L'accident (I)

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         Le téléphone de Fred s'alluma et commença à vibrer. Fred fut immédiatement surpris de voir que Benjamin essayait de le joindre. En plein dimanche après-midi, Fred se demanda s'il avait oublié que quelque chose avait été prévu et décrocha. Quelle ne fut pas sa surprise d'entendre une voix hachée, tressautant, à la place de la voix habituellement calme et posée de son collègue et ami :

" Fred, Fred, commença Benjamin la voix entrecoupée par des sanglots, il est à l'hôpital, il est aux urgences, il a été emporté !!!

- Qui ça il? Calme toi Ben je peux pas comprendre là, de quoi tu parles? Pierre est à l'hôpital???

- Oui, s'étrangla une nouvelle fois Benjamin, il a été renversé, c'est de ma faute, Fred, Pierre va mourir

- Benjamin, ressaisis-toi tu es incohérent là, dis moi où tu es j'arrive tout de suite et on va ensemble à l'hôpital pour aller le voir, ça te va? "

         Après avoir difficilement récupéré la localisation de Benjamin dans un parc pas loin de chez lui, Fred s'empressa de partir le rejoindre. Il était sincèrement inquiet, pour Pierre évidemment, et pour Benjamin, il n'avait pas compris grand chose de la situation mais ce qui était sûr c'est qu'il n'avait jamais vu son ami dans un tel état. Il le retrouva d'ailleurs 10 min plus tard, à moitié assis par terre, tremblant de tout son corps. Fred le saisit par les épaules, le pris fermement dans ses bras pour le soutenir et le calmer et lui demanda doucement de s'expliquer alors qu'il le tirait vers le métro le plus proche pour se rendre à l'hôpital que Benjamin s'empressa de lui indiquer. Après une grande respiration, Benjamin réussi à aligner plus de deux phrases sans qu'un pleur ne lui échappe :

"J'avais rendez-vous avec Pierre, il était en retard alors je lui ai envoyé un message, et j'ai peu de temps après été appelé par son numéro mais ce n'était pas lui. C'était un passant qui a vu Pierre se faire renverser par un camion.

- Quoi? Pierre renversé? Un passant qui t'appelle avec le tel de Pierre?

- O-oui, Pierre était en vélo pour venir, il a dû vouloir me répondre en pédalant. Le passant a appelé les urgences et a ensuite remarqué son téléphone par terre encore déverrouillé sur notre conversation alors il a appelé. Pierre a eu un accident à cause de moi, il est aux urgences, tu te rends compte Fred? Comment vais-je faire? Je suis impardonnable

- Benjamin, détends pas, on ne sait pas encore ce qu'il a, on arrive bientôt là on verra bien, mais je suis sûr qu'ils vont réussir à le soigner. Et ce n'est pas de ta faute si un camion a mal conduit, t'y peux rien Ben!"

         Dire que Benjamin était au bout de sa vie serait un mauvais jeu de mot par rapport à la situation actuelle de Pierre, cependant tout son monde s'était écroulé. Parce que tout son monde reposait sur Pierre, qui lui repose maintenant certainement sur un lit d'hôpital. Tout ce monde c'était Pierre. Et dans la salle en attendant le verdict, Benjamin était terrifié, terrorisé à l'idée de perdre ce qu'il avait de plus cher, de perdre celui auquel il tient le plus au monde, de perdre celui qu'il aime plus que tout, de perdre Pierre. Parce que oui, évidemment qu'il l'aime, aucune réalité parallèle où Benjamin n'est pas amoureux de Pierre ne pourrait exister, ce sont des âmes sœurs. Des âmes sœurs si angoissées à l'idée de perdre leur relation amicale si particulière que ni l'un ni l'autre n'osait tenter quelque chose. Et ce rendez-vous anodin du dimanche après-midi, hors travail, hors vidéos, aurait pu marquer un changement dans leur relation, une évolution que Benjamin souhaitait infiniment, et depuis toujours. Sauf que ce satané phénomène dénommé destin en avait décidé autrement, et Benjamin, au lieu de passer une après-midi au parc à discuter avec l'amour de sa vie depuis plus de 3 ans maintenant, la passait à attendre dans un hôpital qu'on lui annonce l'état dans lequel était son amour. Et malgré le soutien que lui apportait Fred, qui lui parlant pour lui changer les idées, l'esprit de Ben ne faisait que chauffer, il s'imaginait une vie où il aurait rendu Pierre handicapé, une vie où Pierre n'était pas, une vie où Pierre ne se réveillait pas, une vie où il aurait tué Pierre. Jamais de sa vie Benjamin ne s'était senti autant coupable que maintenant, jamais il ne s'en était autant voulu, jamais il ne s'était autant détesté, jamais il n'avait autant pensé au suicide pour se libérer d'un poids plus lourd que la planète entière, le poids de la culpabilité d'avoir tuer l'être aimé.

RECUEIL OS VERRECROCE  - Hors vidéosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant