Chapitre 4 : Retour à la colonie

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Quand la jeune fille rentra chez elle, elle n'essaya même pas de passer par sa fenêtre. De toute façon, elle avait pu voir qu'elle avait été refermée. Elle passa par l'entrée, et ses parents l'entendirent arriver.

Célia eut alors le droit au plus long et désagréable sermon de toute sa vie. Elle était interdite de sortie, et devait rester à travailler sur la table du salon dès qu'elle était à la maison. En attendant, vu l'heure, elle allait juste dîner et retourner dans sa chambre.

Après son repas, qui bien qu'il fut bon, lui parut insipide, alors qu'elle s'apprêtait à monter à l'étage, ses parents l'interpelèrent encore. Toutefois, ils paraissaient plus calmes à présent.

« Célia... Nous sommes désolés de nous être ainsi emportés quand tu es rentrée, s'excusa son père. Mais nous sommes très inquiets pour toi...

– As-tu idée de l'état dans lequel ça nous a mis lorsque ton amie Louise nous a appris que tu étais dehors ? » Ajouta sa mère, l'air soucieux.

La jeune fille ne releva pas la méprise de ses parents quant à sa relation avec Louise. Elle avait les yeux baissés, mais ne laissait en rien refléter le torrent d'émotions qui l'étouffait.

« Après tout, c'est dangereux d'être seule dehors, même si tu as un Pokémon... continua la femme. D'ailleurs, pourquoi ne nous l'as-tu pas présenté ?

– Ce n'est pas mon Pokémon. C'est un Pokémon sauvage avec qui je suis devenue amie... expliqua l'adolescente d'une voix blanche.

– Mais c'est d'autant plus dangereux ! S'exclama l'homme. Mais Célia... Pourquoi ne nous dis-tu jamais rien ? »

La jeune fille releva enfin ses yeux vers ses parents. Pourquoi leur dirait-elle quoi que ce soit ? Louise était une fille bien trop gentille pour qu'elle puisse se moquer de Célia, avaient-ils dit lorsque leur enfant avait essayé de leur parler de ce qu'elle vivait à l'école. Elle ne recherchait que de l'attention, à l'époque où elle avait commencé à faire apparaître des coupures sur ses poignets et ses épaules, avaient-ils assurés. Ils savaient mieux ce qui était bon pour elle, affirmaient-ils, alors qu'ils l'incitaient à travailler toujours plus, lorsqu'ils la comparaient à Linda, lorsqu'ils l'empêchaient de faire les choses qu'elle aimait pour favoriser ses études. Alors qu'était-elle censée leur dire ? Qu'elle fuguait tous les jours mais qu'ils étaient incapables de s'en rendre compte ? Incapables de se rendre compte à quel point elle avait besoin d'aide, et qu'ils ne savaient pas lui tendre la main ?

« Je n'ai juste... rien à dire. » Conclut-elle.

Cette remarque arracha un soupir agacé à son père.

« Célia... tu sais que nous faisons tout cela pour ton bien ? Toutes nos décisions... c'est pour toi que nous les prenons. Tu le sais, n'est-ce pas ? »

La jeune fille baissa de nouveau les yeux. Le cœur lourd, elle avoua dans un murmure :

« Non... Non, je ne le sais pas.

– Oh, Célia... nous avons dû te paraître si injuste. Mais sache-le, nous faisons cela pour ton bien, insista sa mère en lui prenant doucement les mains.

– Tu comprendras quand tu seras plus grande. Tu t'en rendras compte à ce moment-là, ne t'en fais pas. » Ajouta son père en lui caressant la tête pour la réconforter.

Quand elle serait grande ? Quand cela serait-il, "quand elle serait grande" ? Combien de temps cela voulait dire qu'elle devait encore vivre cette vie qui l'étouffait ? Cela faisait quatre ans que cela durait, et cela devrait encore durer au moins tout autant de temps... Elle ne pourrait pas le supporter.

Une Lueur de Liberté [Pokémon Fanfiction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant