2. la rupture

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j'avais mon dernier amour à mes côtés, ce qui me rassurait un peu. elle était très loin de moi, mais je lui faisais confiance. toutes les personnes en couple autour de moi semblaient avoir des difficultés amoureuses. mon papi voulait se débarrasser de ma mamie qui se battait contre son Alzheimer depuis quelques années déjà. si la maladie pouvait les séparer, comment est-ce que tout le monde réussissait à être en couple au bout d'un obstacle? c'est ce que je vis lorsque – l'amour de ma vie, de cette époque – prit la décision de m'annoncer qu'elle m'avait trompé. sur le coup, je ne l'ai pas crue. on se faisait trop confiance pour qu'elle ne réussisse à me dégrader ainsi. elle m'a expliqué que c'était à une fête, j'étais déjà un peu sceptique de la laisser sortir seule avec ses amis louches, mais bon. elle m'a expliqué ce qui était arrivé, et pour être honnête, j'ai figé. alors c'était ça, le sentiment d'avoir le coeur qui se réduit en miettes. j'avais déjà vécu deux ruptures auparavant, mais le sentiment de trahison ne m'avait jamais autant fait culpabiliser. peut-être au fond, c'était mieux comme ça. je méritais le respect et le vrai amour. même si parfois je lui parle encore, je ne lui fais plus confiance.

personne dans ma famille n'était au courant, sauf mes meilleurs amis. c'était un peu avant que je ne les perds. c'était probablement dans les raisons du pourquoi et du comment que je me suis éloignée, mais pour être honnête, j'ai un peu tout oublié. je me souvenais juste de la douleur et de la solitude. c'est à la fête d'un de mes amis que j'ai tout expliqué. j'avais besoin qu'on m'aide. j'avais peur de leur réaction, qu'on me traite de lâche et de folle, mais au final, ils m'ont accueillis à bras ouverts. et c'est à ce moment que j'étais réellement inclue – coeur à coeur – dans cette amitié.

ma mère méritait également quelqu'un de mieux que mon père. elle se disputait beaucoup avec lui et il lui volait beaucoup de son énergie vitale. malgré tout, elle restait forte pour moi. pour moi, qui au final, tombait miettes par miettes. j'avais mon groupe d'amis, l'école pour me divertir, mais il me manquait quelque chose. un trou comblait l'intérieur de mon abdomen. j'avais mal, mais malgré que je m'efforçais de guérir, je n'y arrivais pas. j'étais prise dans un trou noir. je suffoquais.

quelques mois passaient. ma seule façon de me sauver était la musique, mes amis et la spiritualité. je faisais beaucoup de méditation, je lisais de livre de magie blanche et d'astrologie et je collectionnais les cristaux. j'avais commencé à faire des sorts de protection et de bannissements. pour être honnête, j'avais juste besoin de quelque chose pour me consoler dans tout ça.

puis c'était le jour J. la fameuse graduation, mes derniers moments passés à l'école. comme je l'avais mentionné, ces derniers dix mois avaient passés en un temps record. jamais je n'avais vu une année scolaire être complétée aussi rapidement. bien sûr, j'étais prise dans un cercle vicieux qui malgré tout m'avait fait perdre la notion du temps réel.
mes parents se disputait lorsque j'enfilais ma petite robe fleurie et que je me maquillais pour la journée de graduation. j'entendais peu puisque j'essayais de me concentrer sur ma tâche: m'embellir. qu'est-ce que mon futur moi dirait s'il voyait mes immenses cernes de la mort sur mes photos souvenirs?

bref, je n'y prêtais pas trop attention. jusqu'à ce que les cris de colère deviennent des hurlements. en général, mon père n'était quelqu'un de très peu agressif. il savait dire des menaces à des inconnus effrayants, mais il levait très peu le ton sur nous. son truc, c'était manipuler mentalement et sucer le peu d'énergie de nos enveloppes charnelles. mais ce jour-là, ma mère l'avait mit très en colère. elle lui a dit: « c'est fini entre nous. je romps, j'en ai marre. » je savais que les jours auparavant étaient éprouvants entre eux, mais jamais je n'avais cru que ce jour arriverait à ma graduation. c'est entre cette réalisation et les cris de mes parents que je compris tout, après ma graduation, tout allait changer. pour le mieux, pour le pire? je ne savais rien de tout ça, c'était effrayant. mais ce qui faisait trembler mes os, c'était la frustration de mes parents. surtout la colère de mon père lorsqu'il réalisait également les mots sortis de la bouche de ma mère.

« tu ne peux pas faire ça! et notre fille? et la maison? » il semblait désespéré. il vit le visage éteint de ma mère. elle en avait tant traversé seule, avec moi qui vivait tout autant énormément de douleurs. contrairement à moi, il n'avait pas figé. il prit la première chose qu'il avait sous la main, une paire de chaussures, qu'il lançait sur le mur derrière lui. une chaussure heurta l'horloge en bois préférée de ma mère. l'objet tomba lourdement dans les escaliers, ce qui nous faisait tous sursauter. je cachais mes cris de peur, la main sur la bouche. ma mère, tout autant effrayée, venait ma retrouvée cachée dans la salle de bain. elle me serrait très fort dans mes bras, toutes les deux en sanglots. d'une force inhumaine, j'allais dans le couloir pour lui hurler de partir. je rejoignis ma mère et toutes les deux pleurons pendant un moment qui semblait une éternité. en hurlant de désespoir, il faisait tout tomber du plan de la cuisine. mon corps se figeait et privée de ma force, je tombais sur le sol de la salle de bain, me servant de refuge. je tremblais énormément, ma respiration était coupée. il continuait de nous insulter et d'extérioriser sa rage interne. je souffrais sous l'emprise de cette crise d'anxiété. ma mère tentait de me faire respirer correctement, ma tête contre sa poitrine, mais au fond, il m'avait réellement volé toutes mes forces. cette journée s'avérait de plus en plus pénible. il ne réalisait plus tout le mal qu'il nous infligeait.

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