j'avais un peu vomi. c'était bien moins romantique que cette soirée, ayant un peu trop bu. je me souviens de peu de choses, mais je me souviens des garçons qui glissaient d'une montagne entre les arbres, quasi nus malgré la température un peu glacée pour une soirée d'été. nous dormions en groupe dans des tentes de camping. une de mes amies avaient beaucoup trop bu et elle avait gerbé dans la sienne, c'était assez drôle mais un peu moins quand qu'elle – et une autre de mes amies dont ses affaires étaient couvertes de vomis – ont pleuré pendant une partie de la nuit. je me suis bien endormie malgré l'humidité de la nuit. le lendemain matin, assez tôt, nous avons tout remballé avec difficulté. beaucoup d'entre nous étaient malades, mais ce n'avait pas empêché à nous tous, comme prévu, de vivre un moment mémorable.
ma mère avait prévu de faire du bateau avec mon oncle et mes cousins. on passait sur une longue rivière calme et un embranchement plutôt cascadeur et venteux du fleuve Saint-Laurent. pale comme un fantôme, malgré les deux millions de couches de crème solaire, j'ai brûlé sous le soleil comme un homard. je m'agrippais très fort après ma veste de sauvetage dans les petites vagues du fleuve. j'étais encore très fatiguée et malade de la nuit courte que j'avais passé. mais j'étais heureuse de voir ma mère s'amuser avec son frère et mes cousins. ça m'avait un peu redonné le sourire et la bonne humeur. le coup de soleil pouvait aller se faire voir, ce n'était pas lui qui allait tout gâcher.
puis ils eurent la bonne idée de sortir le genre de matelas gonflable à mettre derrière le bateau. j'étais un peu étourdie sur les vagues et le soleil tapant, le reste d'alcool dans mon système et mon sommeil inexistant. mes cousins m'ont poussé à grimper sur le matelas avec ma mère et la copine d'un de ceux-ci. la vitesse grimpante du bateau sport et d'une vague, ma faiblesse prit le dessus. je tombais en bas. je n'avais nul part où m'agripper, surprise et paniquée, je me noyais sous l'eau. lorsque ma mère me reprit hors du lac pour m'allonger sur un banc du bateau, je pleurais à chaudes larmes. mes ongles me faisaient souffrir sous le traumatisme de l'eau qui avait brutalement arrachés mes faux ongles. un peu d'eau s'échappait de mes poumons en toussant un bon coup. sous l'orgueil, je restais là, épuisée et allongée.
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de retour à la maison, les choses n'étaient plus les mêmes. mes parents se donnaient le traitement de silence. parfois mon père s'amusait à insulter ma mère. j'étais la messagère, mais au final, je ne devais être qu'un enfant et non l'adulte de la situation. c'était une vraie torture à vivre dans un endroit pareil. mon père tentait de se faire pardonner, je voyais qu'il était devenu malheureux. il essayait de jouer dans la tête de ma mère pour la retrouver, mais il était déjà trop tard. le mal était déjà fait.
je faisais quelques fois des choses avec mon père, histoire de lui remonter le moral. je le détestais amplement, mais je ne voulais qu'un peu de sa reconnaissance et de son amour paternel. ma mère le détestait encore plus et éprouvait beaucoup de haine du fait que je tentais d'avoir une relation avec lui. donc je me suis éloignée de lui, voyant que tout ça n'était que des efforts en vain. j'ai fait quelque choses avec ma mère pour nous changer les idées. nous avons visité certains endroits, allé à quelques restaurants. je me suis aussi isolé, souffrante. j'ai vécu à plusieurs endroits, me cachant, chez ma soeur, quelques amies, deux de mes tantes. c'était un cauchemar de revoir ces murs roses et blancs dans ma chambre.
l'été était long et épuisant. tous ces sorts de protection et énergisants ne faisaient plus d'effets sur ma santé mentale. je me laissais couvrir par ma solitude et mon mal. c'était la même routine, travail la fin de semaine et la solitude la semaine. deux mois à attendre éperdument d'avoir une solution, mais rien. que moi, en train de me laisser mourir à petit feu. j'avais fait une promesse de rester forte, mais la faucheuse – à chaque nuits – se reprochait lentement, mais sûrement, de mon lit. mes amis avaient des préoccupations et tous se focalisaient sur leurs rêves. je n'en n'avais qu'un: survivre. j'avais essayé de me focaliser à mon tour sur quelque chose qui réussirait à me redonner goût à la vie. j'ai tenté d'écrire, mais tout ce qui en ressortait était bourré de tristesse. ensuite je me suis remit à chanter et jouer du ukulélé, j'ai tenté la guitare, mais ce n'était pas du tout la même. j'ai continué à faire un peu de maquillage, j'ai fait quelques tiktoks. mais rien n'était pareil à auparavant.
puis l'été prit enfin fin. c'était rare que je l'avouais, mais pour une fois, j'avais hâte que ces deux mois aboutissaient. mes amis allaient tous dans des écoles différentes de moi. je me retrouvais seule à nouveau, dans l'inconnu. avec deux parents absents et une sœur à nouveau éloignée dans son petit monde. je devais faire mes premiers pas comme une grande personne. ma solitude m'avait développé une plus grande anxiété sociale et peur des gens. j'étais déjà très introvertie et craintive de la société, que ces longs deux mois enfermés sans vrai sentiment d'appartenance et de chez-soi m'ont empiré à ce niveau. j'allais enfin réaliser mon rêve plus de six ans, être esthéticienne.
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le premier jour à ma nouvelle école d'études supérieures était un peu éprouvant. j'étais gênée de rencontrer toutes mes camarades de classe ainsi que mes deux nouvelles professeures. tout le monde avait l'air sympathique. certaines se connaissaient déjà, mais je n'étais familière à personne. c'était quelques jours plus tard qu'une fille de ma classe me reconnut. elle était la fille d'une des cousines de mon père. pour être honnête, j'ai très peu rencontré sa famille, donc c'était évident que je ne le saurais pas par moi-même. puisque nous n'étions pas encore très amies, tout le groupe décida d'apprendre à nous connaître et passer les repas ensemble à la même table, contrairement aux autres groupes présents à l'école. cela faisait un peu étrange d'être accompagnée de personnes partageant plus ou moins les mêmes passions. c'était même gratifiant d'être déjà reconnues pour nos points forts, moi étant ma minutie, ma patience, ma douceur et mon amour pour le maquillage. cela faisait beaucoup de bien d'être appréciée.
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who i am.
Short Story❝ parfois, il faut seulement respirer profondément et voir le monde extérieur. ❞