avant de commencer tout cela, j'aimerais me présenter. si je commence à expliquer toute ma vie sans que vous ne sachiez qui je suis, c'est un peu ennuyant. je m'appelle Érika Montgomery et j'ai dix-sept ans. malgré mon prénom féminin, je suis genderfluid, malgré que presque personne n'est au courant, donc la plupart du temps, mes pronoms ne sont que elle ou iel par mes amis. pour être honnête, j'étais très masculine auparavant avant de le rencontrer lui. mais ne commençons pas à parler de lui tout de suite. sa place est un peu plus loin dans cette histoire. j'aime également l'art et la lecture, mais avec ce qui se passe dans ma tête, pour être honnête, j'ai perdu la motivation. j'ai deux parents puis une sœur aînée, Patricia. je l'aime à en mourir, mais je ne la vois plus beaucoup depuis qu'elle a déménagé. j'ai aussi deux chiens adorés et une petite maison en campagne. c'était mon petit monde à moi jusqu'à ce que cette petite vie à moi change pour toujours.
à quand mes dix-sept ans m'ont paru une éternité dans ce tourbillon de solitude.
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tout allait bien entre mes parents. je dis bien car ce n'était pas le couple le plus amoureux et stable, mais ma mère faisait des efforts avec mon père narcissique très absent. tout ce qu'il l'intéressait, c'était l'argent et travailler le bois. il n'était pas spécialement ébéniste, où ce qu'il travaillait, il faisait des cercueils. il a eu la chance de bâtir le cercueil du mari de Céline Dion et que son œuvre soit projetée sur des milliards d'écrans. c'était sa fierté, et la mienne aussi d'ailleurs. on en parlait à plein de gens qu'on croisait. ma mère nous trouvait ridicule, mais j'étais fière de lui. et j'aurais aimé qu'il le soit envers moi également.
quand qu'il n'était pas là, j'étais avec ma maman. ce n'était pas toujours évident avec elle. j'avais au fil des années copié le comportement de mon père, ce qui ne lui rendait pas la tâche facile. je voulais juste me sentir aimée et reconnue de mes géniteurs. mais plus que je cherchais cette reconnaissance, plus que je m'enfonçais dans cette solitude. cela ne fonctionnait pas comme prévu, alors je m'enfermais dans ma chambre à faire des conneries, à m'emmerder, à passer des heures à contempler les vies des inconnus sur internet. j'avais décidé de me faire un compte tiktok et de poster les maquillages que j'effectuais sur mon visage comme un canvas. les peu de likes et de commentaires me remontaient le moral, malgré que j'y passais beaucoup de mon temps et le peu d'économies que j'avais, tout allait bien. ma mère ne comprenait pas cette passion d'étaler des couleurs sur mon visage, mais elle comprit que c'était ça qui m'occupait dans cette solitude. c'était ça qui me faisait sourire, m'afficher sur un écran et me filmer en train de me maquiller pendant des heures. puis aller en cours, traîner avec mes deux meilleurs amis, puis faire la même chose. encore et encore.
puis vient l'été. je n'avais pas vraiment d'amis. quelques connaissances et mes deux meilleurs amis, mais l'isolation m'avait enlevé à beaucoup de gens. je voyais un peu ma soeur et son copain, on passait les soirées à se faire un bon petit repas devant un show netflix et à l'occasion nous allions sortir ou jouer de la musique tous les trois. elle a aussi des animaux; des furets, des chats et un chien dont j'aime à mourir. passer du temps avec eux avait rallumé la petite lumière d'espoir en moi. elle m'apportait aussi à un festival de musique, j'avais passé mes meilleurs moments là. ça m'attristait de découvrir que ces temps allaient être qu'un souvenir lorsqu'elle prit la décision de quitter son copain. il était gentil, mais pas assez pour son bonheur.
puis les cours fut de retour. c'était la dernière année, ce qui signifiait liberté et le temps d'être autonome, autrement dit, la pointe de l'iceberg en tant qu'adulte. ces dix mois passèrent plus vite que je le croyais. je n'étais pas dans les mêmes classes que mes meilleurs amis, mais j'avais eu la chance de me rapprocher de mes connaissances – au grand désarroi de mes fidèles amis. entre mes parents, c'était nul. je n'avais personne sur qui m'appuyer le soir, les entendant toujours se disputer. ma soeur avait recommencé les cours également et elle s'était isolé de nous, plongée dans la tristesse. j'aurais aimé qu'elle voit à quel point j'avais besoin d'elle. alors je passais tout mon temps avec mes nouveaux amis. on faisait des fêtes, on se voyait presque tout le temps. j'avais également un job, le vendredi, samedi et dimanche soir. je me faisais environ cent dollars, ce qui me permettait d'agrandir mes petites économies. j'avais enfin des amis qui me montrait ce que ça faisait de sortir et de bien se sentir, sans se préoccuper de rien. c'était de ça dont j'avais besoin, d'avoir la tête libre et légère. et quand je rentrais à la maison pour faire mes devoirs de chimie et de maths, je n'avais plus la motivation. alors c'était devenu un cercle vicieux, il fallait que je me bote le cul bien fort pour continuer à avoir de bonnes notes. j'allais également en théâtre et musique, ce m'aidait chaque soir à me divertir de ma réalité.
puis mes meilleurs amis et moi eut une mauvaise passe. je les avais mit de côté, je l'admets. j'essayais de suivre dans mon cercle vicieux. je rentrais chez moi le soir et le jour je n'étais plus moi-même, je me cachais réellement. je les avais perdus, mes meilleurs amis. je n'avais plus rien à leur donner. alors je restais avec mes amis, essayant de m'évader. plusieurs semaines sans eux me semblaient une éternité, mais ma tête me disait que c'était pour le mieux.
j'étais réellement seule, perdue dans ce tourbillon. j'essayais de respirer, de me sortir de tout ça. qui pourrait m'aider de toute façon? je me noyais dans mon propre chagrin. c'était horrible de l'admettre, mais ce monde n'était plus fait pour moi.
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who i am.
Short Story❝ parfois, il faut seulement respirer profondément et voir le monde extérieur. ❞