Avoir rencontré la personne de sa vie (I)

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         C'est quoi la plus belle chose de ta vie ? L'événement qui a changé ta vie ? As-tu quelque chose qui te faire parfois dire, sans ça, jamais j'aurais pu vivre ? Une chose, un événement, ou même une personne. Pour moi c'est une personne. Je ne sais pas si je le souhaite en vérité, souhaiter à quelqu'un de rencontrer une personne qui donne un sens à sa vie. Ça donne un état de dépendance beaucoup trop fort et dangereux. Comme si tu n'étais plus capable de vivre sans cette personne, d'être heureux sans elle. C'est presque comme vivre par procuration. Quand elle est heureuse, tu l'es, mais encore plus qu'elle. Quand elle est triste, tu l'es, mais encore plus qu'elle. Quand elle n'est pas là elle te manque, à un point où tu ne peux penser plus qu'à ça. Tu es obsédé par elle, et par la question de savoir ce que tu ferais sans elle. Serais tu capable de vivre ? C'est là que ça blesse, je dirais que l'idéal est de pouvoir répondre oui. Mais c'est rarement le cas, enfin je crois. Ce n'est pas le mien. Mais encore faut-il savoir ce que signifie vivre sans elle. Est-ce vivre sans vivre avec elle ? Est-ce vivre sans partager son amour ? Est-ce vivre sans qu'elle te connaisse plus qu'un ami ? Qu'un collègue ? Est ce vivre sans qu'elle ne te connaisse ? Tu te demandes peut-être comment moi je le sens, comment moi je le vis ? Peut être que ça t'es égal ? Je n'en sais rien, je ne plus sûr de grand chose dans mon état. Mais je sais que je vais essayer de mettre des mots sur cela, sur mon point de vue et mon ressenti. 

         Tu vois, moi, j'étais capable de vivre sans partager son amour. C'était possible. Ça me suffisait parce que j'avais la chance de la côtoyer assez souvent pour remplir mon cœur et me faire oublier, l'espace de plusieurs instants, ma solitude quand je me retrouvais seul. Sauf que c'est fini, ce n'est plus le cas, je ne suis plus assez fort, je ne supporte plus ça. C'est dur, si tu savais comme c'est dur de voir cette personne qui représente toute ta vie, tout en sachant que jamais ça ne sera plus que de l'amitié. Ça fait si longtemps maintenant. Mais tu sais ce qui est encore pire ? C'est de savoir les deux seules issues qui s'offrent à moi. Laisse moi expliquer. 

         Ou je continue à vivre, à vivre dans cette situation où mon amour est beaucoup trop fort pour qu'il n'explose pas un jour, et ce jour-là il gâchera la seule relation que je peux avoir avec cette personne. Sauf que c'est impensable. Mon cœur n'est jamais autant serré que lorsqu'il imagine le moment où cette personne apprendra, où elle me jettera un regard de surprise, de dégoût peut-être, de déception, d'incertitude quant à comment me rejeter. Et me retrouver sur le bord de la route, seul, et surtout rejeté par cette personne qui m'est si chère. Je ne peux pas imaginer un tel moment, une telle alternative que je ne peux évoquer qu'au futur tellement elle est sûre de se passer si je ne réagis pas avant. La deuxième issue maintenant, il faut que je t'en parle, c'est d'arrêter de vivre, pour ne pas vivre ce moment où je craquerais, où je lui dirais, où je gâcherait tout, où je perdrais tout. J'ai pensé à fuir, à partir loin pour éviter cela. Évidemment que j'ai cherché toutes les solutions possibles et imaginables. Mais c'est là qu'on retrouve cette idée de pouvoir vivre sans cette personne qui donne un sens à ta vie. Et moi, j'ai bien profité de toutes ses années à ses côtés, en amis, mais moi, je ne suis plus capable de vivre sans elle, sans son amour. Je me sens honteux. Mais il faut que je l'accepte, et que tu l'acceptes, c'est une fatalité que j'ai essayé de combattre, tu peux me croire, j'ai tout fait pour réussir à vivre, heureux, à ses côtés. Mais je me détruis. Et je ne peux pas vivre une séparation loin d'elle qui me repousse. Je dis elle depuis tout à l'heure. Je m'essaye à généraliser mon écrit, pour les autres personnes qui pourraient partager mon ressenti. Je suppose que je ne suis pas le seul mais je ne le souhaite à personne en vérité. Dans mon cas, c'est lui. Cette personne c'est lui.





         Je suis ces gens. Ces gens qui ressentent la même chose que toi. J'ai rencontré la personne dont tu parles, celle qui incarne le sens de ma vie, voire ma vie complètement. Je ressens tellement ce sentiment d'impuissance insupportable face à l'amour si profond que je lui porte destiné à rester caché ou à tout gâcher. J'ai pas de solution à apporter, je sais seulement que je ne suis pas encore arrivé à cette envie d'en finir, comme toi. Tu sais pourquoi ? Je vais te le dire moi, parce que ça me paraît essentiel pour que tu puisses faire ton choix. Je me suis imaginé le cas inverse. Je me suis demandé comment je réagirais si cette personne, lui pour moi aussi, mettait un terme à sa vie. Ça mettrait indéniablement un terme à la mienne, comme tu le comprends je pense aisément. Mais là n'est pas le problème. As-tu pensé à l'hypothèse où lui a rencontré la personne qui le fait vibrer ? C'est possible non ? Dans mon cas, je sais de source malheureusement sûre que s'il l'a rencontré, ce n'est pas moi. Alors imagine cette troisième personne disparaître. Comment survivrait-il à cela, alors que nous même ne pourrions pas ? Je ne sais pas, l'idée de me dire que peut être mettre un terme à ma vivre toucherait une autre m'occupe l'esprit, je trouve ça absurde, je sais que je ne compte pas autant pour quelqu'un. J'ai bien conscience que ça ferait souffrir mes proches, mais je crois que si l'idée se concrétise, c'est que le pont de non retour a été atteint ? Que ta souffrance est telle que ton mal-être doit passer avant la tristesse de ton entourage ? Où est l'intérêt de vivre juste pour que tes proches te considèrent vivants, alors que tu es mort à l'intérieur ? Je crois que je comprends cette idée, mais que je ne la partage pas. Enfin, je ne veux pas mettre un terme de cette façon. Je n'en serais pas capable. Et je souhaiterais que tu ne le sois pas non plus. On peut essayer, ensemble, de trouver une solution, tu ne crois pas ?





         Est-ce devenir fou ? Que de s'écrire à soi-même ? Ne pouvant se confier à quelqu'un d'autre ? Ou est-ce que j'écris dans l'espoir inconscient qu'un jour, quand je ne serais plus, quelqu'un lira et me comprendra? Je n'ai pas de trouble dissociatif d'identité, j'essaye juste de réfléchir le mieux possible, de soulever toutes les visions et toutes les possibilités pour ne pas faire d'erreur. La première partie de cet écrit, c'est moi quand je suis le plus pessimiste, quand je veux mettre un terme, et j'ai essayé d'en débattre à l'écrit avec le moi le moins pessimiste que je puisse être. Faire en quelque sorte une balance des pour et contre, écrite et objective le plus possible, pour prendre la décision sur ma vie. Je veux que si mon acte se réalise, il soit purement et logiquement justifié. Et je sens que ça viendra, bientôt. Je prendrai la décision, ce week-end. Pourquoi ce week-end ? Parce qu'on m'a dit qu'il n'était pas au boulot cette semaine. Je vis cette semaine loin de lui. Et je vois ce que ça donne, comment je le vis. Et je décide. Je me le promets. Je noterai mes ressentis, toutes mes pensées, cette semaine, pour ou contre, et je choisirais. 

RECUEIL OS VERRECROCE  - Hors vidéosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant