demanda Ben dans un rire crispé,

- Je pouvais pas rater cette journée quand même Ben !"