🤍Cassandre & Roche 🤍

Chapitre 50

Cassandre avait pu obtenir des informations sur Livio Montana. Le mari de l'amant de notre juge faisait effectivement partie du service de Philippe Cassandre lorsqu'il fut mis à pied. Une triste histoire de trafic, il s'était laissé corrompre et servait de nourrice. Une petite main, rien de très important mais inadmissible lorsque l'on travaille à la police. La commissaire fit part des infos obtenues à son équipe qu'elle avait pris soin de réunir.

- « Bon ben d'accord, le mari de notre amant a trempé – ou trempe toujours d'ailleurs – dans des trafics de stups mais ça ne fait pas beaucoup avancer notre enquête tout ça commissaire... »

L'équipe piétinait et l'enthousiasme commençait à se faire rare. Cassandre haussa les épaules et s'appuya sur le bureau de Jean-Paul. Un silence suivit cette déclaration. Chacun se triturant les méninges pour tenter de parvenir à faire le liens entres tous ces éléments. Roche retourna le tableau et se lança le plus méthodiquement possible dans une tentative de synthèse :

- « Le juge Delafontaine est assassiné au milieu du palais de justice d'un balle en pleine tête. Sur son bureau, on retrouve le dossier Louis Mopart, un dossier vieux de 20 ans. Louis Mopart est lui aussi assassiné. Ensuite, on découvre que le Juge Delafontaine entretient une liaison avec un certain Thierry Lambert qui est lui, marié à Livio Montana, ancien de nos services, mis à pieds parce qu'il trempait dans des affaires louches,... Putain fait chier ! » s'exclama Roche en frappant du point sur le tableau lorsqu'il réalisa que sa synthèse n'aboutissait à rien ; devant les regards interrogatifs de l'équipe, Cassandre y compris.

Roche, après sa poussée de colère, sortit de la salle de réunion. Les autres membres de l'équipe se tournèrent vers Cassandre, le visage interrogatif.

- « Quoi ? » - un silence – « Ah ben non, je ne sais pas ce qui lui arrive mais pour une fois je n'ai rien fait ! » s'exclama-t-elle en adressant un sourire à ses collègues. Elle se décida ensuite à sortir elle aussi de la salle de réunion.

Chacun se remit au travail tandis que la commissaire partit à la recherche du capitaine Roche. Elle le vit fumer sa cigarette sur le ponton extérieur du commissariat. Elle l'observa un instant. Si la cigarette était bien un vice, qu'est-ce qu'elle le trouvait sexy... Elle prit une inspiration et sortit le rejoindre. Elle passa derrière lui et fit glisser sa main dans son dos, il tourna la tête vers elle.

- « Il y a un problème capitaine ? » il tira une nouvelle fois sur sa cigarette et tourna la tête dans le sens inverse afin de ne pas lui envoyer sa fumée, il resta ensuite dans cette position, stratagème idiot pour ne pas croiser son regard...

- « Cette enquête me met hors de moi, on a rien, quedal,... » Florence le connaissait suffisamment pour savoir qu'il y avait autre chose mais elle ne dit rien.

Un silence pesant s'installa : Cassandre réfléchissant à ce qui aurait pu mettre Roche en colère et Roche perdu dans ses pensées, en voulant à Florence de lui avoir menti et désireux de connaître l'identité de la personne qui la harcelait au téléphone. Voyant qu'elle ne parlait plus il se tourna vers elle. Elle avait les coudes posés sur la rambarde de la terrasse, la tête dans ses mains, ses yeux étaient fermés. Il l'observa un instant, elle avait l'air fatiguée, contrariée, cela le mit encore plus en colère, il aurait tellement aimé qu'elle se confie à lui... Il en tira la conclusion qu'elle n'avait finalement pas encore confiance en lui. Elle se redressa et croisa son regard, et comme une enfant elle lui fit une demande qui l'étonna mais à laquelle il ne put résister malgré tout :

- « Tu ne veux pas me prendre dans tes bras ? »

Il s'approcha d'elle et la serra dans ses bras, il frotta son dos et huma la douce odeur de ses cheveux, déposant au passage un baiser sur sa tempe. Ils furent interrompus par Sissy qui frappa à la porte et leur fit signe de rentrer.

- « L'amant du juge Delafontaine est arrivé pour son interrogatoire et madame le procureur est dans votre bureau, elle vous attend »

Cassandre ordonna de placer le concerné en salle d'interrogatoire et de le faire patienter, elle se dirigea ensuite vers son bureau accompagnée de Roche. Evelyne les scruta un instant et s'exclama :

- « Vous en faites une tête tous les deux ? » voyant qu'elle n'obtiendrait aucune réponse sur le sujet elle passa directement au professionnel. « Je n'ai pas de bonnes nouvelles, je suis là parce que le préfet s'impatiente, il dit que vous pédalez dans la semoule... et je pense qu'il n'a pas tort » Cassandre haussa les épaules en soupirant, elle allait répondre mais Roche prit les devants

- « On ne pédale pas dans la semoule, on a le nom de l'amant et du mari de l'amant. On sait également que le mari en question trempe dans de sales dossiers, on avance »

- « Oui et puis l'amant du juge Delafontaine nous attend en sale d'interrogatoire. Donc le préfet va prendre une petite pilule et se calmer parce que je ne vais pas bâcler l'enquête pour lui faire plaisir » ajouta Cassandre

- « Commissaire enfin ! » la réprimanda Evelyne, avant d'ajouter « bon, faites ce que vous avez à faire mais faites vite ! »

Les deux enquêteurs se dirigèrent vers salle d'interrogatoire. Ils interrogèrent Thierry Lambert durant deux longues heures. Ils se réunirent ensuite avec les autres policiers dans la salle commune afin de discuter des informations qu'ils avaient pu obtenir. C'est Cassandre qui fit le résumé.

- « Donc si on reprend tout depuis le début, Thierry Lambert est l'amant du juge Delafontaine depuis plus de dix ans. Si on en croit ses dires tout se passait très bien entre eux. » Roche l'interrompit et précisa :

- « Oui ce qui n'était pas le cas de sa relation avec son mari. Ils sont mariés mais c'est un couple qui ne se parle plus, il dit qu'il n'est même pas au courant des agissements de son mari. »

- « Ca je n'y crois pas trop personnellement, je pense qu'il le protège. En revanche, je pense qu'il se trompe quand il nous dit que son mari n'était pas au courant de sa liaison et que même s'il l'était, il s'en serait foutu. »

- « Dites donc, ça commence à devenir un sérieux candidat le Livio Montana... Parce qu'il ne faut pas oublier le tir de précision qui a tué Delafontaine et venant d'un ancien flic, c'est possible. »

Cassandre conclut qu'ils avaient quand même bien avancé, quoi qu'en pense le préfet et qu'il était temps pour chacun de bénéficier d'un peu de repos. Elle fut happée par Sissy qui tenait à discuter avec elle de son futur mariage tandis que Roche se dirigea vers le bureau de sa supérieure pour y déposer le P.V d'audition de Thierry Lambert.

Il s'approcha du bureau et vit le téléphone posé négligemment au-dessus d'une pile de dossiers. Il ne réfléchit pas, déverrouilla le téléphone et consulta le relevé d'appels. Si Cassandre était en danger, il devait le savoir.

Quelle ne fut pas sa surprise quand il vit des dizaines d'appels d'un contact nommé « maman ». Il fut d'abord soulagé de savoir que Florence n'était pas en danger mais l'incompréhension prit ensuite le dessus. Pourquoi Cassandre ne lui en avait-elle pas parlé ? Il l'entendit arriver et redéposa rapidement le téléphone. Cassandre entra dans son bureau et lui adressa un sourire.

- « On y va ? » pour toute réponse, il hocha la tête silencieusement.